Idrissa Nassa, le président directeur général de Coris Bank International (CBI) et président en exercice du Club des dirigeants de banques et établissements de crédit d’Afrique a séjourné à Paris, en France, dans le cadre du forum d’été de cette structure. Dans son propos du 15 juin 2015 au siège de BPIFRANCE devant un aréopage de personnalités du monde économique, le PDG de CBI n’a pas manqué de jeter un regard pertinent sur le financement des TPE/PME (Très petite entreprise/Petites et moyennes entreprises).
«Au nom du Club des Dirigeants de Banques et Etablissements de Crédit d’Afrique et en mon nom personnel, je voudrais vous souhaiter la bienvenue à ce 19ème forum d’été de notre Club, organisé cette année à Paris, à l’invitation de BPIFRANCE et de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).
Au moment où s’ouvre ce forum, je voudrais, avec votre permission, exprimer nos sincères remerciements à Monsieur Vincent DI BETTA, qui a été l’interface entre le Club et BPIFRANCE et la cheville ouvrière de l’organisation de cette journée. J’y associe Isabelle Bebear pour son implication personnelle auprès de l’encadrement de votre institution. Notre Club a été très sensible à votre action et y lit votre attachement au développement, non seulement du système bancaire africain, mais surtout de l’économie du continent et vous exprime par ma voix sa profonde reconnaissance.
Cela dit, mon propos s’articulera autour de deux points principalement : le plan d’actions envisagées dans le cadre de la dynamisation de notre Club et l’action des banques africaines dans le domaine du financement des TPE/PME.
Après plus de 26 ans d’existence, notre club présente toujours l’originalité d’être une association de personnes physiques qui ont en commun l’exercice d’un même métier au plus haut niveau sur le continent africain et avec la vocation immuable de contribuer à l’émergence de groupes bancaires de référence sur notre continent. Aujourd’hui, le nombre sans cesse croissant de nos membres nous conforte sur le fait que ce creuset de rencontres, de partage d’expériences et d’accords commerciaux a pleinement réussi son ancrage dans le paysage économique africain en dépit de ses modestes moyens. La tenue de cette 19ème édition du forum d’été en est une parfaite illustration.
Dans une Afrique en pleine mutation et unanimement reconnue comme le continent de l’avenir, notre club doit accentuer plus que jamais son dynamisme pour satisfaire aux attentes de ses membres, mais aussi des acteurs de la vie économique sur la situation et sur les perspectives d’évolution des banques pour les années à venir. C’est dans cette vision que l’assemblée générale qui s’est tenue début février 2015 à Kinshasa, a arrêté un plan d’actions qui se décline selon les quatre axes prioritaires suivants :
* Le premier axe d’action a trait à la mise en place d’un laboratoire d’idées dont l’animation a été confiée au Professeur Dhafer SAIDANE. Ce laboratoire se veut une instance de réflexion et de recherche sur l’avenir de la banque africaine pour les dix années à venir. Sa première réalisation concrète sera l’écriture et l’édition d’un ouvrage collectif intitulé « Banques et Finance en Afrique : les acteurs de l’émergence ».
* Notre deuxième axe d’action est de susciter ou de renforcer des liens de partenariat avec des institutions qui œuvrent dans le même sens de modernisation et de développement des services financiers africains. C’est dans cet esprit qu’il faut comprendre la convention d’échange qui intervient au cours de cette journée avec BPIFrance et dès demain 16 juin 2015 sera scellé le partenariat avec l’Organisation Internationale de la Francophonie.
* Le troisième axe est consacré à la formation et au renforcement des capacités opérationnelles de nos collaborateurs. A ce titre, dans les accords ci-dessus évoqués et notamment avec la COMMERZBANK, figure en bonne place le volet formation à travers la tenue chaque année d’un séminaire de deux semaines à Francfort.
* Et enfin, le quatrième axe s’oriente sur l’appui aux associations des filières « métiers » qui ont été créées par le club: les juristes, les comptables et contrôleurs internes, les gestionnaires des ressources humaines, etc.
Les actions entreprises sur ces quatre principaux axes visent à renforcer les capacités techniques et financières des banques membres de notre club pour un financement plus important et plus sain de l’économie africaine. Ce constat m’offre une transition naturelle vers le deuxième point de mon propos, à savoir : l’action des banques africaines dans le domaine du financement des TPE/PME.
Messieurs les Directeurs Exécutifs de BPIFRANCE, Mesdames et Messieurs. Notre Club a conscience que l’émergence de l’économie africaine sur laquelle tout le monde s’accorde n’aura pas lieu sans l’apport d’un financement suffisant du secteur bancaire et financier et surtout, sans un système de financement inclusif englobant les TPE et PME africaines porteuses de croissance, de création d’emplois et de richesses. Ces enjeux nous invitent à faire la banque autrement.
Faire la banque autrement, c’est véritablement un challenge qu’il faut relever en inversant la tendance actuelle d’exclusion des TPE/PME par la mise en œuvre d’un programme de formation en faveur du personnel des banques en renforcement de leur capacité à maîtriser les besoins de financement et les risques liés au segment mésofinance.
Ce faisant, notre Club entend ainsi faciliter et accroître l’accès de ces entreprises aux financements bancaires, nécessaires à leur développement et à leur croissance, source essentielle de création de richesse locale et de croissance du PIB. Ce segment requiert plutôt que nos banques s’engagent dans une démarche proactive avec un aménagement approprié de leur base clientèle, et l’affichage d’une réelle volonté de partenariat financier avec leurs clients et prospects.
Faire la banque autrement, c’est descendre en gamme vers le segment des TPE/PME africaines pour élargir la base des usagers de la banque sur un continent où le taux moyen de bancarisation est inférieur à 20%.
En un mot, il nous faut sortir des chemins tout tracés de la banque classique, réinventer un modèle qui s’adapte à nos réalités et aux quotidiens de nos clients et diversifier nos produits financiers en intégrant les besoins des différentes couches de nos populations.
Des partenariats ciblés sur ces points et entre membres de notre Club nous seront fort utiles pour assurer un financement sain et inclusif pour l’émergence du continent. Pour finir, en arrivant à Roissy, j’ai lu cette publicité de BPIFRANCE «La reprise est là, alors restez chez nous». Même si nous ne pouvons pas rester, nous sommes venus…»
Le Président,
Idrissa Nassa