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Mouvement d’humeur repétés au sein du règlement présidentielle :Il faut sauver la transition
Publié le mercredi 1 juillet 2015  |  Le Pays
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© aOuaga.com par Séni Dabo
Situation de la nation : le Burkina en 2014 vu par le Premier ministre
Vendredi 12 juin 2015. Ouagadougou. Conseil national de la transition (CNT). Le Premier ministre Yacouba Isaac Zida a prononcé son tout premier discours sur la situation de la nation (DSN) devant les députés de la transition




La tranquillité des Burkinabè est à nouveau mise à rude épreuve. Le feuilleton à rebondissement entre le Premier ministre Yacouba Isaac Zida et son corps d’origine, le RSP, a connu un nouvel épisode marqué par des coups de feu de soldats qui, au cours d’un rassemblement le lundi 29 Juin 2015, ont tiré avec leurs armes en l’air en protestation contre la convocation de leur chef de corps, le Lieutenant-Colonel Céleste Coulibaly, et de deux autres officiers par la Gendarmerie nationale. En effet, ces derniers auraient ambitionné d’arrêter le Premier ministre Yacouba Isaac Zida à sa descente d’avion, le dimanche 28 juin, de retour de Taiwan. Sur la base de ces informations, l’avion du PM a dérouté pour se poser sur la piste de la Base militaire 511. Le chef du gouvernement a ensuite été exfiltré. Les incriminés nient en bloc et accusent l’entourage du PM d’être à l’origine de cette folle rumeur visant à discréditer le RSP. Dans un mouvement de colère, à moto ou à bord de véhicules banalisés, après les coups de feu, des éléments bien armés ont sillonné toute la nuit durant, les artères de Ouaga 2000.

Les inquiétudes sur le frêle navire de la Transition sont décuplées

En attendant que des explications officielles viennent lever un coin de voile sur ces énièmes bruits de bottes, ces évènements viennent à nouveau réveiller les peurs à peine enfouies des Burkinabè qui ne savent pas de quoi demain sera fait. Les inquiétudes sur le frêle navire de la Transition sont décuplées et elles sont d’autant plus justifiées que l’attelage est à quelque trois mois du bout du tunnel. Plus d’un avait pourtant espéré que la médiation réussie du Mogho Naaba et les revendications satisfaites sur les nominations au sein de ce corps d’élite de notre armée, avaient permis aux protagonistes de fumer le calumet de la paix. Mieux, les dernières sorties tant du Président de la Transition que du Chef du gouvernement tendaient à aller dans le sens du maintien du RSP. Qu’est-ce qui peut donc continuer d’alimenter les inimitiés entre les amis d’hier alors qu’un modus vivendi sur la pomme de discorde originelle semblait trouvée ?
Ces évènements, faut-il le rappeler, interviennent aussi dans un contexte de nouvelles surenchères entre les autorités de la Transition et certaines organisations de la société civile sur la suppression ou pas du RSP. Après une brève période d’accalmie, certaines OSC se sont à nouveau mises à nouveau à tirer à boulets rouges sur le RSP. Tout cela peut avoir contribué davantage à irriter le régiment.
Il est aussi fort probable que le RSP que l’on indexe, ne soit pas un tout homogène et que le corps soit aussi traversé par plusieurs courants. Dans ce climat militaire anxiogène, le taux d’explosivité est accru, dans un contexte déjà miné par les revendications corporatistes.

Le RSP doit comprendre que ces sautes d’humeur répétitives sont une mauvaise publicité pour le corps

Le RSP a-t-il raison quand il accuse l’entourage du PM d’être à l’origine de la rumeur de coup d’Etat ? Quelles que soient les causes de ce regain de tension, le constat crève les yeux que c’est la militarisation de la Transition qui prend en otage la quiétude de la Nation. De quoi donner raison à tous ceux qui, dès le début, pensaient que le péché originel de la Transition a été le choix de Zida comme Premier ministre. Et là, la responsabilité des politiques est fortement engagée. Un civil comme PM aurait sans doute évité ces coups de sang à répétition. Les politiques, bien plus préoccupés par la succession de Blaise au sortir des élections à venir que par la bonne conduite du processus de transition, ont sans doute péché par là. Ceci ne dédouane pas pour autant Zida qui, par patriotisme, aurait dû lui-même prendre les devants depuis fort longtemps pour rendre le tablier, vu que c’est sa personne qui fait planer les menaces sur la Transition.
Certes, son désir d’affranchissement lui vaut bien des sympathies au sein de l’opinion. Mais aussi, bien des ennuis créés par ses anciens frère d’armes qui ne sont pas prêts à lui lâcher la bride. Que vaut un Premier ministre constamment inquiété et contraint de négocier son maintien ? Que vaut un ministre de la Défense contraint de jouer au chat et à la souris avec une partie de son armée ? Dans tous les cas, l’urgent reste aujourd’hui la Transition qu’il faut à tout prix sauver. Il faut que les autorités morales et coutumières s’impliquent à nouveau, en toute transparence, dans la clarification des rapports entre Zida et le RSP. La division manichéenne de notre armée en gens du mal et en gens du bien est une dérive suicidaire. Le RSP aussi doit comprendre que ces sautes d’humeur répétitives sont une mauvaise publicité pour le corps et qu’une armée doit savoir rassurer en communiquant parfois.
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