Dans le cadre de la lutte contre le grand banditisme dans la région de l’Est, une équipe de journalistes s’est rendue sur le théâtre des opérations, respectivement dans les villages de Natiabouani et de Tasséri, le mardi 19 mars 2013. Il s’est agi pour ces journalistes de prendre le pouls des interventions des forces de défense et de sécurité dans ces zones dites criminogènes.
Dans l’après-midi du mardi 19 mars 2013, il est 14h30. Des journalistes embarquent à bord de deux véhicules au Poste de commandement opérationnel (PCO), basé à la brigade de gendarmerie de Fada N’Gourma. Sous une bonne escorte, forte d’une dizaine d’agents des forces de sécurité, le convoi s’ébranle en direction de Matiacoali.
Après près de 80 kilomètres de trajet, la caravane abandonne le bitume pour emprunter une piste à droite, longée de part et d’autre, par la forêt. Quelques temps après, soit une quinzaine de kilomètres, le convoi marque un arrêt. Des agents de sécurité, tous vêtus de gilets pare-balles, camouflés entre les arbres, sortent de leur cachette. Nous sommes à Natiabouani. Un village où l’assistant de police principal de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS), Seydou Ouattara et ses éléments ont établi leur base, depuis le lundi 18 mars. « Notre mission consiste à interpeller des personnes suspectes dans la zone. Nous contrôlons leur identité et nous vérifions l’intérieur des véhicules pour nous assurer s’il n’y a pas d’armes cachées », explique-t-il. Avez-vous pu mettre la main sur des suspects ? « Je ne peux pas répondre à cette question pour le moment », nous rétorque -t-il.
La prochaine destination de la caravane est Tiasséri, un village situé à 66 kilomètres de Fada N’Gourma. Là, c’est l’adjudant-chef, Dramane Boro, commandant de la brigade territoriale de la gendarmerie de Matiacoali et une dizaine d’éléments qui sont dispersés dans la forêt, traversée par une piste nouvellement aménagée avec des pierres latéritiques. Leur mission est aussi similaire à celle du groupe de l’assistant, Seydou Ouattara. « Nous sommes là dans l’attente des bandits de grands chemins qui à la veille du marché à bétail de Tanwalbougou, attaquent les marchands qui vont vendre leurs animaux tous les mercredis. Quelle que soit l’heure, nous sommes là et nous les attendons.
L’appui de l’armée de l’air
Elle est vraiment dangereuse, cette forêt », dit-il. Dramane Boro étaye que le mode opératoire des bandits consiste à mettre l’un d’eux en position avancée et intercepter l’usager. « Le temps que celui-ci ne s’en rende compte, les autres bandits cachés dans les buissons bondissent sur lui. Lorsque les usagers sont nombreux, il y a deux bandits qui s’approchent d’eux, les immobilisent et procèdent aux fouilles. Pendant ce temps, les autres délinquants assurent la sécurité », détaille-t-il.
Pour cette opération de ratissage, l’adjudant-chef, Dramane Boro, salue la collaboration de la population et surtout, l’appui de la base aérienne qui dit-il, joue un grand rôle. « Hier (Ndlr : lundi 18 mars), nous avons reçu un coup de fil qu’il y a un braquage qui s’opérait dans ma circonscription à 46 kilomètres d’ici. J’étais en communication avec le pilote. Je lui ai donné les coordonnés et il est allé survoler la zone. Il a pu cibler les délinquants et il les a filmés. Du véhicule, on les voyait. Lorsqu’ils ont fini d’opérer, ils ont changé leur habillement et ils sont rentrés dans un gros village et on les a perdus de vue », raconte-t-il. Qu’à cela ne tienne, Dramane Boro et ses éléments sont pour le moment, à deux interpellations depuis le début de l’opération.
Pour Rémi Kaboré, conseiller technique au Ministère en charge de la sécurité, cette opération qu’il qualifie de grande envergure, a débuté le dimanche 17 mars dernier à minuit dans la région de l’Est. Il justifie le choix de cette région par le fait qu’à la date du 25 février 2013, sur 57 attaques à main armée perpétrées, 29 proviennent de l’Est, soit un taux de 57,8%. « Pour ce faire, nous avons avec nous, la gendarmerie et la police de la région de l’Est. Ils sont appuyés par l’armée, à travers le 34e régiment inter-armés et l’armée de l’air », précise-t-il. L’opération se poursuit.