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"Il ne peut avoir de lutte de classe entre agents de santé sur les décombres des malades agonisants"
Publié le samedi 27 juin 2015  |  L`Observateur Paalga
CHU
© Autre presse
CHU Yalgado Ouédraogo ( CHU YO )




Nous vous proposons cette déclaration du Syndicat des Médecins du Burkina qui jette un regard sur le système sanitaire burkinabè en mettant l’accès sur les difficultés que vivent le personnel de santé.

Le Syndicat des Médecins du Burkina à travers cette déclaration se veut avant-gardiste face au grand risque de déliquescence de notre système de santé. Nous voudrions attirer l’attention de l’opinion publique et des autorités de la transition sur ce que nous appelons la prise en otage de l’administration déconcentrée du secteur de la santé, le plus souvent dirigée par des médecins (médecins chefs de districts).

Cette prise en otage est très dangereuse dans le sens ou certains agents poussent l’outrecuidance jusqu’à mettre les populations de notre chère patrie en danger, mieux, leurs attitudes portent atteinte à la sécurité sanitaire publique par le blocage du Télégramme lettre officielle hebdomadaire (TLOH).

Les TLOH constituent l’outil stratégique d’un Etat qui permet de faire une veille sanitaire et d’apporter des réponses rapides et vigoureuses aux épidémies (méningites choléra, grippe aviaire, etc.). Cette information obligatoire doit être remontée chaque lundi depuis les centres de santés et de promotions sociales (CSPS) jusqu’au niveau central. Imaginez que des agents de santé pour des querelles byzantines bloquent cette information et que par malchance, le pays est envahi d’une épidémie, sans qu’une réponse idoine soit apportée par défaut de données fiables.

Le SYMEB déplore aussi le fait que des blocs opératoires soient fermés pour des jérémiades sans fondement, pendant qu’il existe des ressources humaines à même de faire fonctionner ses blocs opératoires, pour réaliser des césariennes et sauver des femmes qui meurent en donnant la vie.

Il est devenu quasi normal de voir dans la presse et sur le terrain des frondes pour demander le départ de tel médecin, çà et là. Nous dénombrons environs une dizaine de structures de santé durant cette transition en proie à des situations alambiquées de ce genre, et souvent pour des raisons assez subjectives que fallacieuses qui cachent des raisons objectives liées à la mise en œuvre des pouvoirs discrétionnaires et objectives des responsables de structures administratives. En l’occurrence le management des ressources humaines et de la logistique. Aux nombres des raisons de demande de départ, on note :

- Il ne salue pas les gens, il est zélé, Ils ne nous aident pas
- Il n’a pas une bonne communication, Il ne respecte pas les gens
- Il refuse de nous signer un certificat administratif pour nous permettre d’avoir des indemnités de logement (les intéressées étant logées dans des bâtiments administratifs)
- Il refuse de vider ses collègues médecins qui, nous ont du reste précédés dans le logement pour nous remettre, lesdits logements en tant que nouveaux agents venant d’arriver
- Il a nommé un infirmier chef de poste (ICP) plus jeune dans un CSPS
- Sa gestion n’est pas transparente ce, malgré un contrôle de l’ASCE sans irrégularités majeures constatées, et des indicateurs de performances au vert
- Puis nous nous perdons à égrener le long chapelet des raisons subjectives
Le SYMEB tient à préciser que ce raz le bol ne vise pas spécifiquement un corps, que ce soit un médecin ou un paramédical qui de par ses comportements porte atteinte à la santé publique et partant de là nos vies, trouvera le SYMEB sur son chemin, cela d’autant plus que les agents de santé que nous sommes, sont les plus vulnérables aux épidémies (cf. Guinée Conakry, Séria-Leone et Liberia).

Parmi les agents de santé il n’y a ni ouvrier ni patron ni gens de la plèbe ni noble nous sommes des personnes toutes complémentaires chacune avec sa spécificité, il n’y a pas non plus conflit de compétence, car les emplois sont bien distincts. Aussi la délégation de prescription ne doit pas susciter des amalgames dans le sens d’un conflit de compétences entre agents.

Au demeurant nous restons fermement attachés au droit de grève qui est un droit fondamental pour les travailleurs, l’Etat se doit de garantir ce droit à tous les travailleurs. Cependant le SYMEB tient également à marteler que les vies humaines de nos populations sont à protéger en cas de grève.

Aussi les contentieux administratifs doivent se régler devant le juge administratif compètent qui pourra annuler tous actes règlementaires teintés d’un excès de pouvoir de l’exécutif central ou déconcentré . Après épuisement des voies de droits, si un agent estime toujours être lésé, il lui est loisible d’opter pour d’autre forme de lutte. Ainsi que nous construirons ensemble l’Etat de droit.

Le SYMEB invite ses militants à privilégier les conciliations entre agents de santé et à défaut, se livre à la décision du juge administratif, avant d’user à juste titre d’autres formes de luttes, cela dans l’intérêt des populations qui demeurent les premières victimes de nos conflits.

Aussi nous invitons nos militants à renforcer la cohésion avec les autres syndicats de la santé (le Syndicat des Pharmaciens, le SYNTSHA, le SAIB, le Syndicat des sages-femmes). Au-delà de nos revendications spécifiques en tant que médecins nous nous devons de se tenir prêt pour des luttes communes liées à des aspects transversaux du secteur de la santé, voir national.

Le problème des ressources humaines qualifié se pose avec acuité, en ce qui concerne l’anesthésie- réanimation (Ouagadougou et Bobo-Dioulasso sont les villes desservies en médecins anesthésistes et réanimateurs), spécialité indispensable pour réaliser une intervention chirurgicale. Le Burkina Faso connait un désert médical en la matière avec une saignée vers l’extérieur de façon constante.

A l’image des médecins généralistes à compétence de chirurgie d’urgence, n’est-il pas temps de penser aux médecins généralistes à compétences d’anesthésie en accompagnant les universités et les CHU pour leurs formations?

Cela aura l’avantage de constituer un binôme nécessaire pour sauver les femmes et les hommes qui meurent de pathologies urgentes chirurgicales et Gynécologiques. Dans nos formations sanitaires périphériques ne disposant ni médecins chirurgien ni médecins gynécologue ni médecins anesthésistes réanimateur.

Par ailleurs le SYMEB félicite les forces de défenses et de sécurités pour le travail patriotique qu’ils mènent pour débusquer les faussaires et contrebandiers qui nous empoisonnent de jour en jour. Nous constatons aussi avec amertume que les dispositions législatives punissant ses délits voir ses crimes sont peu, ou pas du tout dissuasives.

De l’affaire Obouf passant aux huiles, aux vinaigres à la javel, terminant par les pâtes alimentaires, nous constatons que le jeu de la contrefaçon en vaut la chandelle pour ses faussaires. Nous demandons donc à Madame la Ministre Garde des sceaux d’introduire un projet de Loi modificative du Code pénal au but de durcir les peines voir criminaliser les contrefaçons et la vente de produits périmés. Ainsi nous espérons éviter que la santé de nos populations ne se retrouve a la croisé des chemins.

Non à la désacralisation et à la banalisation de la vie humaine sous l’hôtel de nos ego!

Non à la lutte des classes entre agents de santé!

Soyons des médecins dignes et intègres !

Le Bureau Exécutif National du SYMEB
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