Des éléments du RSP ont fait irruption dans certains médias le 30 juin dernier. Cela n’a pas laissé insensible les organisations professionnelles de médias qui protestent à travers cette déclaration. Elles appellent en outre les autorités de la transition à prendre leurs responsabilités.
Le 30 juin 2015, le peuple burkinabè et particulièrement les organisations professionnelles des médias et partant les journalistes ont été émus et outrés de ce que des éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) ont fait irruption dans certains médias à Ouagadougou.
En effet, dans la matinée du 30 juin, les Rédactions des radios Savane FM, Oméga FM, Ouaga FM et Horizon FM ont reçu des visites impromptues de soldats du RSP, pratiquement à la même heure. Ils sont arrivés à bord de véhicules 4x4 de couleur noire, armes aux poings, tenue de combat, gilets pare-balles, pour délivrer le même message : « Nous ne voulons plus que vous parlez de nous ici. Nous voulons que les gens arrêtent de nous insulter (…)maintenant, nous n’allons pas nous amuser, bonne journée ».
Dans certains médias, ils ont tenu les propos suivants: « Nous sommes venus vous dire qu’il y a des gens qui volent l’argent du pays. Ils rentrent et ils sortent nous sommes énervés. Nous allons les arrêter et présenter au peuple. Les gens nous accusent dans l’affaire Thomas Sankara et Norbert Zongo. Nous ne sommes pas mêlés, nous sommes jeunes … ».
Pour nous, organisations professionnelles des médias, le message est clair !Ce sont des intimidations à l’endroit des médias, des journalistes et des menaces contre la liberté d’expression et de presse ! Parce que nous avons encore frais en mémoire l’assassinat crapuleux de notre confrère Norbert Zongo le 13 décembre 1998. La Commission d’enquête indépendante avait identifié à l’époque six suspects sérieux, tous du RSP.
Aussi, nous ne saurions comprendre ni tolérer – sous aucun prétexte – que des hommes armés, qui ne sont commis à aucune tâche de sécurité dans les médias, y fassent irruption. Les organisations professionnelles des médias s’insurgent énergiquement contre ces pratiques qui rappellent les sombres heures des régimes d’exception où les médias étaient pris en otage par les putschistes.
Par la présente, nous, organisations professionnelles des médias :
protestons vivement contre cette intrusion du RSP dans les Rédactions ;
condamnons ces comportements, indignes d’une Armée qui se dit républicaine ;
demandons au chef suprême des Armées, au ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants, au ministre en charge de la Sécurité, au ministre en charge de la Communication et au chef d’Etat-major général des Armées, de prendre toutes leurs responsabilités.
Aussi, les organisations professionnelles des médias :
témoignent leur solidarité aux organes victimes de cette intrusion ;
encouragent et exhortent les travailleurs des médias burkinabè à ne pas céder aux pressions du RSP en se détournant de leur objectif premier qui est d’informer le peuple burkinabè sur tous les sujets, y compris ceux portant sur le RSP.
En tout état de cause, nous :
prenons le peuple burkinabè et la communauté internationale à témoin des menaces qui planent sur les animateurs de la presse burkinabè du fait des actes du RSP ;
tiendrons pour responsables le chef suprême des Armées, le ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants, le ministre en charge de la Sécurité, le ministre en charge de la Communication et le chef d’Etat-major général des Armées, de toute violence, de toute dégradation de matériel que viendraient à subir un média et ses animateurs du fait du RSP ou d’un quelconque militaire burkinabè.
Nous appelons les femmes et hommes de médias, les défenseurs des droits humains et de la liberté à se mobiliser pour défendre la liberté d’expression et de la presse.
Ont signé :
Pour le Comité de pilotage du Centre National de Presse Norbert Zongo (CNP-NZ), le Président Boureima OUEDRAOGO ;
Pour L’Observatoire burkinabé des médias, (OBM), le Président, Jean-Baptiste ILBOUDO ;
Pour l’Union nationale de l’audiovisuel libre du Faso (UNALFA), le Président, Charlemagne ABISSY ;
Pour l’Association des Journalistes du Burkina (AJB), le Président,Guézouma SANOGO ;
Pour le Syndicat Autonome des Travailleurs de l’Information et de la Culture (SYNATIC), le Secrétaire Général, Siriki DRAME ;
Pour la Société des Editeurs de Presse privée (SEP),le Président, Lookman SAWADOGO ;
Pour l’Association des Télévisions Privées du Burkina (ATPB),le Président, Rémis DANDJINOU ;
Pour Reporters du Faso, le Secrétaire Général, Abdoulaye TAO ;
Pour l’Association des Médias Communautaires (AMC), le Président, André Eugène ILBOUDO ;
Pour l’Association des Editeurs de Journaux et de Presse en Langue Nationale (AEJPLN),le Président, Evariste ZONGO ;
Pour l’Association des Retraités de la Communication et de l’Information (ARCI), le Président, Paul Ismaël OUEDRAOGO ;
Pour l’Union Catholique Africaine de la Presse (UCAP-Burkina), le Président, Alexandre Le Grand ROUAMBA ;
Pour l’Association des Professionnelles Africaines de la Communication (APAC), la Présidente, Hortense ZIDA ;
Pour l’Association des Radios et Télévisions Privées du Burkina (ARTPB), le Président, Moustapha L. THIOMBIANO