Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Burkina, l’accord secret entre le premier ministre et l’ex garde de Blaise Compaoré
Publié le jeudi 18 juin 2015  |  MondAfrique
Burkina
© aOuaga.com par G.S
Burkina : première conférence de presse du chef de l`Etat de la transition
Jeudi 6 novembre 2014. Ouagadougou. Conseil économique et social (CES). Le chef de l`Etat de la transition, le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, a animé sa toute première conférence de presse depuis son arrivée aux affaires le 31 octobre après la démission forcée de Blaise Compaoré de ses fonctions de président du Faso




Le 13 juin, le premier ministre burkinabé Yacouba Isaac Zida a annoncé qu'il ne dissoudrait pas le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l'ancienne garde rapprochée de l'ex président Blaise Comparé. Une reculade qui consacre la victoire du RSP au terme d'un long bras de fer avec l'exécutif.

La décision de ne pas dissoudre le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) a été prise bien avant la remise au président de transition du Rapport Gilbert Diéndéré, du nom de l’ancien chef d’état-major particulier du président Blaise Compaoré. Le renoncement du Premier Ministre Yacouba Isaac Zida à dissoudre l’unité affectée à la protection du président de la République est le résultat d’un accord donnant-donnant entre les deux parties.

"Le front du refus"

Encouragé par la société civile qui voit dans le RSP le condensé de tous les travers du pouvoir de l’ancien président burkinabé, Zida avait prévu le démantèlement du RSP d’abord en procédant à l’affection de ses principaux chefs. Ainsi, les officiers du RSP devaient recevoir les affectations suivantes :

-Général Gilbert Diéndéré, ancien chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré, ambassadeur du Burkina Faso à Cuba

-Le colonel-major Boureima Kéré, ancien commandant du RSP, attaché de Défense du Burkina Faso à Addis-Abeba

-Le lieutenant-colonel Moussa Celeste Coulibaly, président de l’Office de liaison d’Afrique de l’Ouest (ALAO, structure régionale du Conseil international du sport militaire, CISM).

Aussitôt connues ces affectations ont été refusées par les trois officiers qui disposaient de fidèles dans les rangs du RSP. Le « front du refus » de la stratégie de démantèlement du RSP passe à la contre-attaque le 31 décembre 2014. Ce jour-là, un commando d’éléments du RSP lourdement armé fait irruption dans salle du Conseil des ministres et emmène le Premier Ministre Zida. Déboussolé par cette démonstration de force inhabituelle, le chef de l’Etat de transition, Michel Kafando, menace de démissionner sur le champ. Mais il est par la suite convaincu de rester en place avec l’assurance que cela ne se répétera plus jamais. Zida, quant à lui, prend des engagements auprès du RSP l’arme sous la tempe. Il fait finalement exactement ce qui lui demande le RSP en nommant :

-Le colonel-major Boureima Kéré, comme chef d’état-major particulier à la présidence de la république

-Le lieutenant-colonel Moussa Celeste Coulibaly à la tête du RSP

-Le lieutenant-colonel Théophile Nikiéma, comme chef du cabinet militaire du président de transition

L’une des revendications de l’unité d’élite formée par Compaoré était précisément le départ du lieutenant-colonel Nikiéma de son poste de chef d’état-major particulier de Michel Kafando. Choisi par Zida, qui est cumulativement ministre de la Défense, ses camarades lui reprochaient de ne pas avoir le grade requis pour avoir sous ses ordres le RSP.

Une armée dans l’armée

Après avoir fait plier les autorités de transition sur la question des nominations, les éléments du RSP n’exigeaient plus que l’engagement solennel de ne pas toucher à leur unité. Ils l’ont obtenu au lendemain de leur mouvement d’humeur de février et de la mise en place de la commission de réflexion confiée au général Diendéré, ancien chef d’état-major du président Blaise Compaoré.

Si elle sauve le fauteuil de Zida et permet à la transition de s’achever sans grande difficulté, la reculade sur la dissolution du régiment de sécurité présidentielle provoque déjà une très forte déception dans les rangs de la société civile qui fut, rappelons-le, le fer de lance de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. La reconnaissance de la toute puissance du RSP est un mauvais signal pour les tentatives de faire toute la lumière sur des crimes emblématiques du précédent régime, notamment l’assassinat de Thomas Sankara en 1987 et la mort du journaliste burkinabé Norbert Zongo en 1998. Certains officiers du RSP pourraient en effet avoir été mêlés à certaines affaires non élucidées de l’ère Compaoré. Composé de près de 1300 hommes, le régiment de sécurité présidentielle n’est pas simplement une unité d’élite affectée à la protection du chef de l’Etat. Il concentre la crème de l’armée, dispose du matériel le plus moderne et le plus sophistiqué du pays.

Les mutineries militaires de 2011, qui ont failli emporter son régime, ont convaincu le président Compaoré de renforcer la puissance de feu du RSP. Il lui aurait même confié les clés de toutes les armureries du Burkina Faso. Signe de la toute puissance du RSP, c’est un de ses hommes Yacouba Isaac Zida qui avait remporté le bras de fer l’ayant opposé en novembre 2014 au chef d’état-major général de l’armée général de l’armée le général Nabéré Honoré Traoré pour le poste de chef d’état de transition. Il avait alors bénéficié du soutien et de l’entregent du général Diendéré. Mais les relations entre les deux hommes se sont brutalement dégradées lorsque Zida, devenu Premier ministre et ministre de la Défense, décide en novembre 2014 de « mettre fin aux fonctions » de chef d’état-major particulier exercé par Diendéré. A la faveur des crises entre Zida et le RSP, le général Diendéré, homme à tout faire de Compaoré, est revenu en cours, agissant comme médiateur entre les deux parties. Si Zida a renoncé à l’envoyer à Cuba comme ambassadeur, il ne lui a pas toutefois donné d’affectation. Mais Diendéré conserve tous les avantages liés à son grade. Dans un pays qui entoure toujours ses généraux avec soins. Il appartiendra finalement au prochain président de trancher son sort comme celui du RSP. Un héritage bien lourd à assumer.
Commentaires