Plus les jours passent, plus les braves paysans à Tintilou se perdent en conjectures sur la présente campagne agricole.
A quoi s’attendre, en effet, quand les gros nuages qui couvrent quotidiennement l’horizon avant le lever du soleil refusent de tomber sous forme de pluies?
En tous les cas, le constat est amer, le champ de l’oncle Palingwendé est désespérément désert en dépit des tines de mil et de maïs mis en terre.
En cité non plus, cher cousin, il n’y a pas âme qui vive qui ne manifeste son inquiétude quant à l’issue de la saison, à l’instar des sorciers du ciel dont je te livre ci-après les relevés de la semaine du jeudi 11 au mercredi 17 juin :
Dori = 0 mm ; Ouahigouya = 0 mm ; Ouagadougou-aéro = 3,7 mm ; Dédougou = 2,0 mm ; Fada N’Gourma = 1,0 mm ; Bobo-Dioulasso = 30,0 mm ; Boromo = 5,5 mm ; Pô = 27,3 mm ; Gaoua = 22,1 mm ; Bogandé = 8,7 mm.
Hélas, cher Wambi, investi il y a un mois de cela candidat des sankaristes à la présidentielle du 11 octobre 2015, Me Bénéwendé Stanislas Sankara n’a aujourd’hui ses yeux que pour constater la débandade dans ses rangs.
Poignardé, en effet, dans le dos par les héritiers de Norbert Michel Tiendrébéogo du Front des forces sociales (FFS) qui ont annoncé leur divorce d’avec la Convention pour le renouveau sankariste (CRS) au moment même où il était l’invité du Front de gauche en France.
L’Hexagone où, aux côtés de Mariam Sankara, la veuve du leader de la révolution burkinabè, il plaidait pour la levée du secret défense et une enquête parlementaire pour élucider le rôle de la France dans les événements du 15 octobre 87 au pays dit des hommes intègres.
Saura-t-on jamais la vérité sur la mort de Thomas Sankara ?
Si la France est depuis lors indexée, une autre piste vient de s’ouvrir en direction des Etats-Unis d’Amérique.
Révélation faite par La Lettre du Continent dans son édition 708 du 17 juin 2015 et dont je t’en donne copie :
« Dans un ouvrage surprenant sur ses rencontres avec plusieurs hauts dignitaires du continent, l’ancien sous-secrétaire d’Etat américain chargé de l’Afrique Herman J. Cohen affiche son aversion envers le leader burkinabè.
Dans the Mind of the African Strongmen : conversations with dictators, statesmen and father figures, publié en mai chez New Academia publishing, l’ancien sous-secrétaire d’Etat américain chargé de l’Afrique (1989-1993), Herman J. Cohen, dévoile, à travers une galerie de portraits caustiques, une partie de ses conversations avec seize dirigeants africains.
Débarrasser l'Afrique de Sankara
Lorsqu'il était ambassadeur des Etats-Unis au Sénégal de 1977 à 1980, Herman J. Cohen aurait conseillé au président Léopold Sédar Senghor d'annexer sans autre forme de procès la Gambie, pays où il était également accrédité avec résidence à Dakar. Le diplomate indique également être intervenu avec insistance, cette fois en tant que membre de l'exécutif américain, auprès du président ivoirien Félix Houphouët-Boigny pour que celui-ci "débarrasse" l'Afrique de l'Ouest de l'influence du capitaine Thomas Sankara, "afin d'éviter à la région de sombrer dans la révolution et la subversion". Le diplomate précise que le "Vieux" lui aurait répondu par un long silence, avant de passer brutalement à un autre sujet. Cohen, qui travaille désormais pour un cabinet américain de conseil en communication, révèle que le président ivoirien aurait, contre toute attente, financé le coup d'Etat qui porta le duo Thomas Sankara-Blaise Compaoré au pouvoir le 4 août 1983 dans ce qui s’appelait alors la Haute-Volta. Le père de l’Indépendance ivoirienne pensait ainsi mettre fin à l’instabilité chronique prévalant sur son flanc nord. »
Bref, cher cousin, si à quatre mois de la présidentielle Me Sankara et les siens peinent à fermer l’œil, tel n’est pas le cas chez les illustres adversaires du 11 octobre 2015 qui s’apprêtent à inscrire leurs noms en lettres d’or dans l’histoire politique de la vieille Volta.
Sauf tremblement de terre, Zéphirin Diabré, au sortir du congrès extraordinaire de son parti, l’Union pour le progrès et le changement (UPC), qui se tient les 27 et 28 juin 2015, sera investi candidat à la succession de M’ba Michel au palais de Kosyam.
Une semaine plus tard, les 3, 4 et 5 juillet, ce sera le tour de Roch Marc Christian Kaboré du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) de lui emboîter le pas au terme du congrès d’investiture dudit parti.
Présidentielle 2015 ?
Ce n’est pas gagné d’avance, cher Wambi, et les jeux d’alliance vont certainement être décisifs.
En attendant, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l’ancien parti au pouvoir, a signé de fort belle manière son retour dans l’arène politique par un mégameeting dans la capitale du Centre-Nord, Kaya.
Et selon certaines confidences, cher cousin, le choix de cette ville n’est pas un fait du hasard, car c’est le fief de celui sur qui se tournent tous les regards au CDP pour l’échéance présidentielle, Kadré Désiré Ouédraogo, président de la Commission de la CEDEAO, qui fait déjà l’objet d’appels à candidature.
Deuxième pèlerinage du Général Yipènè Djibril Bassolé chez Blaise Compaoré. Le candidat de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA) vient en effet de rentrer des bords de la lagune Ebrié, où il était en quête du soutien de l’ancien président burkinabè dans la perspective de la présidentielle du 11 octobre prochain.
Réponse de l’enfant terrible de Ziniaré dans son exil abidjanais : « Je ne saurais soutenir deux candidats à la fois, et à la même élection présidentielle ».
La messe est ainsi dite et le choix du candidat du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) par l’ex-homme fort de Kosyam ne souffre aucun commentaire.
Et maintenant que je m’en vais t’ouvrir le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, cher cousin, rendez-vous dans l’Emirat du Liptako dont la capitale n’est autre que Dori pour saluer la reconnaissance de Sa Majesté Dicko Ousmane Amirou par le Conseil supérieur de la chefferie coutumière et traditionnelle du Burkina Faso, qui a pris acte de son intronisation en qualité d’Emir du Liptako.
L’acte a été pris depuis la session du 21 octobre 2013, mais la notification officielle lui a été faite le 27 mai 2015 et signée de Sa Majesté le Moogho Naaba Baongho en sa qualité de président du Conseil supérieur de la chefferie coutumière et traditionnelle du Burkina Faso.
- Le Rassemblement des patriotes pour le renouveau (RPR), c’est le dernier-né des partis politiques au Burkina. Son géniteur n’est autre que Badra Aly Ouédraogo, ancien militant du CDP et coordonnateur du CRAC. Après avoir milité pendant plus d’une décennie au sein de l’ex-majorité, Badra a claqué la porte du CDP non sans faire son mea-culpa pour avoir contribué à pousser Blaise Compaoré dans son projet funeste de modification de l’article 37 de la Constitution.
« La conscience citoyenne des jeunes s’étant éveillée résolument vers de nouveaux schémas de développement dans lesquels ils entendent être des acteurs et non de simples bénéficiaires voire des exécutants », Badra et ses hommes entendent à travers leur parti réconcilier la classe politique et les Burkinabè.
Le RPR, qui a pour slogan ‘’Toujours oser’’, s’inscrit dans la social-démocratie et entend promouvoir des valeurs de tolérance et d’humilité. Le bureau politique national, composé de 34 membres et de deux commissaires aux comptes, est présidé naturellement par Aly Badra Ouédraogo.
- La liste des prétendants au fauteuil présidentiel de Kosyam s’est allongée ce jeudi 18 juin avec l’annonce de la candidature de W. Victorien B. W. Tougouma, président du Mouvement africain des peuples (MAP), un parti politique né suite à la crise sociopolitique de 2011 mais reconnu officiellement le 15 avril 2015.
Victorien Tougouma, jeune chef d’entreprise de 42 ans évoluant dans le transit, compte jouer sa partition sur l’échiquier politique burkinabè. Et le scrutin du 11 octobre 2015 est un bon test pour juger de sa force de mobilisation et de sa représentativité.
- Depuis la capitale économique ivoirienne, Abidjan, où il réside depuis les événements d’octobre 2014, l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré fait des pieds et des mains pour reconquérir son passeport retiré par les nouvelles autorités.
Et il n’y va pas de main morte en se confiant au premier Français, François Hollande, à travers le parlementaire socialiste Pascal Terrasse.
Mais la cause de Blaise Compaoré sera-t-elle jamais entendue ?
A ce qu’on dit, à défaut d’une indulgence de Ouagadougou, Blaise pourrait frapper aux portes des autorités ivoiriennes.
Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."
Ainsi va la vie.
Au revoir.
Ton cousin
Passek Taalé