Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Sport
Article
Sport

Colonel Sita Sangaré, Président de la FBF : « Si le milieu du football est pourri, c’est que la société l’est d’abord »
Publié le vendredi 3 juillet 2015  |  Le Pays
Colonel
© Autre presse par DR
Colonel Sita Sangaré, Président de la FBF .




Les raisons du départ de l’encadrement des Etalons, du technicien belge, Paul Put, et son remplacement par le Franco-allemand Gernot Rohr, la gestion au quotidien du football local et les enquêtes sur certains matchs à problèmes dont les résultats ne semblent pas satisfaire l’opinion, les cas de corruption révélés au sein de la FIFA. Ce sont autant de questions auxquelles le président de la Fédération burkinabè de football (FBF), le colonel Sita Sangaré, invité de la rédaction des Editions « Le Pays », a répondu le 23 juin dernier. Bien d’autres sujets ont été abordés avec lui, notamment les questions de primes chez les Etalons et ses ambitions pour la CAF et la FIFA.

« Le Pays » : Qu’est-ce que vous avez pu reprocher au technicien Paul Put pour décider de mettre fin à son contrat ?

Sita Sangaré : Dans le domaine du sport en général, et du football en particulier, lorsque vous recrutez un entraîneur, forcément, vous vous attendez à un minimum de résultats. Il y a un objectif qui lui est assigné en fonction des compétitions et s’il n’est pas atteint, évidemment, vous devez en tirer les conclusions. Il vous souviendra que nous sommes allés à la CAN 2015, en étant vice-champions en titre. L’objectif minimal que nous avions assigné à Paul Put, était de franchir le premier tour. Ce qui n’a pas été le cas parce que, comme vous le savez tous, nous avons été éliminés au premier tour. Au retour de la CAN, nous avons tenu une réunion technique avec Paul Put pour tirer les enseignements et le comité exécutif a estimé qu’il fallait mettre fin à la collaboration avec l’entraîneur qui, cependant, et nous le reconnaissons, nous a amenés à un niveau insoupçonné à la CAN 2013. Quand bien même il nous a donné beaucoup de satisfaction, il apparaissait clairement qu’il y avait comme une sorte de routine qui s’était installée, si bien qu’il n’avait plus soit la même motivation, soit la même poigne pour continuer à diriger l’équipe et atteindre les objectifs que la fédération pouvait lui assigner. C’est donc au regard de toutes ces raisons que la décision a été prise d’arrêter la collaboration avec Paul Put.

Avec le recul, n’y a-t-il pas une part de responsabilité des dirigeants et des joueurs ?

Dans un échec, la responsabilité est certainement toujours partagée. La loi en football est ainsi faite que lorsque quelque chose ne va pas, c’est l’entraîneur qui est mis en cause. Il en est ainsi partout dans le monde. Il arrive très souvent que des équipes changent au cours de la même saison, deux à trois entraîneurs. Nous n’occultons pas des problèmes du côté de la fédération où il y a eu quelques manquements. Nous avons tiré les enseignements et nous allons travailler à corriger les imperfections constatées.

De quels manquements parlez-vous ?

Je fais ici allusion à des problèmes de coordination et à des défauts de communication. La communication au niveau de l’équipe n’était vraiment pas bonne. Mais je pense que nous avons essayé de corriger ces aspects.

Avez-vous finalement honoré vos engagements financiers vis-à-vis de Paul Put ?

La Fédération n’est pas la structure qui paie les entraîneurs. Nous sommes une structure technique, mais au plan des moyens, c’est l’Etat qui s’en occupe. Les salaires des entraîneurs sont supportés par l’Etat. Au niveau de la Fédération, nous pouvons dire sans risque de nous tromper que nous avons honoré nos engagements vis-à-vis de l’entraîneur à savoir que toutes les correspondances ont été traitées et tous les dossiers relativement à l’apurement du passif de Paul Put, ont été envoyés au Trésor. Le reste est une question administrative et je pense que le dossier est très avancé et est dans le circuit financier. Je ne peux pas trop m’aventurer mais je sais que le dossier est en cours de traitement. Si vous voulez savoir si Paul Put a eu tout ce qu’on lui devait, je dois vous dire que c’est non. Il a seulement reçu ce qu’il pouvait prendre immédiatement, le reste, comme je l’ai dit, est dans le circuit administratif. Nous sommes, de toute façon, en contact avec lui régulièrement pour le suivi de ce dossier.

« Lorsque Gernot Rohr est venu, il a créé un électrochoc »

Quels sont les objectifs que vous avez fixés au nouveau sélectionneur Gernot Rohr ?

Avec le nouvel entraîneur, nous n’avons pas voulu placer la barre très haut. Nous lui avons demandé de reconstruire une équipe compétitive, qui se bat et ensuite de nous qualifier pour la CAN 2017 qui est une condition minimale. Je précise que dans le contrat, il est dit que s’il n’y parvient pas, nous allons mettre fin à notre collaboration. Si nous sommes qualifiés, nous lui avons demandé de nous faire franchir au moins le premier tour. Voici les objectifs minimaux que nous avons assignés à Gernot Rohr.

Quelle appréciation faites-vous de sa prestation

Déjà, je pense qu’il a su insuffler très rapidement un mental de guerriers aux joueurs. Ce qui n’était pas le cas, de retour de la dernière CAN. Les joueurs disaient qu’ils n’arrivaient pas à comprendre pourquoi ils ne marquaient pas. Il y avait comme un découragement en leur sein. Lorsque Gernot Rohr est venu, il a créé un électrochoc et c’est ce que nous avons souhaité pour que l’équipe puisse repartir de l’avant. Lorsque nous regardons les enfants évoluer sur le terrain, nous constatons en eux l’envie de jouer et cela est à l’actif du nouvel entraîneur. Il y a également le fait qu’il a renforcé les joueurs avec des jeunes qui vont certainement assurer la relève.

Quelle appréciation faites-vous des joueurs et des différents compartiments des Etalons ?

Lorsque nous avons ouvert les candidatures pour le recrutement d’un sélectionneur, nombreux sont les candidats qui sont venus parce qu’ils estiment que le Burkina a du potentiel. Cela n’est pas faux, même si souvent certains pensent le contraire. C’est parce que nous avons du potentiel que nous arrivons à rivaliser avec les nations les plus nanties. Le football demande beaucoup de moyens et sur ce terrain, nous ne sommes pas compétitifs avec les autres. C’est parce que nous avons réellement du potentiel que nous arrivons à nous en sortir de temps à autre. Mais, il y avait comme un ressort qui était cassé au cours de la CAN 2015. C’est pourquoi nous avons essayé de trouver une solution pour pouvoir provoquer un électrochoc. Aujourd’hui, le nouveau coach a su retrouver une équipe compétitive. Ce n’est pas tout à fait parfait, mais je pense que son langage semble passer auprès des joueurs. Certains semblent retrouver à nouveau l’envie de se battre pour le maillot national. Les joueurs sont dans un bon état d’esprit.

Comment voyez-vous l’attaque et la défense de l’équipe ?

Il faut se méfier d’aller trop vite en besogne. Nous venons tout juste de commencer la campagne. Il vaut mieux laisser aux techniciens la latitude de travailler. Ce qui est évident, c’est que depuis fort longtemps, nous avons un problème de latéral gauche. Ce qui nous a valu à l’époque de recruter quelqu’un comme Hervé Zingué qui nous a créé quelques soucis. Je pense que le travail doit se poursuivre pour trouver la personne qu’il faut. Au niveau du latéral droit, nous avons le guerrier Mohammed Koffi qui est là depuis un certain temps et à qui il faut travailler à trouver un suppléant. Nous avons quelques faiblesses au niveau de la défense, cela est incontestable. Il y a eu un moment où nous avions quelques problèmes au niveau du bastion offensif, mais je pense qu’avec la solidarité d’ensemble, on arrive à régler le problème. Il y a un chantier que l’entraîneur est en train d’explorer et je pense qu’il va travailler à nous trouver une équipe compétitive.

Mais entre nous, combien gagne Gernot Rohr ?

Pour la question du salaire, vous conviendrez avec moi que ce n’est pas très décent de le dévoiler. Ce n’est jamais décent de parler du salaire de quelqu’un. Même si vous me demandez mon salaire, j’aurai des réticences à vous le donner. Il y a un contrat en plus qui nous lie à l’entraîneur et par rapport à cela, il y a une obligation de confidentialité. Le salaire a un petit caractère secret. Mais, toutefois, si vous tenez à connaître son salaire, je vous invite à aller au Trésor. Comme c’est l’Etat qui le paie, vous trouverez la réponse à votre question là-bas. Si je vous le donne, je commettrai une faute contractuelle. Donc, souffrez que je ne puisse pas le faire. Je me suis exprimé plusieurs fois là-dessus, mais je vois que la question revient toujours. Je vous demande de me comprendre. En tant que juriste, je ne peux pas me permettre de violer les termes d’un contrat.

Avez-vous déjà enregistré des situations de primes impayées au sein des Etalons comme c’est le cas dans certains pays dont la Côte d’Ivoire qui est un exemple récent ?

A ma connaissance, non. Il peut souvent y avoir des incompréhensions pour le paiement des primes. Je m’explique : lorsque nous partions à la CAN 2015, nous avions discuté des montants des primes avec les joueurs. Les montants arrêtés ont été validés au niveau de la fédération et entérinés par notre ministère de tutelle. Je précise qu’il y a la nature des primes à donner : il y a des primes de matches, de qualification et de sélection. Etant donné que c’est de gros montants, cela ne pouvait pas se faire immédiatement. On devait faire le déblocage par paliers. Il y a un certain montant qui devait être débloqué en partant à la CAN, un autre après le premier tour si nous étions qualifiés et ainsi de suite. Lorsque les financiers partaient, je pense qu’ils avaient déjà payé la prime de qualification. Les joueurs se disaient qu’ils devaient toucher aussi la prime de sélection. Or, les financiers, dans leur projection, voulaient la payer une fois sur place en Guinée Equatoriale. Voilà le petit manquement qu’il y a eu au niveau du paiement des primes. Sinon, depuis que je suis à la Fédération, il n’y a jamais eu de problème de primes entre les joueurs et l’encadrement.

Vous arrive-t-il d’intervenir dans le choix des joueurs et est-ce que le politique s’en mêle ?

Non. Fort heureusement, la politique de la FIFA vise à bannir toute intervention politique dans le domaine du sport. Cela a été réitéré à nouveau lors du dernier congrès de la FIFA. Souvenez-vous que la Fédération palestinienne souhaitait exclure celle d’Israël de la FIFA et il leur a été très clairement dit de ne pas confondre la politique avec le football. Nous appliquons cette règle générale de la FIFA. Le politique ne doit jamais s’ingérer dans le football.

Mais c’est le principe ; et dans la pratique?

Dans la pratique, je vous dis que le politique, à notre niveau, n’interfère pas dans le football. Pour ce qui concerne le choix des entraîneurs, vous allez voir que même dans les contrats que nous signons avec tous nos entraîneurs, il est spécifié clairement que la fédération s’interdit de s’ingérer dans le choix des joueurs. Ce que nous faisons, ce sont des orientations générales.

« Les erreurs d’arbitrage ne sont pas propres au Burkina »

Quels commentaires faites-vous du niveau du championnat national de première division ?

J’entends les gens jaser à gauche à droite, mais je vous assure que notre championnat, aussi bien de première que de deuxième division, est d’un niveau très appréciable. J’entends beaucoup dire qu’ils ne vont pas au stade parce que le niveau de notre championnat n’est pas satisfaisant, mais je pense que c’est parce qu’ils veulent comparer notre championnat avec ce qu’ils regardent à la télévision, je veux parler des championnats européens. Bien sûr, nous ne sommes pas encore à ce niveau. Mais, si c’est par rapport aux championnats de la sous-région et même africains, je vous assure que nous n’avons pas du tout à rougir. Notre championnat a un niveau appréciable et j’invite le public à continuer à venir dans les stades pour motiver les enfants à donner le meilleur d’eux-mêmes.

Que dites-vous de ces matchs du championnat national qui se sont terminés difficilement avec des agressions pour erreur d’arbitrage ?

Vous savez, le football est un milieu de passion, j’allais même dire d’extrême passion. Très souvent, à la fin du championnat, il y a des calculs dans les différents staffs, soit chez ceux qui veulent remporter le championnat, soit chez ceux qui luttent pour ne pas descendre en division inférieure. Malgré les précautions que nous prenons, les gens trouveront toujours à redire. Les erreurs d’arbitrage ne sont pas propres au Burkina. Les arbitres sont des hommes et peuvent se tromper. Ce sont des phénomènes normaux dans le milieu du football. C’est pourquoi nous nous battons pour essayer de prévoir le maximum de solutions possibles quand cela arrive. Nous recourons à nos textes pour trancher les différents litiges qui arrivent.

Comment avez-vous réglé le problème entre le BPS et l’EFO au cours du match qui s’est déroulé à Koudougou ?

Je pense qu’à l’époque, la fédération a sévi. Le stade de Koudougou avait été suspendu initialement pour 5 matches. Mais il y a eu un recours gracieux qui a été introduit à la fois par le club du BPS et par la ligue du Centre-Ouest et suite à cela, la sanction a été réaménagée. Elle a été ramenée à une suspension d’un match ferme et un autre match à huis clos.

Quel est le résultat de l’enquête relative à la montée du Canon du Sud en première division où il a été question de matchs truqués ?

Nous disons que la fin ne justifie pas les moyens et à ce sujet, nous avons encore en mémoire qu’il y a eu des scores fleuves lors des matchs ASEC-K – CFO à Koudougou et Canon du Sud – Sanmatenga FC à Ouagadougou. C’était des situations inconfortables pour nous tous et nous avions dit que cela ne reflétait pas la réalité. A l’époque, nous avons réuni les acteurs, et les dirigeants du Canon du Sud ont juré n’avoir pas triché en relevant qu’ils ont plus que doublé les primes pour la circonstance afin de motiver leurs éléments à marquer le maximum de buts. Ceux de l’ASEC-K ont aussi dit la même chose. Et nous avions dit que nous allions mener une enquête et jusqu’aujourd’hui, personne n’est venu dire qu’il y a eu arrangement. La même situation est arrivée cette saison pour le match EFO – Canon du Sud où nous avons saisi la gendarmerie et en la matière, la production de la preuve est très difficile. Pour cette rencontre, le Canon du Sud a aligné un joueur suspendu et selon nos textes, le club incriminé perd le match sur tapis vert, son secrétaire général est suspendu pour une période de trois à six mois et le club est frappé d’une amende de 100 mille F CFA. Cela est la première sanction prévue. La deuxième dit que s’il est établi qu’il y a eu arrangement entre deux clubs, ceux-ci sont rétrogradés en division inférieure. C’était un match nul et l’EFO a écrit pour dire que le Canon du Sud a utilisé un joueur suspendu. Evidemment, l’Etoile filante de Ouagadougou (EFO) doit avoir le gain de la rencontre, mais des clubs se sont réunis à l’insu de la Fédération pour dire qu’ils n’allaient jamais accepter cette situation. Selon eux, lorsque l’EFO, qui était en lutte pour le titre du championnat l’année passée, a bénéficié du même concours de circonstance face au club de Bobo sports qui était venu la battre à Ouagadougou, le club stelliste a fait savoir que Bobo sports a aligné un joueur suspendu et a bénéficié des trois points puisque cela était vrai. Ce qui a permis à l’EFO de remporter le titre. Cette année, la même situation s’est produite, curieusement à trois journées de la fin. L’EFO peut avoir raison, mais c’est un concours de circonstances. Et comme cette année, des clubs se sont plaints qu’il y a eu arrangement, nous leur avons demandé d’apporter les preuves tout en leur faisant savoir que si cela est avéré, l’EFO et le Canon du Sud seront rétrogradés en deuxième division. Mais, ils n’ont pas pu le faire et c’est ce qui explique que le dossier a été confié à la gendarmerie. Personne n’a pu apporter la moindre preuve. C’est ce qui fait que nous avons donné les trois points à l’EFO.

Etes-vous satisfait de la gestion de la bourse promise par le ministère des Sports et des Loisirs aux footballeurs des clubs de première et deuxième divisions ?

Il y a des comités de gestion au niveau de la Fédération et du ministère que nous allons mettre à contribution pour essayer de comprendre. Nous avions salué cette décision gouvernementale parce que cela revient à une reconnaissance par l’Etat, du rôle social du sport en général et du football en particulier. Quelque part, le football contribue à résoudre le problème du chômage et permet de régler beaucoup d’autres problèmes sociaux. Une mesure salutaire d’autant plus que des clubs éprouvaient des difficultés à payer leurs joueurs et dans ces conditions, ceux-ci ne peuvent pas donner le meilleur d’eux-mêmes. Mais, nous apprenons qu’il y a des problèmes par-ci par-là, parce que certains rechignent à donner cet argent aux joueurs. Les conventions signées d’une part entre les clubs et la Fédération et d’autre part, entre celle-ci et le ministère de tutelle, sont très claires et nous l’avons été avec les clubs, en leur signifiant que s’il y a un dérapage quelque part, des sanctions vont tomber. Les comités de gestion vont bientôt sillonner l’ensemble des clubs et nous faire parvenir leurs rapports. Les conventions disent que pour prétendre à une prochaine tranche, il faut justifier la précédente. Deux tranches de trois mois chacune ont été payées puisque c’est trimestriel. Mais il y a eu des difficultés pour certains clubs à justifier la première tranche et finalement, tous ont pu la justifier.

En tant que président de la Fédération, éprouvez-vous des difficultés pour gérer au quotidien le football burkinabè ?

Les bergers vous diront que pour diriger un troupeau, vous avez besoin d’un seul bâton, mais quand il s’agit d’un groupe de cent personnes, il faut certainement cent bâtons. C’est incontestable qu’il est difficile de gérer un groupe humain, particulièrement le milieu du sport et le cas spécifique de notre football. Malgré tout, je dis que nous avons des collaborateurs qui se donnent quotidiennement sur le terrain et lorsqu’on observe la situation difficile dans laquelle évoluent nos joueurs, j’avoue que chacun fait des efforts. A titre personnel, je me satisfais de la gestion de notre football, même si tout n’est pas rose.

Etes-vous d’accord avec ceux qui pensent qu’au Burkina comme ailleurs, le milieu du football est pourri ?

Pourri, c’est excessif. Si le milieu du football est pourri, c’est que la société l’est d’abord. Nous sommes dans un milieu où il y a des repères qui sont perdus. Nous constatons que le gouvernement vient de réinstaurer le service militaire et l’argumentaire, c’est qu’il y a des pertes de repères civiques. Je reconnais que dans le milieu du football, il y a des personnes qui sont sans scrupule et aiment utiliser la courte échelle parce qu’elles pensent qu’il faut venir au football pour s’enrichir. Nous devons travailler à changer les mentalités en se disant que nous devons plutôt régler les problèmes des jeunes footballeurs. Dans notre programme, lorsque nous arrivions à la Fédération, nous avons dit qu’il faut servir le football et non se servir de lui.

Vous semblez avoir tout de même des difficultés pour trouver des sponsors

Allez un peu en arrière et faites le point aujourd’hui avant de tirer la conclusion. Nous nous félicitons du nombre croissant des partenaires qui viennent appuyer les efforts de développement de notre football qui exige beaucoup de moyens. Alors que dans notre pays, tout est prioritaire et l’Etat ne peut pas tout gérer et régler objectivement tous les problèmes du football. Nous en sommes conscients et c’est pour cela que nous cherchons le maximum de partenaires. Si les uns et les autres, qui aiment le football et le critiquent, essayaient de faire un effort, je pense que nous pourrons gravir des paliers. Nous souhaitons par exemple, que les gens viennent au stade et acceptent de payer leur ticket en rompant surtout avec cet esprit de gratuité. Lorsque les tickets sont vendus, aucun centime ne revient à la Fédération, puisque les recettes sont reversées à la direction du fonds national pour la promotion du sport, pour la promotion du sport de façon générale. Ailleurs où les gens font le plein des stades, il n’est pas question de leur offrir des tickets. Et à Niamey par exemple, le ticket de la loge coûte 25 mille F CFA. Dans ce sens, nous invitons l’Union nationale des supporters des Etalons (UNSE) à poursuivre son travail de sensibilisation et de mobilisation des supporters.

« Il y a tout un ensemble de programmes que le président Sepp Blatter a mis en place et qui rencontrent l’adhésion des fédérations africaines »

Où en sommes-nous avec les compétitions des petites catégories qui sont inscrites en bonne place dans votre programme ?

Pour cette saison, elles se déroulent normalement en deux poules, avant une confrontation entre les meilleures équipes pour la phase nationale. Au niveau de la poule de Ouagadougou, la phase retour est bouclée et c’est à Bobo-Dioulasso que suite à une demande spécifique pour raison du BEPC, des matchs ont été repoussés. Dès que les matchs de cette poule B vont s’achever, on aura les meilleures formations pour terminer la saison.

Quelle est votre opinion sur les cas de corruption révélés, ces derniers temps, à la FIFA ?

Cela ne fait pas plaisir parce que le football est une passion. Et quand on se rend compte qu’au niveau de l’instance dirigeante, l’image du football est écornée, cela ne peut que nous affliger. Nous souhaitons que toute la lumière puisse être faite sur cet épineux dossier et que le football retrouve toute sa place.

Pourquoi le Burkina avait-il soutenu Sepp Blatter ?

C’est sur la base d’un programme qu’on soutient un candidat et jusqu’à présent, le président Sepp Blatter est celui qui offrait le plus de garanties pour une meilleure organisation du football en Afrique. Je n’ai pas besoin de rappeler que Sepp Blatter a décuplé le budget de la FIFA lorsqu’il est arrivé et les différentes associations nationales en ont bénéficié. C’est ce que certains lui reprochent parce que nos amis européens n’acceptent pas que toutes les fédérations soient traitées de la même manière. Ce qui est tout à fait le contraire du président Blatter. Ce que la FIFA octroie aux fédérations à travers le Programme d’assistance financière (PAF) est le même pour chacune d’elle et le montant est d’un million de dollars soit 500 millions de F CFA tous les quatre ans dont 125 millions de F CFA par an. En plus, il y a le projet Goal qui permet aux Fédérations qui soumettent des projets fiables, de bénéficier de fonds additionnels. On peut aussi citer le programme performance, un Programme destiné spécifiquement aux pays les plus défavorisés, dont le Burkina a bénéficié avec l’acquisition d’une pelouse synthétique au centre technique de la FBF. Il y a tout un ensemble de programmes que le président Sepp Blatter a mis en place et qui rencontrent l’adhésion des fédérations africaines.

Des fédérations auraient reçu des pots de vin. Qu’en est-il de celle du Burkina ?

Il faut d’abord attendre que cela soit établi et ce dont on parle concerne les cas d’attribution de Coupes du monde. Je ne pense pas que le Burkina ait déjà postulé pour l’organisation d’une coupe du monde.

Quel candidat allez-vous soutenir à la prochaine élection à la FIFA ?

Celui qui va présenter le meilleur programme pour le Burkina, parce que nous avons des attentes. Nous souhaitons avoir un président qui puisse continuer à aider notre continent. Nous ne souhaitons pas par exemple que nos matchs de championnat se disputent sur des terrains non gazonnés.

« Je ne me suis pas levé comme un messie pour venir prendre la présidence de la fédération »

N’aspirez-vous pas à ce poste ?

Non, même si le président de la Fédération libérienne de football a fait une annonce de candidature. Nous, nous souhaitons plutôt travailler pour que l’environnement du football au Burkina soit plus apaisé, que nous ayons un minimum de conditions avant d’avoir beaucoup plus d’ambitions.

Et à la CAF ?

Non. Je dis que notre préoccupation, c’est de poser les jalons pour un football burkinabè qui compte dans la durée sur la scène internationale et après cela, nous irons plus loin.

Des gens estiment qu’avec ce qui vient de se passer à la FIFA, il faut aussi secouer le cocotier au niveau de la CAF pour assainir le milieu.

Dans tous les cas, chacun est libre d’avoir son opinion. Nous sommes dans une confédération où il y a 54 fédérations et chacun juge en fonction de sa situation particulière. Il ne faut pas lier les évènements. Ce n’est pas parce qu’un problème est arrivé à la FIFA qu’il existe forcément à la CAF. Si nous avons les mêmes problèmes, nous allons les analyser.

Y a-t-il une entraide entre les fédérations ?

Oui et nous multiplions cela, surtout pour une fédération si petite et peu nantie comme la nôtre. Nous multiplions les conventions avec des fédérations sœurs. Nous en avons déjà, même s’il n’y a pas longtemps, avec la Fédération royale marocaine de football de même qu’avec celle du Gabon. Avant que nous ne venions à la FBF, il y a une convention qui liait déjà la nôtre à celle de la Côte d’Ivoire, que nous travaillons à consolider et qui permet qu’à chaque finale de coupes nationales, nous échangions des arbitres. Le football est un sport collectif où la solidarité n’est pas un vain mot puisqu’il sert à raffermir les liens entre les jeunesses, les peuples.

Allez-vous rebelotter à la fin de votre mandat à la tête de la FBF ?

Rappelez-vous que lorsque je venais à la Fédération, j’ai été appelé par des camarades. Je ne me suis pas levé comme un messie pour venir prendre la présidence de la fédération. Nous sommes en cours de mandat, avec une mission, une feuille de route et à la fin de celui-ci, nous allons dresser notre bilan avant de laisser la parole à nos mandataires.

Et si vos mandataires vous le demandent ?

Lorsqu’on vous fait une demande, vous avez deux choix. Soit vous l’acceptez, soit vous la refusez. Il faut attendre d’abord la demande avant de voir ce que nous allons faire. Le plus important est d’arriver à terminer le mandat sans le moindre problème et c’est notre tâche présentement.

Avez-vous quelque chose à dire que nous n’avons pas pu aborder ?

Nous demandons l’accompagnement de la presse. Sans travail de la presse, aucune action n’est visible. Nous souhaitons simplement être mieux compris, pas pour nous-mêmes ; nous n’avons aucune exigence particulière. Nous gagnons tous à ce que notre peuple pour lequel nous travaillons soit le plus largement informé et sainement aussi. Nous vous encourageons dans votre tâche que nous savons difficile, mais la nôtre n’est pas non plus facile et souhaitons que nous puissions nous comprendre pour avancer.

Propos retranscrits par Yannick SANKARA
Commentaires