La Commission de la réconciliation nationale et des réformes (CRNR) a organisé une conférence de presse, le lundi 22 juin 2015 à Ouagadougou, pour faire le bilan à mi-parcours de ses travaux. Elle entend remettre son rapport final au Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, le 13 août prochain.
«La commission a reçu 95 dossiers individuels de crimes de sang, des dossiers concernant au total 1656 cas de contentieux administratifs et militaires, de carrières brisées et de sévices. Par ailleurs, des dossiers déposés ont trait à un total de 250 personnes victimes de crimes ou d’injustices économiques et un dossier collectif de 7000 personnes victimes des dégâts et pillages en marge de l’insurrection populaire d’octobre 2014». Telle est la substance du message livré aux hommes de médias par le président de la Commission de la réconciliation nationale et des réformes (CRNR), Mgr Paul Ouédraogo, le lundi 22 juin 2015, à Ouagadougou.
En clair, l’ensemble des travaux entrepris par la commission ouvre impérativement des voies à un renouveau dans plusieurs domaines. « Les résultats de la large consultation nationale, les éclairages obtenus des entretiens et les ateliers de réflexion, appuyés par la recherche documentaire et des analyses systématiques ont servi à élaborer l’état des lieux et à bâtir des recommandations de réformes dans les différents domaines de la mission de la CRNR », a expliqué Mgr Paul Ouédraogo. Il a indiqué que les rapports provisoires des sous-commisions vont être prochainement l’objet de discussions en vue d’une adoption consensuelle des réformes. «Le rapport de la CRNR sera une consolidation des analyses et recommandations de toutes les sous-commissions et sera disponible dès le 13 août 2015 », a-t-il précisé. Comme réformes, la commission entend proposer une charte de la réconciliation qui définit « les chemins du renouveau par la vérité, la justice et le pardon.»
Aux dires du président de la CRNR, d’autres réformes aux niveaux constitutionnel, institutionnel et politique seront proposées. « La CRNR proposera également plusieurs recommandations fortes dans les domaines de la réduction du train de vie de l’Etat, de la gestion et du contrôle des finances publiques, de la promotion de l’intégrité, de la santé, de l’éducation, de l’énergie, du foncier rural urbain, de la vie chère, de l’environnement et de l’eau, de l’économie, de l’artisanat et des secteurs stratégiques du développement », a énuméré Mgr Paul Ouédraogo. Les voies du renouveau dans les domaines des médias, de l’information, du cinéma et des archives audiovisuelles seront par ailleurs envisagées.
De larges consultations
Pour la collecte d’informations et de propositions de réformes, la CRNR a initié de larges consultations ouvertes « aux différentes opinions, sensibilités, diversités, expertises et expériences » et un travail d’entretien auprès des acteurs de la société et de personnes-ressources. Le premier volet de la consultation a permis à la commission de recevoir à la date du 1er juin 2015, 825 fiches issues des 13 régions du pays. En dépit du délai de la clôture de réception, d’autres fiches continuent de parvenir à la CRNR. Pour ce qui est du deuxième volet des consultations, la CRNR a, selon Mgr Paul Ouédraogo, conduit plus de 200 entretiens individuels et une trentaine de focus group qui ont concerné plus de 600 personnes. D’autres travaux sont venus compléter ce travail consultatif.
« Des ateliers spécifiques ont rassemblé, autour des thématiques de l’information et des médias, des injustices et inégalités ainsi que des réformes constitutionnelles, des personnes -ressources de référence qui ont apporté leur expertise, expérience et sagesse aux travaux de la CRNR », a ajouté le président de la commission. Il a exprimé sa gratitude aux centaines de personnes qui se sont ouvertes à la commission pour partager les maux de la nation et alimenter la réflexion pour le renouveau. « La commission a bénéficié de la grande confiance de la société burkinabè qui s’est largement confiée à elle tant dans ses peines et douleurs que dans ses espoirs et désirs de renouveau », a-t-il dit. Quelles ont été les difficultés de la CRNR ? Ont demandé les journalistes. Mgr Paul Ouédraogo, tout en les minimisant, a évoqué le retard dans le démarrage des travaux, les problèmes de logistique et les lourdeurs administratives.
Karim BADOLO
Florence ZONGO
(Stagiaire)