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Une lettre pour Laye : KDO ne voudrait pas porter la croix du CDP
Publié le vendredi 3 juillet 2015  |  L`Observateur Paalga




Cher Wambi,

Cher Wambi, dans ma dernière lettre, je te parlais de la pluie diluvienne qui s’était abattue le mercredi 24 juin 2015 sur toute la partie nord du Burkina, provoquant ici et là des dégâts matériels plus ou moins importants et causant trois pertes de vie humaine, trois enfants. Et puis, paf ! plus rien, en tout cas jusqu’à hier à Ouagadougou où les habitants scrutaient désespérément le ciel à la recherche du moindre signe annonciateur d’averse. Dans la semaine du jeudi 25 juin au mercredi 1er juillet, du relevé pluviométrique hebdomadaire que j’ai reçu du Service d’exploitation de la météorologie de l’ASECNA il ressort que Ouagadougou-aéroport n’a enregistré que 6,4 millimètres d’eau contre 4,2 dans la station de Dori, 42,9 à Ouahigouya, 25,4 à Dédougou, 0 à Fada, 0,5 à Bobo-Dioulasso, 31 à Boromo, 30,8 à Pô, 0,3 à Gaoua et 26, 8 à Bogandé. Comme tu le vois, la répartition spatiale est encore assez erratique et dans bien des localités, on se demande toujours quand est-ce que la saison va enfin se décider à s’installer.



Cela dit, cher Wambi, à côté de ces informations météo pas très rassurantes, l’actualité politique nationale, je devrais plutôt dire militaire, aura aussi été source de légitimes inquiétudes au cours de la semaine qui s’achève. Tout est parti d’une rumeur selon laquelle des éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) voulaient arrêter le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, qui rentrait de Taiwan le dimanche 28 juin, obligeant celui-ci à passer par la base aérienne pour échapper au piège qu’on lui aurait tendu. Résultat : le chef de corps du RSP, le lieutenant-colonel Joseph Céleste Coulibaly, et deux autres officiers ont été entendus par la Gendarmerie le lundi 29 ; ses éléments remontés ont manifesté leur mouvement d’humeur dans la soirée avant que les deux camps antagoniques de cette entité d’élite « se rentrent dedans » comme on dirait à Laye et que des « prisonniers de guerre » soient faits. A ce qu’on dit, parmi ces derniers, des soldats menaient un train de vie à donner le vertige. Et dans les téléphones portables récupérés, on aurait découvert des SMS compromettants.

Cher cousin, il y a quelque part de l’irresponsabilité dans cette nouvelle poussée de fièvre, car non seulement il est apparu très vite que l’affaire a été montée de toutes pièces par les officines proches du PM pour régler de vieux comptes entre lui et ses camarades, mais en plus ces bisbilles interviennent à un moment où toutes nos forces de défense et de sécurité doivent être soudées puisque la menace djihadiste du Nord-Mali, qui s’est portée à la frontière ivoiro-malienne, frappe à notre porte. Comment des soldats responsables peuvent-ils donc, cher Wambi, se ruiner en querelles byzantines actuellement alors que tout le monde, autorités, hommes de tenue, populations doivent redoubler de vigilance pour empêcher les illuminés de prendre pied dans notre cher Faso ?

Je pense aussi, cher cousin, que les bidasses du RSP, qui se savent attendus par tous ceux qui rêvent de les dépiécer, doivent être suffisamment malins pour ne pas tomber dans le piège de la provocation. Je me suis du reste laissé dire que s’il y a bien quelqu’un qui ne veut pas de vagues en ce moment dans ses rangs, ce doit être le patron du RSP puisqu’il doit aller en principe à l’école de guerre en août prochain.

J’apprends également, cher cousin, qu’avant l’audition de Céleste et Cie, la maréchaussée allait interpeller le général Gilbert Diendéré puis s’est ravisée. Cher Wambi, il faut que cette soldatesque nous foute la paix. Beaucoup avaient pensé, après l’insurrection d’octobre 2014 et l’exil de Blaise Compaoré, qu’en associant les militaires à la Transition, ils en seraient les garants et les gardiens de la paix, mais voilà qu’ils se révèlent des fauteurs de troubles à cause d’indécentes querelles de clocher. Y en a marre à la fin. De là à ce que certains, au RSP, remettent au goût du jour la vieille revendication de la démission de l’aile militaire de la Transition, particulièrement celle du chef du gouvernement et de son ministre de l’Administration territoriale, Dénise-Auguste Barry, il y a sans doute un pas qu’il ne faudrait pas franchir à trois petits mois de la fin de leur contrat, tant les répercussions politiques pourraient être énormes. Il faut, je crois, les accompagner vers la sortie, quitte à ce qu’il y ait un dialogue direct entre Zida et ses frères ennemis ainsi que ces derniers le réclament pour solder (définitivement ?) le contentieux.



Parlant de menace djihadiste, je ne croyais pas si bien dire, car au moment où je t’écrivais cette lettre, j’ai appris que le contingent burkinabè au Nord-Mali a été la cible d’une attaque. L’accrochage, intervenu hier jeudi 2 juillet 2015, a coûté la vie à six de nos soldats et fait cinq blessés.

Lis plutôt ce communiqué de presse de la Direction de la communication et des relations publiques des Armées à ce sujet.

« Une patrouille du Bataillon Badenya 3 du Burkina déployé au sein de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la Stabilisation au Mali) a été l'objet d'une embuscade ce jour 02 juillet 2015 aux environs de 09h sur l'axe Goundam-Tombouctou par des hommes armés non identifiés.

Le bilan actualisé est de six (06) morts (un sous-officier et cinq militaires du rang). En plus, on dénombre cinq (05) blessés dont quatre (04) graves. Les blessés graves seront évacués à Dakar pour des soins appropriés.

En ces douloureuses circonstances, le chef d'état-major général des armées, au nom du ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants, présente ses condoléances aux familles éplorées et souhaite un prompt rétablissement aux blessés. »

Tout autre chose maintenant, cher cousin : annoncé il y a quelques semaines, le nouveau livre de ton oncle Nakibeugo, le directeur de publication de l’Observateur, vient de paraître aux Editions Paalga. « Heurs et malheurs de la politique et du journalisme au Burkina : quelles leçons ? » est un témoignage de 278 pages d’Edouard Ouédraogo sur des faits marquants de l’histoire politique de notre pays, de l’ère Maurice Yaméogo au lendemain de l’insurrection d’octobre 2014. En attendant la dédicace du livre qui sera programmée incessamment, il sera en vente d’ici lundi dans un premier temps aux librairies Diacfa et Jeunesse d’Afrique ainsi qu’au secrétariat de l’Obs. au prix de 10 000 francs CFA.



Et maintenant, cher Wambi, je t’ouvre le carnet secret de Tipoko l’intrigante qui a consigné cette semaine les éléments que voici :



- Qui est cette autorité de la Transition qui aurait distribué de l’argent aux militaires dans les casernes de Fada et de Gaoua lors de sa visite comme nous l’écrivions sous cette même rubrique la semaine dernière ? Eh bien, selon notre confrère Newton Ahmed Barry, information publiée sur sa page Facebook, c’est le Premier ministre, Isaac Zida, qui aurait distribué les feuilles dans ces garnisons. «Faux et archifaux», a rétorqué un proche du chef du gouvernement. «Le PM n’a donné de l’argent à personne, et cette histoire n’a été évoquée au cours d’aucune réunion de la hiérarchie militaire pour condamner cet acte. Il peut arriver qu’au détour d’une rencontre une autorité donne une enveloppe juste pour boire l’eau comme on dit. Mais là, ce n’est pas le cas : le PM n’a pas distribué de l’argent à des militaires. C’est archifaux». Espérons vraiment qu’il n’en est rien et que la sérénité et la cohésion sont de rigueur au sein des Forces armées.



- La saison des investitures bat son plein. Après l’Union pour le progrès et le changement (UPC) qui a officiellement désigné, le week-end, Zéphirin Diabré comme candidat à la présidentielle d’octobre prochain, et le Parti pour la démocratie et le progrès/Parti socialiste (PDP/PS) qui a jeté son dévolu sur Françoise Toé, le 28 juin passé sur fond de crise interne, c’est au tour du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) de dire officiellement le nom de son champion à l’élection suprême.

Sauf tremblement de terre dimanche 5 juillet 2015 au stade municipal de Ouagadougou, où est prévue la cérémonie d’investiture du postulant du MPP, c’est Roch Marc Christian Kaboré qui recevra les attributs de cette candidature. Mais avant le rendez-vous dans la cuvette du stade municipal, le parti de la Sociale-démocratie convie ses militants à un congrès extraordinaire les 3 et 4 juillet prochain au palais des Sports de Ouaga 2000. Au programme de cette grand-messe : la désignation du candidat MPP au scrutin à venir suivie de l’amendement puis de l’adoption du programme quinquennal de ce dernier.

Nous y reviendrons dans notre édition du lundi prochain.



- S’engagera, s’engagera pas ? C’est la question que nombre de Burkinabè se posent depuis que le nom de Kadré Désiré Ouédraogo, président de la Commission de la CEDEAO, a commencé à circuler comme éventuel candidat du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Une initiative avait même été lancée pour susciter et promouvoir cette candidature. Mais selon certaines sources, corroborées par le bimensuel français « La lettre du Continent », KDO, comme on l’appelle, aurait tout simplement décliné l’offre. Un désistement qui serait lié à la crainte de l’ex-Premier ministre de porter le dossard CDP tel un lourd fardeau. Et pour cause. Si ce renoncement venait à être confirmé, l’enfant de Boussouma va-t-il réfléchir à une formule de rechange, comme celle de la candidature indépendante, tel que le conjecturent certaines personnes ?

En cas de refus définitif de KDO de se lancer dans la course présidentielle quelle que soit la nature de cette candidature, il se susurre que c’est Djibril Bassolet de la Nouvelle Alliance du Faso (NAFA) qui pourrait bénéficier du soutien de l’ancien parti au pouvoir ; cela au cas où bien sûr ce dernier ne parviendrait pas à dénicher l’oiseau qui ne tombe pas sous le coup du nouveau code électoral, lequel frappe d’inéligibilité toute personne ayant soutenu ouvertement le projet de révision de la Constitution.



- Les travaux de l’expertise médico-légale visant à identifier les restes présumés de Thomas Sankara et de ses douze compagnons tués le 15 octobre 1987 viennent de prendre fin à Marseille et à Bordeaux en France. Selon notre confrère « La Lettre du Continent », les conclusions des investigations devraient rapidement être transmises au gouvernement de la Transition, au juge d’instruction militaire, François Yaméogo, et à Me. Bénéwendé Sankara, l’un des trois avocats des ayants-droit du président défunt. Pour ce qui concerne l’ex-chef de la révolution d’août, les restes supposés de sa dépouille ont été croisés avec l’ADN (par prélèvement buccal) de deux de ses sœurs consanguines et utérines. L’autopsie, effectuée par deux experts burkinabè, Robert Soudré et Norbert Ramdé, ainsi qu’un Français, Alain Miras, a pour but d’établir l’identité des corps exhumés fin mai au cimetière de Dagnoën, de déterminer la cause du décès et de rechercher, dans les ossements, la présence d’éventuels projectiles.



- Dans le navire battant pavillon UNDD (Union nationale pour la démocratie et le développement), l’heure semble à la débande en masse. En effet, à Koudougou, fief du parti de Me Hermann Yaméogo, grand nombre de militants ont rompu les amarres. Parmi les démissionnaires, des membres du bureau exécutif national, de nombreux ex-conseillers municipaux et autres barons locaux. A moins de quatre mois des élections présidentielle et législatives, c’est une véritable saignée que vient de subir le parti de la Panthère.



- Que se passe-t-il à l’Ecole nationale de l’Administration et de la Magistrature (ENAM) ? La question mérite d’être posée quand on apprend de sources proches de cette institution qu’au niveau de l’institut régional d’Administration de l’Est (IRA-E), depuis la rentrée en octobre dernier, les frais de vacation ne sont toujours pas payés. L’ENAM, centre de référence sous-régional, serait-elle financièrement dans le rouge, comme le disent certains, ce qui expliquerait le remplacement de son DG, Benoît Kambou ?



Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."



Ainsi va la vie.

Au revoir.



Ton cousin

Passek Taalé
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