Retour du service militaire: les autorités espèrent lutter contre l’incivisme

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Publié le mercredi 24 juin 2015 | FasoZine

© Autre presse par DR
Burkina: revoilà le service militaire

Vingt-cinq ans après sa suppression, le service militaire effectue son retour au Burkina. Cette année 2015, 5 000 jeunes de 18 à 30 ans sont appelés à effectuer leur service militaire. Les détails de l’opération, ainsi que celles de la mesure de revalorisation des pécules des appelés du Service national de développement (SND) ont été expliqués à la presse ce mardi 23 juin 2015 à Ouagadougou, par les responsables du SND.

Le service national a été institué au Burkina Faso en 1984 sous la dénomination de Service national populaire (SNP). En 1990, il se délestait de sa phase militaire, en raison de variables économiques et stratégiques. 25 ans après, les autorités de la Transitions décident de le réinstaurer, sur la base du volontariat.

Le 18 juin dernier, le gouvernement a adopté, lors d’un conseil des ministres tenu à Gaoua en marge de la rencontre entre le chef de l’Etat et la jeunesse, un décret portant autorisation de recrutement annuel et de formation civique et militaire initiale de jeunes burkinabè. Le gouvernement expliquait cette mesure par le souci de renforcer les valeurs morales, l’esprit civique et militaire et la fibre patriotique chez les jeunes.

Colonie de vacances
Le colonel Amadou Dabré, directeur général du SND et ses collaborateurs ne disent pas autre chose lorsqu’ils dépeignent la situation actuelle. « De plus en plus, notent-ils, notre société est confrontée à l’incivisme, à l’intolérance, à la défiance de l’autorité ». Autant de comportements qui, d’après eux, « mettent à mal la cohésion sociale si chère à notre Nation encore en construction ».

De l’avis du colonel Dabré, l’un des remèdes à cette situation est la formation civique et militaire, qu’il conçoit comme « une étape essentielle dans le parcours de la citoyenneté ». L’officier se dit convaincu qu’en passant entre les mains des militaires pendant 45 jours les jeunes pourront renforcer leur esprit civique, leur fibre patriotique, améliorer le lien armée-Nation, affermir leur esprit de discipline, de rigueur et de goût de l’effort et cultiver l’esprit de solidarité, de tolérance et le sens du vouloir vivre ensemble, etc.

« Si vous amenez des gens du nord du pays à vivre pendant 45 jours avec ceux du Sud, vous renforcez leur esprit d’appartenance à un même pays. Cela forge des valeurs de solidarité qui sont renforcées par les épreuves qu’ils auront à affronter ensemble », fait remarquer le DG du SND.

En outre, les notions de secourisme, de droit humanitaire et sur les questions sécuritaires qui seront dispensées aux appelés constitueront « un plus pour l’individu, sa famille et pour toute la Nation », se réjouit le colonel Dabré.

Que ceux qui vont postuler et qui croiront aller en « colonie de vacances » s’abstiennent. Ce sera une formation militaire. Une vraie. « Les 45 jours vont être mis à profit. Ce ne sera pas une villégiature. Il y en a qui estiment que la période est trop courte. Ils oublient que même les nuits seront mises à profit », prévient l’officier supérieur de l’armée.

Revalorisation des pécules
L’opération débute cette année et les recrutements se feront du 29 juin au 13 juillet. Selon les prévisions, 5 000 jeunes de 18 à 30 ans seront recrutés et formés pendant 45 jours dans les Centres de formation et de production du SND et dans certaines garnisons militaires. « Ce recrutement se fera selon des quotas par région, comme le fait d’habitude l’armée », précise Amadou Dabré.

L’autre point de la conférence a porté sur la revalorisation des pécules des appelés salariés du Service national pour le développement. Désormais, au lieu des 40 000 FCFA servis, les 7074 appelés salariés de 2015 -dont 6300 du ministère de l’Education nationale- vont percevoir les 2/3 de leur salaire.

« Cette revalorisation va permettre aux appelés salariés de connaitre de meilleures conditions de travail et de vie », commente le colonel Dabré, qui fait remarquer que « la plupart des appelés salariés ressentaient cette obligation patriotique comme un lourd fardeau que leur imposait l’Etat ».

La mesure va faire perdre à l’Etat « un montant non négligeable ». Si elle était appliquée depuis deux ans, le Trésor public perdrait 13 milliards pour l’année 2013 et plus de 14 milliards en 2014. Mais l’avantage est qu’elle permettra au SND de ratisser encore plus large et de convaincre des salariés du privé d’adhérer à cette mesure patriotique.

A signaler que les fonctionnaires qui effectueront les 45 jours de stage militaire seront dispensés des 12 mois de SND.

DTS