Le protocole de Nagoya sur l’Accès et le partage des avantages (APA) relatif à l’utilisation des ressources génétiques est entré en vigueur depuis octobre 2014, mais peine à être effectif au niveau des pays. Au Burkina Faso, le ministère de l’Environnement et des Ressources halieutiques a organisé du 22 au 26 juin 2015 à Bobo-Dioulasso, un atelier en vue de coordonner et d’harmoniser la mise en œuvre de ce protocole dans des pays de la sous-région.
Le protocole de Nagoya sur l’Accès et le partage des avantages (APA) découlant de l’utilisation des ressources génétiques a été adopté par la 10e réunion de la Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique des Nations unies le 29 octobre 2010 à Nagoya au Japon. Il est entré en vigueur en octobre 2014. Le protocole a pour but de réglementer le prélèvement des ressources génétiques par des firmes étrangères. En effet, selon le secrétaire général de la région des Hauts-Bassins, Bernard Bèba, ces entreprises étrangères font des prélèvements en vue de déterminer les propriétés des ressources génétiques, d’isoler les principes actifs, et de mettre au point des produits commerciaux. Ces commandes sont souvent faites sur la base des connaissances traditionnelles des communautés autochtones. Malheureusement, ces prélèvements sont opérés sans compensation ni pour les pays d’origine, ni pour les détenteurs originaux de la connaissance. Selon les statistiques, 70 à 80% des produits pharmaceutiques sont basés sur les ressources génétiques des plantes pendant que les bénéfices générés ne sont guère partagés avec les pays fournisseurs. Les Etats-Unis, l’Europe et le Japon ont importé en 1999 des plantes médicinales pour un montant chiffré à 450 millions de dollars. Dans la sous-région, l’exportation des plantes à des fins médicinales et aromatiques se pratique sans contrôle de l’administration, ni retombées significatives pour l’Etat et les communautés locales du fait du manque de réglementations nationales appropriées. C’est pour cela que la communauté internationale a adopté le protocole afin d’équilibrer la répartition des avantages tirés de l’exploitation des ressources entre les fournisseurs et les utilisateurs. Mais la mise en œuvre de ce protocole à l’échelle des pays est devenue une préoccupation pour les parties contractantes. La disposition des cadres nationaux de l’APA est confrontée à des problèmes de renforcement des capacités, de coordination du processus à l’échelle des régions et des sous-régions, et d’harmonisation avec divers cadres juridiques et institutionnels en place. L’atelier de Bobo-Dioulasso visait donc à favoriser la mise en place des cadres nationaux APA efficaces, coordonnés et harmonisés au Burkina Faso et dans la sous-région, notamment au Bénin, en Côte d’ivoire, au Mali, au Niger, au Togo et au Sénégal. Il s’est agi pour les participants venus de ces pays, de renforcer la mise en place des cadres nationaux APA au niveau de ces Etats, de déterminer la position de la sous-région sur la mise en place d’une réglementation APA commune, et de contribuer à l’identification d’éventuels éléments d’harmonisation en matière d’APA pour les pays de l’espace CEDEAO. A l’ouverture de l’atelier le 23 juin, le directeur régional de l’environnement et des ressources halieutiques des Hauts-Bassins, Bienvenu Traoré a remercié l’initiative pour le renforcement des capacités sur l’APA, et le secrétariat exécutif de la Convention sur la diversité biologique (CDB) pour leur appui à la tenue de la rencontre, premier du genre depuis l’adoption du protocole de Nagoya. A la fin des échanges, les participants ont formulé des recommandations pour la mise en place des réglementations nationales APA dans les sept pays de la sous-région ouest africaine.
Adaman DRABO