En République centrafricaine, le palais présidentiel est tombé. Depuis le 10 décembre, la rébellion de la Séléka ne rencontrait plus aucune résistance de la part de l’armée centrafricaine. Après avoir occupé les villes du nord, les rebelles ont continué leur avancée en direction de la capitale, jusqu’à la prise finalement de Bangui le dimanche 24 mars.
Une chose est sûre, les rebelles ne voulaient autre chose que le pouvoir, malgré leur accord des négociations menées jusqu’ici par le président congolais Dénis Sassou N’Guesso. Et ils en avaient déjà le pouvoir. Car, au-delà du nombre, la rébellion bénéficie d’une logistique et de moyens conséquents qui dépassent celle de l’armée régulière. Leur volonté de s’emparer du pouvoir transparaissait déjà à travers leurs revendications, à réaliser absolument. Quelles sont ces revendications ?
Entre autres, les rebelles revendiquaient le retrait sans délai des troupes sud-africaines du territoire centrafricain. En plus, les hommes de la Séléka exigeaient au pouvoir du président Bozizé la libération de tous les prisonniers politiques, y compris ceux antérieurs à la crise actuelle. L'indemnisation des éléments qui avaient aidé le président Bozizé à prendre le pouvoir en 2003 et qui se trouvent en ce moment dans les rangs de la Séléka. La confirmation par décret présidentiel des grades qu'ils se sont donnés sur le terrain. Le recrutement de 2.000 d'entre eux dans l'armée nationale, qui se chargeraient selon eux, d'assurer la protection des populations sur l'ensemble du territoire centrafricain.
Pour l’instant, le président déchu François Bozizé serait en fuite dans une pays voisin, vraisemblablement la RD Congo, même si les autorités de Kinshasa réfutent cette thèse. Les dernières informations le donnent pour fugitif. Toujours est-il qu’il semble être celui-là même qui a donné l’exemple des armes aux rebelles avec qui il avait d’ailleurs collaboré pour faire chuter Ange Félix Patassé en 2003. Toutefois, la question est de savoir pourquoi cette collaboration a finalement tourné au vinaigre et pourquoi les rebelles en veulent à son scalpe. Les enjeux sont grands. Si la raison évidente semble être la mauvaise gouvernance dont s’est rendu coupable François Bozizé : non-respect de ses engagements, manque de démocratie… D’autres au contraire laisse croire à une revanche du fils Massi Eric. Eric Neris-Massi a en effet perdu son beau-père, le médecin-militaire Charles Massi, ancien député et ministre, finalement dur opposant au régime de Bozizé et considéré à l’époque comme parrain de la rébellion; il est mort en janvier 2010, probablement sous la torture, quelques semaines après avoir été arrêté à la frontière avec le Tchad et livré aux autorités centrafricaines. Et, dans la foulée, sa mère, Denise Neris-Massi, seconde épouse de l’homme politique, est morte de chagrin, trois mois après la perte de son mari, laissant son fils doublement orphelin. Mais aussi on évoque le soutien du Tchad. C’est à croire que c’est Déby qui soutient cette rébellion. Pour quelle fin ?
Le Tchad, qui est entré dans le club des pays pétroliers depuis douze ans, veut de plus en plus peser sur la scène sous-régionale et africaine. N'Djamena est impliqué dans la crise centrafricaine pour protéger son pétrole. Certains de ses bassins pétroliers sont voisins à la RCA et toute instabilité dans la région menacerait dangereusement les intérêts du président Idriss Deby Itno.
Comme qui dirait, l’argent est le nerf de la guerre. Exit Bozizé, les rancunes ne sont pour autant pas dissipées entre Déby et Eric Massi qui accuse le premier d’avoir livré son père au régime de Bozizé tout compte fait, on a fait que remettre ça .