Discrète mais tenace. Plus de 27 ans après le mystérieux décès de l'ancien président burkinabè Thomas Sankara, sa veuve Mariam poursuit sa quête de vérité, du Burkina Faso à la France.
"Je n'ai pas abandonné, je n'abandonnerai pas, jusqu'à ce que vérité soit faite", confie Mariam Sankara à l'AFP, dans un rare entretien. Elle vit en exil à Montpellier, dans le sud de la France, où elle s'est installée en 1990 avec ses deux enfants. Mais elle était à Paris mardi pour demander aux députés français d'ouvrir une enquête parlementaire sur les circonstances de la mort de son époux.
C'était le 15 octobre 1987. Jeune président charismatique et révolutionnaire, Thomas Sankara, qui rebaptisa la Haute-Volta en Burkina Faso ("Pays des hommes intègres"), est victime d'un coup d'Etat mené par son "frère d'armes", Blaise Compaoré. Il meurt, avec douze de ses compagnons, dans des circonstances jamais élucidées, et est enterré le soir même à la sauvette. Evoquer son nom au Burkina devient tabou. Le régime de Compaoré refuse toute demande d'enquête.
Pour éviter que la prescription n'efface tout, Mariam Sankara porte plainte contre X en 1997. Car la rumeur court d'un complot associant les services secrets américains, français, mais aussi la Libye, la Côte d'Ivoire et le Libéria.
Quand Blaise Compaoré est chassé du pouvoir par une insurrection populaire, le 31 octobre dernier, les jeunes brandissent des portraits de Sankara et scandent l'hymne national écrit sous la révolution. La justice burkinabè ouvre une enquête en mars et elle convoque Mariam Sankara pour l'auditionner en mai. "J'ai été entendue. J'ai eu l'impression que le juge voulait vraiment aller au bout de cette enquête, je ne peux qu'espérer que cela se passe bien", dit-elle.