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L’Observateur N° 7379 du 20/3/2013

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Situation a l’université : Le PA.RE.N met en garde contre une implosion imminente
Publié le jeudi 21 mars 2013   |  L’Observateur


Tahirou
© Autre presse par DR
Tahirou Barry, Président du PAREN


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Suite à la visite mouvementée du Premier ministre à l’université de Ouagadougou, nous avons reçu du Parti de la renaissance nationale (PAREN) la déclaration suivante que nous vous proposons in extenso.

Le Premier ministre du Burkina Faso, monsieur Luc Adolphe Tiao, s’est une fois de plus livré à son jeu favori : faire du spectacle et du bruit pour ne rien faire face aux préoccupations du peuple.

Après avoir reçu l’onction et la bénédiction aveugle de la représentation nationale le 30 janvier dernier par 96 votes favorables, 29 abstentions et 2 contre a l’issue de son long, creux et soporifique discours de politique générale, «le fraichement élu national de la province du Sanguié» vient de faire à l’université l’amère expérience du décalage criard entre l’état de la nation ressassé à longueur de journée dans les salons feutrés et l’état réel du peuple.

Ce lundi 18 mars 2013 est un jour riche en symbole qui ne doit laisser aucun Burkinabè indiffèrent.

En humiliant un premier ministre d’une nation, véritable symbole de la puissance publique dans le face-à-face qu’il a voulu expérimenté sans trop y croire, les étudiants Burkinabè avec franchise n’ont fait qu’exprime leur ras le bol général face à la souffrance qu’ils vivent en silence dans une indifférence quasi généralisée. Cette réaction dans un amphithéâtre privé à deux reprises d’électricité n’est que la pointe effilée d’un iceberg de mécontentement et de désespoir rampant au sein de tout le peuple Burkinabè. Et ce n’est pas ces pseudo élections verrouillées à tous les niveaux et frisant le «césarisme démocratique» qui masqueront durablement la réalité.

« Où se trouve la valorisation du capital humain ?»

En cette chaude matinée du 18 mars, «notre légitime Premier ministre» est tombé dans une embuscade que son régime a contribué à construire avec soin. L’état des lieux est effrayant et effarant :

- 68 796 étudiants pour 16 483 places assises et environs 500 enseignants démotivés ;

- Système LMD mort né ;

- 10 000 repas contingentés, moins de 4000 boursiers, quelques bénéficiaires d’une aide de 150 000 F et d’un prêt sans autre choix ;

- Système de transport et de santé défaillant ;

- Qualité de l’enseignement piètre avec en prime un chômage programme en fin de formation du fait de l’inadaptation entre offre d’emploi et formation.

Où se trouve la valorisation du capital humain débité durant tout le quinquennat 2005-2010 ? Et ce n’est pas les deux bourses d’études aux allures de «campagne gouvernementale post électorale» de monsieur Tiao promis aux étudiants de droit qui arrêteront la descente aux enfers de l’institution universitaire.

Ce qui est révoltant, c’est l’absence totale de planification dans la gestion de l’éducation. La course vers la scolarisation massive au primaire n’est pas accompagnée par des mesures d’accueil conséquentes des sortants au niveau secondaire et du supérieur. De 2000 à 2011, les effectifs à l’université ont été multipliés par 8.5 soit de 8 000 à 68 796 étudiants. Pendant ce temps, les dernières constructions d’amphi remontent à 2006 avec la construction des deux amphithéâtres libyens. Ne dit-on pas que gouverner, c’est prévoir ?

Le PAREN reste constant dans sa vision de la politique de l’éducation.

Le PAREN reste convaincu que l’éducation est le facteur numéro 1 du développement économique.

La performance de l’homme dans toutes ses activités dépend de ses qualifications. Des études faites sur l’économie des quatre dragons de l’Asie ont prouvé l’importance de la connaissance dans tout processus de développement. Pour réhabiliter durablement la politique éducative de notre pays, le PAREN a toujours proposé :

- la distinction au secondaire entre deux filières parallèles de formation, à savoir une filière générale et une filière professionnelle ou technique avec des passerelles subtiles d’accès ;

- La professionnalisation des filières à l’université ;

- La revalorisation du statut des enseignants et la construction d’infrastructures nécessaires ;

- L’octroi de bourses d’étude à tous les étudiants.

Ces mesures ne sont point de la démagogie. En réduisant de façon drastique les dépenses actuelles de fonctionnement de l’Etat de moitié soit de 120 milliards à moins de 60 milliards (suppressions des institutions et ministères superflus, réduction du nombre de députés), en récupérant les fonds de l’Etat détournés estimés à des milliards par une politique sans complaisance de lutte contre la délinquance économique et en taxant les plus riches (Taxe sur la vignette auto),on peut affecter une bourse de 40 000 F CFA pour 11 mois à 60 000 étudiants soit 26,4 milliards de F CFA et affecter une partie des fonds à la valorisation du statut des enseignants ainsi qu’ à la construction des infrastructures nécessaires.

Frères et sœurs,

Chaque Burkinabè scolarisé a été forcé par son maitre à réciter les belles maximes de Victor Hugo à l’école primaire au regard de sa force véridique : «Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne…L’ignorance est la nuit qui commence l’abime…l’école est sanctuaire autant que la chapelle».

Si nous voulons éviter une véritable implosion imminente à l’université qui a tous les traits d’une poudrière, méditons sincèrement ces paroles fortes de Victor Hugo et cessons de jouer avec l’avenir de plusieurs générations des fils de ce pays.

Tahirou Barry

Président du PAREN

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