« La protection d’un résultat de recherche ou d’invention est le tout premier acte de valorisation de celui-ci », disait Adama Zerbo, précédemment directeur général de la propriété industrielle. L’idée contenue dans cette assertion, ils sont peu les chercheurs, inventeurs et innovateurs à la connaître. Pas conséquemment outillés sur cette question de propriété intellectuelle, ils hésitent à protéger leurs inventions, leurs marques, leurs dessins et leurs modèles industriels. Des actions qui leur sont pourtant très bénéfiques. Pour combler cette lacune et permettre aux personnes concernées de pouvoir profiter pleinement de leurs œuvres, le Forum national de la recherche scientifique et des innovations technologiques, à travers le projet « Valorisation des résultats de recherche et des innovations au Burkina Faso », a organisé un atelier de formation sur la question de la propriété intellectuelle, à Koudougou. Cette rencontre, qui a réuni des chercheurs, inventeurs, innovateurs et acteurs de la valorisation de recherche, s’est déroulée du 12 au 14 mars 2013.
Il existe deux branches de la propriété intellectuelle, à savoir celle industrielle qui concerne le commerce, l’industrie et les technologies et la propriété du droit d’auteur qui porte sur la littérature et l’art. Pour ce qui est des chercheurs, inventeurs et innovateurs, c’est de la propriété industrielle qu’il est question. Et en la matière, les titres existants sont : les brevets, les marques, les dessins et modèles industriels, les indications géographiques, les modèles d’utilité, les noms commerciaux et l’obtention végétale. Des titres qui peuvent être obtenus à travers trois modes de procédés, selon le système de l’Organisation de la propriété intellectuelle (OAPI) : le dépôt direct d’une demande au siège de l’OAPI, le dépôt indirect à travers un intermédiaire qui peut être la direction générale de la propriété intellectuelle et le dépôt international. C’est par cet aperçu de la propriété intellectuelle fait par le conseiller des affaires économiques à la direction générale de la propriété intellectuelle qu’a débuté l’atelier de formation sur la protection des résultats de recherche, d’invention et d’innovation.
Le brevet peut être exploité à travers un contrat de licence ou une cession.
Une chose est de savoir quels sont les titres de propriété intellectuelle existants et comment les obtenir dans l’espace OAPI, une autre est de savoir comment les protéger. C’est sur ce deuxième volet que le conseiller des affaires économiques à la direction générale de la propriété intellectuelle, Habraham Somda, s’est entretenu avec les chercheurs, innovateurs et inventeurs à travers le thème : « Les procédures de protection de l’innovation dans l’espace OAPI ». Une communication qui s’est particulièrement axée sur les procédures de protection du brevet et du modèle d’utilité. Le brevet, une fois protégé, le propriétaire peut en tirer profit, a fait savoir Mahamadi Tassembédo. Une exploitation du brevet que le chercheur, inventeur, ou innovateur peut faire à travers un contrat de licence ou une cession de brevet. Tout en expliquant aux participants les stratégies d’exploitation de ce titre de propriété, le conseiller des affaires économiques leur a montrés les effets que peuvent produire un contrat de licence et une cession de brevet. En plus de ces communications, d’autres ont été données pour permettre aux participants à l’atelier de comprendre l’importance de la protection des résultats de la recherche. Des thèmes comme : « Les centres d’appui à la technologie et à l’innovation », « Les stratégies de recherche d’informations en matière de brevets », « Le financement de l’innovation : le Fonds d’appui à la promotion de l’innovation », « Le rôle du partenariat public-privé dans le transfert de connaissances », « L’importance de la propriété intellectuelle pour le développement économique, social et culturel d’un pays » ont tous été passés en revue au cours des trois jours de formation pour sensibiliser les participants sur la nécessité de protéger leurs technologies. On note qu’en plus de Mahamadi Tassembédo et de Habraham Somda, la formation a été assurée par le conseiller aux affaires économiques, Philippe Ouédraogo.
La réussite de l’entreprise KATO expliquée aux participants
Les communications ont été suivies avec beaucoup d’intérêts par les participants qui ont salué l’initiative de la formation et ont promis de mettre en pratique ce qu’ils ont appris. C’est par un témoignage d’une réussite de valorisation d’invention au Burkina Faso, le cas précis de l’entreprise KATO avec le broyeur polyvalent, que l’atelier a pris fin. Un témoignage édifiant fait par le président-directeur général de l’entreprise, Oumar Tibila Rouamba, qui a retracé son parcours dans le domaine de la recherche. Ce parcours parsemé de difficultés a été couronné de succès. En effet, Oumar Tibila est auteur de plusieurs inventions et innovations dont, entre autres, la décortiqueuse manuelle de noix de karité, le concasseur motorisé d’amende de karité et le broyeur polyvalent. Des technologies qu’il a protégées et pour lesquelles il bénéficie des avantages y afférentes. On note également que l’atelier a été ouvert et clôturé par le délégué général du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST), le Pr Basile Guissou. Ce dernier a, dans son discours d’ouverture, émis le souhait qu’après les trois jours d’échanges et de partage d’expériences, les participants renforcent leurs compétences afin de mieux mettre en œuvre dans leurs instituts, structures et entreprises, la démarche associant plus étroitement recherche, innovation, valorisation et protections juridique des résultats pour le bien-être des populations. Quant à la secrétaire permanente du FRSIT qui a suivi de bout en bout la formation, elle a remercié les participants ainsi que les formateurs pour leur disponibilité. Elle a invité les chercheurs, inventeurs et innovateurs à protéger leurs œuvres pour non seulement leur bien-être mais aussi pour le développement social, culturel et économique du Burkina.