Abuja - Sept partis politiques burkinabè, dont celui du président déchu Blaise Compaoré, ont attaqué mardi devant la justice ouest-africaine le nouveau code électoral du Burkina, qui leur interdit de concourir aux élections d'octobre.
Treize individus et sept formations politiques, dont l'ancien parti au pouvoir (Congrès pour la démocratie et le progrès, CDP) de M. Compaoré, ont demandé à la Cour de justice de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 membres), basée à Abuja, de dire que ce nouveau code électoral viole leurs droits.
La Cour a indiqué qu'elle rendrait sa décision le 13 juillet. Le Burkina Faso est membre de la Cédéao et doit en conséquence se plier aux décisions de la justice régionale.
Début avril, les députés du Conseil national de transition (CNT), l'assemblée intérimaire au Burkina Faso, ont voté une révision du code électoral rendant "inéligibles" les personnes ayant "soutenu un changement inconstitutionnel portant atteinte au principe de l'alternance politique".
Cette loi faisait référence à la tentative de révision de la Constitution d'octobre 2014, destinée à permettre à M. Compaoré de se maintenir au pouvoir, et qui avait finalement provoqué un soulèvement ayant causé sa chute après 27 ans de pouvoir.
"Cet amendement, cette modification a été adoptée dans le but d'exclure (des élections) une large majorité de la population... Notre argument est que cet amendement viole le droits des citoyens", a déclaré mardi à l'audience l'avocat des requérants, Moussa Coulibaly.
Qualifiant cette nouvelle disposition de "chasse aux sorcières", Me Coulibaly a ajouté qu'elle contrevenait au traité instituant la Cédéao et à la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples.
Mais pour Mamadou Savadogo, défendant le régime de transition en place depuis la chute de M. Compaoré, les plaignants n'ont pas apporté de "preuve concrète" que la nouvelle loi violait leurs droits.
"La loi électorale du 7 avril 2015 n'empêche personne de voter. Elle ne fait qu'exclure les personnes qui ont participé à un acte inconstitutionnel de se présenter", a-t-il plaidé.
Les actuelles autorités intérimaires doivent rendre les rênes du Burkina à un exécutif élu lors d'élections présidentielle et législatives dont le premier tour est prévu le 11 octobre.
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