Il faut être né un 11 Septembre pour le savoir. Eddie Komboïgo, mon frère VIERGE de par la volonté des étoiles le sait. Chaque année, à la mi Juin nous avons les nerfs en boule. Comme moi aujourd’hui. Dès l’aurore j’avais envie de tout mettre en morceaux. Envie de casser de la gueule.
Assis tout seul à « L’Académie » je sentais que j’allais bientôt assouvir mon envie de faire le coup de poing. En attendant, je passais le temps à former le poing et à cogner dans le vide. Comme ça : pan ! Ça me démangeait. Comment fais-tu, mon cher Eddie quand ça te prend et que tu n’as personne à boxer ?
C’est alors que je le vis venir. J’ai su tout de suite que ce n’était pas un Mochichi du Mosstenga central. Le teint était plus moitié Ganzourgou que moitié Zoundwéogho.
Les gens disent que Roch n’a pas le teint Mochichi. Les gens oublient que Roch n’a pas été nourri au babenda. Roch a grandi à la Cité BCEAO de Pikine. Là-bas c’était le keppgane et le maffé qui n’ont rien à voir avec le babenda encore moins le crapaud au rabilé.
Donc, le type, avant même de parvenir à ma table, s’écria :
- Toégui, y a de la bonne salade !
Très bien. Voilà quelqu’un qui est venu chercher ma bouche. On ne pourra pas dire que c’est moi qui l’ai cogné le premier. Je me levai, pris mon air des mauvais jours et lui demandai :
- Vous dites ?
Il ricana en disant :
- J’ai dit Toégui, y a de la bonne salade.
- C’est à moi vous dites ça ? Répétez voir !
Il fit hihihi ! et redit :
- Toégui y a de la bonne salade !
- Très bien ! Je vais porter plainte contre vous. Outrage à élucubreur…
Il fit hi hi hi !
-Article 362 du code pénal, je précisai.
- Hi hi hi ! Toégui y a de la bonne salade !
- Vous persistez ?
- Hi hi hi ! Toégui y a de la bonne salade !
- Je vous amènerai à la police.
- Hi hi hi ! Toégui y a de la bonne salade !
- Puis chez les pandores .
- Hi hi hi ! Toégui y a de la bonne salade !
- Puis au Parquet.
- Hi hi hi ! Toégui y a de la bonne salade !
- Je vous mettrai en garde à vue.
- Hi hi hi ! Toégui y a de la bonne salade !
- Faites votre mea culpa et je laisse tomber.
- Toégui y a de la bonne salade !
- Demandez-moi pardon pendant qu’il en est encore temps.
- Toégui y a de la bonne salade
- Eh bien, il vous en cuira.
Suite aux élucus de mardi passé, ANTA m’a appelé pour me dire :
- Toégui, je n’ai pas bien compris tes élucus. Qu’est-ce que ça veut dire, Marie y a de la bonne salade ?
C’est pas croyable. Et dire qu’elle connaît toute la civilisation Gréco-Romaine ! J’ai dû lui expliquer en Français facile, qu’il s’agissait d’un gars qui, chaque fois invitait son épouse Marie à regagner la chambre conjugale pour une partie de Kienka Yika. Et voilà ce qu’elle m’a répondu la ANTA :
- Toégui, il est c… ton type. Il n’avait qu’à entrer dans la chambre et dire à sa femme : Marie couche toi là.
Pardon ? Qu’est-ce que vous dites ? Verdict de quoi ? Procès de quoi ? Cantines de quoi ? Allez, circulez ! Je ne m’appelle pas Luc Marius Ibriga.
Tiens tiens ! Vous avez vu le Président Michel Kafando à la Nuit du coton à Bobo ? Il était habillé en Isaac Zida. Et il avait l’air d’un RSP en civil.
Parfois je me demande quelle tête feraient nos députés si un matin, ils aperçoivent Sy Chériff au perchoir habillé en Isaac Zida…
En attendant, c’est Djibril Bassolet que l’on a découvert la fois passée à Sebba, habillé en Sy Chériff.
Ainsi, en application d’une loi du CNT, le CSC a décidé unilatéralement de gâcher notre 20 Heures pour compter du Dimanche 21 Juin jusqu’au 18 septembre inclus. Trois mois de JT sans la séquence « Campagne électorale ». Trois mois de JT monotone.
Cette décision est d’autant regrettable qu’elle arrive à un moment où nous commencions à faire la connaissance de nos candidats Indépendants. C’est toujours agréable de découvrir un «nouveau-présumé futur Président du Faso». Même si parfois c’est à se demander si le Monsieur ou la Madame qui s’exprime à la télé a toute sa tête. Même si parfois c’est à se demander si «l’autoproclamé-futur Président du Faso» ne nous prend pas pour des crétins. Même si certaines promesses prêtent plutôt à pleurer qu’à rire.
Et puis cette loi du CNT, j’avoue ne pas bien comprendre certaines de ses dispositions. Je dirais même que j’y perds mes élucus.
Cette soit-disante « campagne déguisée », parlons-en. Contrairement à ce que beaucoup laissent croire, tout le monde sait ce que c’est qu’une campagne déguisée. Lorsque Zéphirin Diabré est allé promettre un Dubaï aux commerçants de Pouytenga, il a fait une campagne déguisée. Lorsque Salif Diallo est allé au Centre-Est pour appeler à la création de brigades d’enrôlement pour faire du porte à porte ou du case à case, il a fait une campagne déguisée. Lorsque Djibril Bassolé a promis un emploi décent à tous les jeunes du Burkina il a fait une campagne déguisée. Lorsque Saran Sérémé retourne au Sourou-Nayala pour remercier ses parents, c’est une campagne déguisée.
Une campagne déguisée n’est pas un problème en soi. Un parti politique qui ne se livre pas à une campagne déguisée pourrait n’avoir que ses bulletins de vote pour pleurer à l’issue des élections.
Tout le monde comprend aussi que la décision du législateur au sujet de la campagne déguisée traduit la volonté de réduire les activités des partis politiques à l’approche de la date du 11 octobre afin de mettre les différents candidats sur un pied d’égalité. Mais c’est une intention discutable si on tient compte de notre contexte particulier. On vient de le voir, avant la publication de la directive du CSC, des partis politiques ont fait une campagne déguisée. Certains même ont fait une campagne déguisée généralisée en visitant et en revisitant toutes les régions du pays. Ces partis ont par conséquent une longueur d’avance sur leurs concurrents qui sont restés dans la capitale attendant tranquillement l’ouverture officielle de la campagne électorale.
En outre, il ne faut pas perdre de vue que les élections vont se dérouler suite à une situation exceptionnelle : l’insurrection populaire. Le vote verra la participation de tout nouveaux partis dont les plus anciens ont à peine 5 mois d’existence et les plus récents 3 mois. Ces partis nés après l’insurrection seront amputés de 3 mois d’activité politique avec la loi interdisant la médiatisation de leurs actions. Est-ce équitable ? Ne pouvait-on pas faire une exception en faveur de ces partis ?
En ce qui me concerne, ma conviction est, en période électorale ou non, qu’on laisse les partis politiques aller aux électeurs comme ils veulent, quand ils veulent. Il appartient à chaque parti de peaufiner sa stratégie électorale.
Je me demande d’ailleurs si le Conseil National de Transition a examiné la loi sous toutes les coutures avant son adoption. Relisons-la attentivement cette loi. La loi interdit la couverture médiatique de toute campagne déguisée. Nous sommes d’accord ? Il ne s’agit pas de n’importe quelle campagne électorale. Il s’agit uniquement de campagne déguisée. Nous sommes d’accord ?
Je suis un scribouillard free-lance. J’assiste à une distribution de motos Cheng Cheng organisée par un chef de parti Queue de lion à la Place de la Nation. Pour les besoins de la cause, le Queue de lion en chef a pris soin d’habiller les bénéficiaires, 200 jeunes, de tee-shirt portant son effigie. Attention son effigie mais sans aucune autre inscription. Ni son nom ni le nom de son parti. A cette cérémonie il n’y a ni tam-tams, ni tambours, ni le chansonnier Zougnazagamda. Une cérémonie réduite à sa plus simple expression. A la fin, les jeunes grimpent sur leurs motos neuves et se déversent dans tous les secteurs de la ville. Moi le free-lance, je balance l’info par wasard sur tous les réseaux sociaux. On pourrait me prendre et m’inculper pour campagne déguisée ? Je suis d’accord parce que je l’aurai mérité.
Prenons à présent le cas ou moi le free-lance, j’assiste encore Place de la Nation à une distribution de motos Cheng Cheng organisée par un parti, disons un parti qui est une excroissance du Tukguili originel. A cette cérémonie, il y a les bénéficiaires des motos soit 2000 jeunes en tee-shirt portant l’effigie du chef de parti et le nom du parti en lettres dorées. On entend des vuvuzelas et des tams-tams.
Et il y a Floby qui chante dans le micro. Dez Altino aussi. Sana Bob aussi. Faso Kombat aussi. Et la voix de Gnama Paco Drabo qui résonne. Moi le free-lance, je balance l’info à tout le Faso. On me conduirait à la MACO pour avoir enfreint la loi sur le code électoral ? Et vous les laisseriez faire alors que je n’ai pas donné l’information sur une campagne déguisée ? Alors que je n’aurais fait que couvrir une campagne ouverte ? Une campagne franche au vu et au su de tout le monde ? De surcroît à la Place de la Nation, je veux dire à la Place Yacouba Zida ? Vous les laisseriez m’enfermer ?
Charles Guibo
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