La nouvelle est tombée hier. Dans un communiqué laconique, le service de presse de la Grande Muette a annoncé : «Une patrouille du bataillon Badenya 3 du Burkina déployé au sein de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) a été l’objet d’une embuscade ce jour 02 juillet 2015 aux environs de 09h sur l’axe Goundam-Tombouctou par des hommes armés non identifiés. » bilan provisoire de cette attaque, cinq (05) morts et sept (07) blessés côté burkinabè.
Une mauvaise nouvelle qui intervient alors qu’après moult tergiversations, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) vient enfin de signer l’accord d’Alger, scellant ainsi une paix que les plus optimistes espéraient durable au Nord-Mali. Mais voilà que les papiers à peine signés, cette paix-là pose bien des problèmes, car sur le terrain la tension est toujours élevée, et l’insécurité demeure. Les attaques se sont en effet multipliées ces dernières semaines, notamment contre Fakola à la frontière entre le Mali et la Côte d’Ivoire et contre le camp militaire de Nara, proche, quant à lui, de la frontière mauritanienne. Autant d’actions revendiquées par Ansar Dine, allié d’al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), deux organisations non signataires de l’accord d’Alger.
Cette fois, les terroristes semblaient déterminés et surtout bien informés, attaquant le convoi par surprise avec le résultat que l’on déplore aujourd’hui ; car sauf erreur ou omission de notre part, c’est la première fois qu’une attaque aussi meurtrière touche le contingent burkinabè déployé au sein de la MINUSMA. En mai dernier déjà, trois de nos casques bleu avaient été blessés par l’explosion d’une mine au passage d’un convoi. En aout 2014, deux soldats avaient trouvé la mort dans un attentat suicide à Ber, quelques mois après la mort du lieutenant Victor Christian Sawadogo, victime lui aussi d’une mine.
Et si l’attaque de ce jeudi n’est pas revendiquée, ayons la faiblesse de croire qu’elle n’est pas le fait de l’une ou l’autre organisation signataire de l’accord d’Alger ! sinon, pire qu’un affront, ce guet-apens serait une véritable déclaration de guerre jetée à la face non seulement des autorités de Bamako, mais aussi et surtout de la force onusienne qui outre un casque bleu bangladais tué par balle près de l’aéroport de Bamako dans des circonstances encore non élucidées, déplore la perte de 35 militaires depuis son déploiement en 2013. Un bilan qui fait de la mission au Mali la plus coûteuse en vies humaines depuis la Somalie dans les années 90.
Si comme on a la faiblesse de le croire, ce ne sont pas l’une ou l’autre des parties aux accords de paix, ce seront alors des pêcheurs en eaux troubles, de ceux qui n’auront pas eu voix au chapitre lorsque la feuille de route a été mise sur les rails et qui, depuis, n’ont cessé de torpiller tout effort pour un retour définitif de la paix et de la stabilité dans le septentrion malien.
D’où la nécessité pour les autorités de Bamako et leurs interlocuteurs de la CMA de mutualiser leurs efforts pour pacifier la région et donner une dernière chance à cette feuille de route dont la mise en œuvre reste problématique.
Marie Ouédraogo