Ouagadougou - Le parquet a annoncé mardi s’être pourvu en cassation contre le verdict très clément prononcé samedi à l’encontre de l’ancien patron des douanes du Burkina Faso, condamné à deux ans avec sursis pour des faits de corruption portant sur plus d’un million d’euros.
"J’ai décidé de former aujourd’hui-même (mardi) un pourvoi en cassation", a déclaré à l’AFP Laurent Poda, le procureur général de la Cour d’appel de Ouagadougou, où s’est tenu le procès en assises.
"Franchement, M. Guiro ne peut pas bénéficier de circonstances atténuantes", s’est-il insurgé, ajoutant qu’"un certain nombre de règles ont été violées" durant le procès, démarré jeudi.
Ousmane Guiro, 62 ans, dont le salaire s’élevait en 2013 à moins de 500.000 francs CFA (763 euros), avait été arrêté le 31 décembre 2011 après la découverte de 1,9 milliard de FCFA (environ 2,9 millions d’euros) en espèces, caché dans des cantines chez l’un de ses proches.
La Cour d’assises de Ouagadougou, lui reconnaissant des "circonstances atténuantes", l’a condamné samedi à deux ans de prison avec sursis pour "des faits de corruption" évalués à 900 millions de francs CFA (environ 1,37 million d’euros).
La peine, assortie d’une confiscation de ses biens à hauteur de 900
millions de FCFA, est très en-deçà des réquisitions du parquet, qui avait
notamment demandé 10 ans de prison ferme, la confiscation de l’intégralité des
2,9 millions d’euros saisis et de la plupart de ses biens.
L’ancien directeur général des douanes sous Blaise Compaoré, qui dispose
également de biens immobiliers estimés à plus de 750 millions de FCFA (1,145
million d’euros), avait plaidé "non coupable" durant le procès. Il a été remis
en liberté dimanche.
Accusé de "corruption, enrichissement illicite et violation de la
réglementation liée aux changes", il risquait jusqu’à 20 ans de réclusion.
L’impunité et la corruption constituaient les principaux griefs de la
population à l’encontre du régime du président Blaise Compaoré, chassé par la
rue le 31 octobre après 27 ans de règne.
Le cas de l’ancien patron des douanes est emblématique au Burkina, où les
nouvelles autorités ont mis l’accent sur la bonne gouvernance.
Le président Michel Kafando s’est plusieurs fois indigné du fait que
"quelqu’un comme Ousmane Guiro puisse toujours être dehors".
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