Le Programme d’appui aux filières agro-sylvo pastorales (PAFASP) a organisé, le jeudi 11 juin 2015, une caravane de presse sur les infrastructures de mise en marché de la mangue fraîche et séchée, ainsi que pour la promotion des vergers modernes sous irrigation. Une sortie-terrain qui a permis aux hommes de médias de toucher du doigt l’accompagnement du Programme aux différents acteurs de la filière mangue.
Le Programme d’appui aux filières agro-sylvo-pastorales (PAFASP), mis en place par le gouvernement burkinabè depuis 2007 avec l’accompagnement financier de la Banque mondiale (BM), fait des heureux dans l’univers de la production, de la transformation et de la commercialisation de la mangue dans l’Ouest du Burkina Faso. Une caravane de presse organisée à cet effet, a touché du doigt les retombées tangibles pour les différents acteurs intervenant dans la filière mangue, le 11 juin 2015. Les statistiques en termes de production, de transformation et commercialisation fournies par les services du Programme, parlent d’elles-mêmes. La production de la mangue fraîche est passée de 337 000 tonnes en 2008 à plus de 404 000 tonnes en 2014. Les estimations des superficies de vergers, soit 33 700 hectares sur l’ensemble du pays, donnent aussi des motifs de satisfaction pour les opérateurs. Cette filière rapporte annuellement au Burkina Faso, selon le président de l’interprofession mangue, Paul Ouédraogo, 12 milliards de francs CFA. Les acteurs rencontrés sur le terrain dans les localités de Toussiana, Orodara et Bobo-Dioulasso, reconnaissent le coup de pouce du PAFASP dans les différents segments de la filière mangue depuis 2007. « Le Programme a permis l’organisation, la structuration interprofessionnelle et l’augmentation des rendements des vergers. A cela, il faut ajouter la promotion de la mangue séchée, la mise aux normes et l’amélioration des stations de conditionnement. L’intervention du PAFASP a accru sensiblement la commercialisation de la mangue vers l’extérieur, grâce à la confiance que nous avons pu acquérir auprès de nos partenaires à l’extérieur », a souligné la transformatrice de Toussiana, Christiane Coulibaly.
La mangue séchée burkinabè, reine à l’international
Les acteurs de la transformation de la mangue séchée reconnaissent que l’intervention du PAFASP a permis d’améliorer les normes de qualité indispensable pour la pénétration du marché extérieur. La promotrice, Christiane Coulibaly de Toussiana est un exemple vivant de cette réussite dans la transformation et l’exportation de la mangue séchée. Cette entrepreneure va bénéficier déjà en 2008, d’une subvention de 5 700 000 F CFA du PAFASP. Ce geste sera le début d’une longue complicité qui va faire de la promotrice une vitrine de l’exportation de la mangue séchée. « J’ai trois unités de transformation de la mangue fraîche en mangue séchée à Toussiana. La première est équipée de 11 séchoirs de type Attesta, la deuxième de 24 séchoirs et la troisième unité, de 22 séchoirs Attesta… Et de deux séchoirs tunnels », a confié Mme Coulibaly. Aussi a-t-elle fait savoir que les séchoirs tunnels, qui sont une technologie sud africaine, ont été rendus possibles grâce à l’appui financier du PAFASP. « Le premier tunnel acquis en 2011 avec un appui du PAFASP à hauteur de 28 millions de F CFA, a coûté au total 35 millions, et le deuxième en 2014 a été obtenu avec un apport de 15 millions du Programme pour un coût d’acquisition de 27 millions de F CFA. L’introduction de la technologie des tunnels a permis l’augmentation des quantités produites, d’améliorer la qualité du produit fini et de réduire sensiblement la pénibilité du travail», a insisté Mme Coulibaly. Pour elle, sa production par campagne va de façon croissante. De 50 tonnes par saison de mangue séchée, elle fait depuis l’acquisition des tunnels, 56 tonnes en 2012, 75 tonnes en 2013 et 110 tonnes en 2014. Pour cette campagne, elle ambitionne atteindre 120 tonnes de mangue séchée. Cette promotrice qui constitue un exemple de réussite a confié aux journalistes qu’elle emploie comme personnel, 11 permanents et plus de 500 saisonniers.
L’autre défi
Le PAFASP intervient également dans la promotion de vergers modernes qui répondent aux normes de qualité internationale et la lutte contre les parasites et les insectes nuisibles du manguier, en particulier les mouches de fruits qui ruinent les producteurs. Sur la question de la lutte contre les mouches de fruits, le président de l’interprofession de la filière mangue, Paul Ouédraogo, reconnaît les efforts du Programme pour que les producteurs vivent effectivement de leurs efforts sans grandes pertes. Selon lui, le soutien du Programme a été déterminant pour que notre pays soit cité en exemple dans la sous-région en termes de qualité des mangues exportées. Des pays voisins comme le Bénin, le Togo ou la Côte d’Ivoire, à en croire Paul Ouédraogo, sont venus en voyage d’études au Burkina Faso pour s’enrichir « de notre savoir-faire et de notre expérience ». « Le PAFASP a contribué à réduire le taux d’infestation des vergers ainsi que la formation des acteurs sur la détection et le traitement phytosanitaires. Sans traitement adéquat, les pertes peuvent se chiffrer jusqu’à 100% pour le producteur », a-t-il ajouté. En partenariat avec l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA), des actions de lutte contre la mouche des fruits ont été aussi menées au profit des producteurs et des techniciens, à travers un processus de renforcement de capacités techniques. Il s’agit principalement de la conception et la vulgarisation de guide didactique de reconnaissance des mouches de fruits, la lutte contre les mouches par la pose de pièges et la mise en place d’une brigade de traitement de 300 personnes équipées pour le traitement des vergers. Dans cette dynamique, le PAFASP a apporté son soutien pour l’utilisation de méthodes sanitaires, et facilité l’acquisition de 25 000 litres de « SUCCESS APPAT », un produit autorisé pour le traitement biologique au profit des producteurs. Etendu sur 34 hectares, le verger moderne de Samuel Douamba, à Dodougou (35 km de Bobo-Dioulasso) a été aussi une attraction pour les journalistes. Un voyage d’étude au Pérou avec le soutien du PAFASP lui a permis de s’inspirer de l’expérience péruvienne en matière d’irrigation de vergers. Il a pu ainsi irriguer 10 ha de son verger grâce à une subvention de 19 millions de francs CFA. Son ambition est d’en faire autant pour toute sa « mangueraie », c’est-à-dire les 34 ha avec la technologie du goutte-à-goutte d’ici à 2020.
La contribution à la certification des mangues fraîches à l’exportation
Les hommes de médias de la caravane de presse ont pu également toucher du doigt les grands chantiers de la chaîne de conditionnement des mangues fraîches pour ravitailler le marché extérieur. Pour les principaux acteurs de cette chaine à l’exportation, le Programme a joué un rôle de premier plan pour que la mangue burkinabè soit bien appréciée en Europe, en Asie et dans les pays du Maghreb. Au terminal fruitier de Bobo-Dioulasso, les responsables saluent l’intervention du PAFASP. Un appui de 180 millions de francs CFA a permis la réhabilitation de ce terminal pour répondre aux exigences de qualité et de traçabilité indispensable pour l’exportation de la mangue. Dans le cadre du renforcement des capacités des acteurs de la filière, plus de 150 acteurs et agents du centre de conditionnement ont pu bénéficier de formation sur les techniques d’entretien des vergers et les techniques de tri, de conditionnement et de bonnes pratiques d’hygiène. « L’appui du Programme a beaucoup contribué à l’amélioration et à l’atteinte des normes et les standards internationaux. Cette aide du Programme a permis à notre structure d’avoir les certificats nécessaires pour l’exportation de la mangue à l’international des normes et standards internationaux», a indiqué le directeur général du terminal fruitier, Nouhoun Barro. Au Ranch du Koba, unité de conditionnement et d’exportation de la mangue également installée à Bobo-Dioulasso, un appui du PAFASP de 578 millions de F CFA a permis de renforcer les capacités productives de l’unité, et la mise aux normes de ses installations. « Ces différents équipements nous ont permis d’augmenter notre capacité productive de 10 à 50 tonnes /jour, et d’améliorer la qualité de nos produits », a admis le directeur général du Ranch du Koba, Issiaka Bougoum.
Moussa CONGO