La mort de six casques bleus au Mali est un vrai drame pour l’armée burkinabè. C’est la première fois que le contingent essuie un aussi un lourd bilan. Et comme les choses ne font qu’empirer en termes de récurrence des attentats et de nombre de victimes, la question est de savoir s’il faut continuer à s’offrir en chair à canon. On a en effet l’impression d’une impuissance totale de la mission des Nations Unies à se protéger des attaques des groupes ennemis. Il faut arrêter le massacre à travers des mesures vigoureuses. Nos soldats ne peuvent pas continuer à mourir « « bêtement » au Mali tout simplement pour deux raisons essentielles : premièrement, le mandat de la MINUSMA ne permet pas de lancer des assauts contre les djihadistes et les groupes armés ; deuxièmement, les équipements de nos soldats ne sont pas capables de les protéger de certaines attaques. Dans un premier temps, il est donc urgent de muscler le mandat de la force onusienne. Comme en RDC, ils ne doivent plus être de simples spectateurs, assistants pieds et poings liés à leur propre mort. Ces troupes doivent avoir l’autorisation de traquer l’ennemi partout où il se trouve et de l’anéantir. A la guerre comme à la guerre. Avec les djihadistes, il faut tuer ou se faire tuer. Or le mandat de la MINUSMA ne permet pas d’actions offensives à même de neutraliser tout groupe ennemi. C’est une lacune grave qu’il faudra corriger et le plus tôt serait le mieux. La seconde urgence pour les casques bleus, notamment burkinabè, c’est de se doter d’un matériel de pointe. Avec les patrouilles qu’ils sont amenés à faire, les soldats de la paix sont très exposés avec du matériel vétuste ou traditionnel comme les simples pickups. Sur un théâtre d’opérations aussi dangereux que le Nord Mali, il faut des hommes aguerris et des équipements performants. Ici, plus qu’ailleurs, se pose la nécessité de disposer de véhicules blindés et même d’hélicoptères pour sécuriser au mieux les troupes. Les conséquences des attentats meurtriers sont désastreuses. Il y a des pertes en vies humaines, mais aussi la possibilité du retournement des populations locales en faveur des djihadistes, par peur ou par conviction. Il faut à tout prix éviter que par leurs coups portés à l’ONU, les djihadistes ne soient perçus par les populations comme invincibles, ce qui peut inciter au découragement des bonnes volontés. Ceci dit, les moyens ne manquent pas aux Burkinabè pour se prémunir des assauts djihadistes. Le Régiment de sécurité présidentielle dispose suffisamment d’équipements et une partie de ceux-ci peut être affectée au Mali. Il ne sert à rien de les exposer et de les montrer juste pour les défilés. Du reste, les responsables de ce corps ont justifié son maintien, par les missions qu’il pourrait mener dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. L’occasion leur est offerte de montrer leur bonne foi. La contribution de tous est nécessaire pour éviter de nouvelles pertes en vies humaines au sein du contingent burkinabè. Le Burkina vient d’enregistrer son plus grand nombre de victimes au cours d’un attentat et cela devient inquiétant. Naturellement, ces revers ne doivent en aucun cas amener le pays à revoir sa présence au Mali aux côtés des autres armées. Nous ne devons nullement transiger sur notre participation au combat contre les intégristes car il s’agit aussi de notre sécurité. Comme le disait à juste raison l’ex-président Compaoré, le Burkina ne peut espérer vivre en paix alors que le Mali est sous l’emprise de criminels terroristes. Mais il y a des précautions à prendre dans notre engagement, pour que le Nord Mali ne se transforme pas en nécropole pour nos braves soldats. Si rien n’est fait, le décompte macabre risque malheureusement de continuer
La rédaction