Le Caporal Bahanla Lompo a écopé de la peine capitale, pour avoir été reconnu coupable du meurtre de Bernadette Tiendrébéogo. Le condamné dispose de cinq jours à partir de la date de sa condamnation pour se pourvoir en cassation. Il a également la possibilité de demander la grâce présidentielle qui peut commuer sa peine en prison à perpétuité, si bien entendu, elle lui est accordée. A noter qu’il y a un moratoire qui empêche l’exécution de la peine de mort au Burkina Faso. Pour en savoir davantage, nous avons pris langue avec le MBDHP pour avoir sa lecture de la peine prononcée à l’encontre du Caporal Bahanla Lompo. C’est son président, Chrysogone Zougmoré, qui nous répond.
L’affaire Bernadette Tiendrébéogo a été jugée lors des assises criminelles…
Je voudrais tout d’abord renouveler l’expression de notre compassion à la famille de Bernadette Tiendrébéogo qui, comme vous le savez, a été froidement assassinée par le Caporal Lompo. A l’époque de la commission des faits, comme vous le savez également, nous nous sommes mobilisés avec d’autres structures de la société civile pour exiger justice pour Bernadette Tiendrébéogo. Aujourd’hui, la Justice a tranché ; elle a condamné le Caporal Lompo à mort. Les jurés ont décidé, en leur âme et conscience, compte tenu, naturellement des circonstances d’assassinat de Bernadette. Maintenant, on peut discuter du caractère excessif ou non de la peine prononcée.
Effectivement, il a été condamné à mort…
Nous disons que cette peine n’est pas convenable. Pourquoi ? Parce que pour nous, au lieu de la peine capitale, on devrait lui infliger la prison à perpétuité. Bien qu’il ait commis un crime odieux, abominable, en tuant cette pauvre fille innocente, en lui ôtant la vie qui, comme vous le savez, est le premier et le principal droit de l’Homme. Comme le dit si bien Victor Hugo, « si tuer est un crime, on ne peut pas rendre justice en le reproduisant ». Et nous pensons qu’en tout cas, la peine maximale qui aurait pu lui être infligée aurait pu être donc la prison à perpétuité. Il semble, du reste, que l’avocat de la famille Tiendrébéogo, c’est à vérifier, a même quelque peu regretté le fait que la condamnation à mort ait été prononcée contre le Caporal Lompo.
S’il devrait être exécuté, que feriez-vous ?
Je pense qu’il faut peut-être espérer qu’il ne soit pas exécuté parce que comme vous le savez, la peine de mort existe mais la dernière exécution effectuée au Burkina Faso date des années 1970. C’est vrai qu’il peut également se pourvoir en cassation, mais j’ose espérer qu’il écopera dans les faits, de la prison à perpétuité.
Est-ce que le Burkina Faso a intérêt à abolir la peine de mort ?
Je pense que le Burkina a intérêt à abolir la peine de mort ; c’est un combat que nous menons depuis des décennies et tout dernièrement encore, nos amis d’Amnesty International sont revenus sur la question. Nous sommes, en Afrique, un des rares pays à n’avoir pas encore aboli la peine de mort. Et comme je le dis, c’est une peine désuète dont les termes figurent dans le Code pénal mais qui, dans la réalité, n’est pas appliquée. Donc, nous gagnerons à l’abolir. Vous savez que le débat est très profond sur la question et nous pensons qu’aujourd’hui, un pays civilisé devrait pouvoir abolir cette peine désuète. Nous souhaitons que la peine de mort soit abolie au Burkina Faso. Du reste, le processus est suffisamment avancé et je pense que c’est, quelque part, une question de volonté politique. Nous espérons que les nouvelles autorités qui seront mises en place à l’issue des élections d’octobre et de janvier, prendront à bras-le-corps cette question en prenant leurs responsabilités pour abolir la peine de mort au Burkina Faso.
Propos recueillis par Michel NANA