A-t-on déjà vu quelque part dans le monde des élections libres, transparentes et crédibles se tenir sous très haute protection militaro-policière, sous la menace de grenades, de kalachnikovs et de fusils d’assaut ? C’est une singularité burundaise. Le régime de Pierre Nkurunziza vient de faire un passage en force en organisant, le 29 juin 2015, des élections législatives et communales des plus contestées et dans un contexte extrêmement tendu. Il a marché sur des dizaines de cadavres burundais, ignoré les revendications fondées de l’opposition et de la société civile burundaises, tourné en dérision les défections des personnalités de son parti et l’exil de centaines de milliers de ses concitoyens et enfin multiplié par zéro les appels, les mises en garde et la pression de la communauté internationale. C’est sûr, même si Dieu se mettait en travers de son chemin, le pasteur Nkurunziza l’aurait envoyé balader. On a eu ainsi affaire à un scrutin surréaliste, voulu par un pouvoir paranoïaque, qui a permis de satisfaire les désirs d’un assoiffé de pouvoir. Maintenant, quels résultats NKurunziza sortira-t-il de son laboratoire ? Pourrait-on se demander. La question est d’autant plus importante que par rapport aux conditions de la tenue des élections, ni l’Union africaine, pour une des rares fois dans son histoire, ni l’Union européenne (UE) n’ont envoyé d’observateurs. Toutes les missions internationales d’observations se sont retirées, mise à part l’ONU qui a toutefois précisé que la présence de ses observateurs ne doit pas être « interprétée comme une validation » du processus électoral imposé par le régime. A cela, il faut ajouter l’absence remarquée des journalistes, en particulier ceux des médias indépendants burundais, pris en chasse par le régime de Nkurunziza. Finalement, le pouvoir de Nkurunziza est juge et partie dans ces élections. En conséquence, il a tout le loisir de se « fabriquer » des chiffres.