Emile Pargui Paré, secrétaire national chargé de la Formation politique et civique et cumulativement directeur général du Centre international de formation politique du MPP Kwameh N’Krumah, a été notre interlocuteur pour échanger autour de l’actualité politique depuis l’insurrection populaire jusqu’aujourd’hui. Celui qui a été un des acteurs de l’insurrection historique Burkinabè des 30 et 31 octobre 2014 pour avoir été sur le champ du combat pour la chute de Blaise Compaoré, a répondu à nos questions sur l’actualité politique nationale focalisée sur l’élection présidentielle de 2015. « Le chat noir du Nayala a chassé la souris de Ziniaré », a-t-il dit en toute hilarité. Dans un contexte où un récent sondage publié par Bendré fait état des intentions de vote d’un échantillon de Burkinabè en faveur de Zéphirin Diabré pour l’élection présidentielle de 2015, la conviction du chat noir reste pourtant ferme en ces termes : « Moi-même j’ai tellement tapé le sable et j’ai fait le wack, tout indique que le MPP viendra en tête ». C’est par ces déclarations que celui qui a lancé le « printemps noir » lors des 30 et 31 octobre 2014, est sorti de son mutisme.
Le Quotidien: Vous avez activement pris part à l’insurrection populaire, des 30 et 31 octobre 2014. Vous étiez même à l’Assemblée nationale et depuis lors on ne vous entend plus. Pourquoi ce silence, votre parti vous a-t-il fait injonction de vous taire ?
Emile Paré: Aucunement pas. En ce qui concerne la question de l’article 37 de la Constitution, je suis à cheval là-dessus depuis environ plus de 15 ans. Depuis 1997 que la loi Dim Salif a remis en cause la limitation des mandats, je fais partie des personnalités politiques qui l’ont combattue. Je me souviens encore en 2006, j’ai dirigé le cadre de concertation des partis politiques de l’opposition où nous avons dit que si Blaise Compaoré tentait de modifier l’article 37, nous allons nous rentrer dedans. En son temps, toute la presse a titré « Emile Paré la bagarre ». C’était avec Me Bénéwendé Sankara, Issa Tiendrebéogo. Avec la rupture des chefs historiques du Mouvement du peuple pour le progrès du CDP a accéléré la chute du régime. Nous étions déjà dans le combat et cela était du bain béni. Nous avons pris fait et cause pour ce mouvement. C’est donc sous la direction du MPP, pour ne pas dire du CFOP, que nous avons engagé la lutte. Je me suis retrouvé sur le front de la lutte. Bien avant cela, lorsque le projet de loi a été adopté, le 21 octobre 2014, j’étais un des premiers militants à envoyer une lettre ouverte à Blaise Compaoré pour lui demander de démissionner. J’ai envoyé une deuxième lettre aux députés, que le 30 octobre 2014, serait une trahison du peuple s’ils adoptaient cette loi. J’avais ajouté que j’annonce le printemps noir, la prise de la bastille et que le 30 octobre, il n’y aura pas la révision de l’article 37 de la Constitution. J’avais également annoncé la prise de l’Assemblée nationale. Dieu nous a aidés et les forces de la jeunesse nous ont aidés. Je devrais être la tête du mouvement pour rentrer à l’Assemblée nationale en tant que militant CFOP et du MPP. C’est dire donc qu’il n’y a pas eu d’injonction de mon parti. J’estime que la victoire a été réalisée et je ne vois pas la nécessité d’être présent sur la scène. Le chat noir du Nayala a joué son rôle. Il a chassé la souris de Ziniaré. La place est maintenant pour la conquête du pouvoir.
Personnellement vous étiez à l’Assemblée nationale lors de l’insurrection mais on ne vous a pas senti par la suite, dans la gestion de la Transition. Pourquoi ?
J’ai un esprit militant. Je suis organisé et discipliné. Mon parti a décidé d’envoyer un certain nombre de gens au Conseil national de la Transition et également au niveau de l’exécutif. Vous n’êtes pas sans savoir que ceux qui participent aux instances de la Transition ne doivent plus prendre part aux élections présidentielle et législatives à venir. Vous comprenez donc que pour moi qui dois être dans les combats présidentiel et législatifs, il n’est pas indispensable de prendre part aux instances de la Transition. L’objectif final, c’est la prise du pouvoir, le 11 octobre 2015. Nous allons accompagner le candidat de notre parti à Kosyam, en 2015. Nous n’avons pas disparu mais nous sommes en train d’organiser une stratégie de conquête du pouvoir. Nous n’avons pas disparu. Bientôt, vous verrez Emile Paré à un pan de la lutte pour la conquête du pouvoir.
Emile Paré à un pan de la lutte pour le pouvoir, que vous voulez vous dire ?
Vous savez le premier-vice président du MPP a indiqué que nous allons conquérir le pouvoir en un quart de tour. Je dis que nous gagnerons le pouvoir avant les élections. Les gens ne comprennent pas notre stratégie. Si on rentre dans l’arène de lutte, c’est pour gagner au premier tour. Je ne vois pas un candidat qui va au second tour pour gagner au second tour mais, si cela lui est imposé par les circonstances, il va s’assumer. Je dis que nous allons gagner avant le combat. Nous veillerons de sorte qu’à la veille des élections, que ce soit dans l’opinion publique et internationale tous sachent que c’est le MPP qui viendra au pouvoir. De récents sondages annoncent Roch Marc Christian Kaboré, président. Même les tapeurs de sable, les rêveurs, les wackmen tous annoncent Roch Christian Kaboré victorieux pour Kosyam. Nous sommes en train de mettre en place une stratégie de sorte que le 11 octobre 2015, nous puissions passer au premier tour. Il y a la strategie d’alliance, de mobilisation des militants et de discours politiques. Le MPP regorge d’assez de compétences pour assumer le pouvoir d’ici le 11 octobre 2015.
Le MPP a-t-il des partis alliés dans la classe politique en cas de nécessité d’alliance au second tour ? Tous les partis ne sont-ils pas prêts à se liguer contre votre parti, s’il y a second tour ? Déjà, avec la coalition des partis politiques, le boulevard du MPP pour Kosyam ne se rétrécit-il pas ?
Il y a un proverbe San qui dit : « Lorsqu’on a beaucoup d’adversaires, c’est que vous êtes sur la bonne ligne ». C’est dire qu’aujourd’hui le MPP est une force redoutable. Mais « le chien aboie et la caravane passe ». C’est pourquoi, nous disons qu’incontestablement le MPP sera au trône le soir du 11 octobre 2015. C’est vrai qu’il y a des gesticulations des gens contre le MPP dans la presse mais sur le terrain politique les masses adhérent aux idéaux du MPP. Ce qui nous intéresse, c’est l’opinion nationale et internationale. Les dernières sorties du MPP dans les 370 communes ont été une preuve pour constater la force de notre parti sur le terrain. Pour ce qui me concerne, j’étais à l’Oudalan et ce que nous avons vu pendant les cinq jours qu’a duré notre séjour, dans la province, n’est qu’un échantillon de ce qui va se passer, le 11 octobre 2015. C’est le peuple même qui demande l’alternance et le MPP incarne cette alternance avec la rupture dont le peuple est demandeur.
N’êtes-vous pas en train de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir abattu ? L’adversité sur le terrain politique n’est-elle pas réelle pour le MPP ?
L’adversité est logique. Nous sommes dans une compétition électorale face au libéralisme ambiant développé par le pouvoir de Blaise Compaoré, pendant 27 ans, ne peut qu’opposer les programmes socio-démocrates. Ceux qui vont sortir les programmes libéraux, ils se trompent parce que le peuple burkinabè n’est pas libéral. Du point de vue de la ligne politique et des forces en présence, nous ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Pensez-vous que les chancelleries et les diplomaties peuvent se permettre d’annoncer une victoire probable d’un candidat ? Cela est difficile.
De quelles chancelleries et diplomaties faîtes-vous allusion ?
Permettez-moi de ne pas citer une chancellerie. Notre candidat Roch Marc Christian Kaboré présente toutes les caractéristiques de l’alternance en 2015. En plus de notre capacité en ressources humaines, nous avons une expérience dans la gestion de la chose publique. Nous sommes très outillés en ligne politique et en programme. Toute chose qui constitue un indicateur que nous sommes en bonne position pour gagner le combat. Nous ne dormons pas, nous travaillons jour et nuit. Souvenez-vous de l’insurrection où le MPP a travaillé corps et âme. Nous nous ne sommes pas engagés à mort dans l’insurrection pour que l’alternance tant attendue par le peuple burkinabè soit une alternance de simple passation de pouvoir d’un du CDP à un autre du CDP ou d’un libéral à un autre libéral. Je serai très déçu dans ce combat que je mène contre Blaise Compaoré, depuis 20 ans, que l’alternance ne soit pas socialiste ou l’alternance social-démocrate. Les tendances montrent que pour la première fois dans notre pays, les sociaux-démocrates vont prendre le pouvoir et appliquer la social-démocratie en théorie et en pratique.
Vous êtes membre d’un comité de suivi de la Transition. Quelle lecture faîtes –vous de la gestion de la Transition qui a par moment balbutié du fait des mouvements sociopolitiques qui ont émaillé son fonctionnement ?
Vous n’êtes pas sans savoir dans quelles conditions les organes de la Transition ont été mises en place. La Transition a une composition plurielle en ce sens qu’il y a les organisations de la société civile, les représentants de l’armée, de la communauté coutumière et religieuse et des partis politiques. On peut comprendre que la position des partis tels que le MPP ne soit pas toujours dominante puisque c’est le consensus qui a prévalu. La Transition dès le début a connu des balbutiements et nous avons pensé que pour que la Transition avance, il faut des organes de contrôle. C’est pour cela qu’avec des camarades, nous avons créé le Conseil citoyen pour le suivi de la Transition (COCISTRO). Ce conseil a pour but d’accompagner la Transition et d’être critique. Il s’agit de magnifier ce qui est positif mais aussi de critiquer toutes les erreurs. Nous avons transmis notre rapport au président de la Transition et au Premier ministre qui nous ont répondu. Ils ont pris acte de notre rapport et ont décidé de s’inspirer de ce rapport. Cela est encourageant. Nous avons influencé à notre manière, la Transition. J’avais donné la note de 11/20 à la Transition mais avec les mesures récentes et les positions affirmées actuelles du président Michel Kafando, on pourrait augmenter la note à 13/20. Il reste encore cinq à six mois et à cette allure, il pourrait avoir la note de 16/20 d’ici la fin de la Transition. Surtout en ce qui concerne la fermeté des organes de la Transition par rapport au code électoral et l’engagement de Michel Kafando de ne pas excéder les douze mois, conformément à l’article 20 de la Charte. Je pense que la Transition est sur la bonne voie. Nous allons les appuyer sur ce plan. Quiconque va tenter d’aller à contre-courant de ces positions affirmées du Premier ministre et du président Michel Kafando, verra le Docteur Emile Paré sur son chemin. Je suis très clair. L’article 20 de la Charte qui dit que la Transition ne fait pas douze mois. Quiconque va tenter de modifier la limitation du mandat de la Transition, sous quelque prétexte que ce soit, nous n’allons pas accepté. Cette personne ira plus vite que Blaise Compaoré. Le MPP est prêt pour le combat, le 11 octobre 2015. Tous les partis politiques qui ont signé la Charte doivent aller dans ce sens pour la bataille. Que le meilleur gagne et le meilleur pour moi, est le MPP.
Le débat sur le passage à la 5e République est lancé. N’est ce pas une astuce pour la prolongation de la Transition ?
Le Conseil national de la Transition n’a pas compétence pour engager un débat sur la question de la 5e République. Il faut que nous soyons clairs. Le CNT est là pour légiférer sur leur table. Il ne doit pas rentrer dans un débat théorique du passage à la 5e République. Ce débat est du ressort d’une commission nationale sur les réformes politiques qui admet des sous-commissions. Il faut que le CNT soit confinée à son rôle de légiférer. Le peuple veut un changement et j’étais partisan de cela. Depuis 2008, j’ai appelé au passage à la 5e République parce que la 4e République était épuisée et souillée par Blaise Compaoré. Le passage a été également revendiqué par Soumané Touré et plus tard par Salif Diallo. Je n’avais rien contre le passage à la 5e République dans le cadre de la Transition, si la commission de reformes y était allée très tôt. Nous avons trainé et aujourd’hui nous ne nous pouvons pas véritablement passer à la 5e République d’ici le 11 octobre 2015. Je suis favorable au passage à la 5e République et pour le consensus pour les réformes proposées par la commission. Nous proposons que cela soit un engagement de toutes les forces politiques. Quel que soit le président qui sera élu, qu’il mette dans son programme le passage à la 5e République. En attendant, il faut aller aux élections, le 11 octobre 2015, avec la Constitution actuelle.
Vous dîtes quel que soit le président qui soit élu. Doutez-vous maintenant de votre victoire ?
Non. Si c’est le MPP, il est évident que nous allons mettre dans notre programme de passer à la 5e République. Il nous faut oublier la 4e République parce qu’elle a été souillée en matière de droit de l’homme, en matière du caractère présidentialiste du pouvoir. Il y a eu une tendance à la monarchisation, à la patrimonialisation et à l’autocratie. Ces tendances mettaient en danger le processus démocratique. Le passage à la 5e République est un point clé qui va être partie intégrante du programme du parti. Nous allons nous engager avec le peuple pour le changement de la République, en cas de victoire. C’est comme Macky Sall qui s’est engagé à réduire le mandat et qui est en train de travailler à le mettre en œuvre. Le candidat qui passera doit s’engager à mettre cela en exergue. J’entends des candidats dire qu’ils ne toucheront pas à la Constitution. Si les reformes constitutionnelles recommandent de passer à la 5e République, comment un candidat peut refuser de mettre cela en œuvre ?
Un nouveau code électoral a été adopté en avril 2015 qui fait couler beaucoup d’encre et de salive. Certains acteurs politiques décrient le caractère d’exclusion de cette loi. Toute chose qui semble mettre du baume dans le cœur de certains acteurs politiques. Que pensez-vous de cette loi ?
Dans le cas du MPP, il y aura des militants qui seront frappés par cette nouvelle loi électorale.
Lesquels ?
Il y a des députés qui accompagnaient Blaise Compaoré mais qui ont rejoint maintenant le MPP. Je ne crois pas que ceux-ci se présenteront. Il y a des maires qui accompagnaient la modification de l’article 37 de la Constitution et qui ont rejoint le MPP, suite à l’insurrection populaire, des 30 et 31 octobre 2014. Ces gens ne seront pas candidats. Toute Transition doit porter les marques et tenir compte des conditions dans lesquelles la Transition est arrivée. Quand une Transition est mise en place après une guerre, les organes doivent tenir compte des stigmates de la guerre. Une Transition après une insurrection de telle envergure où le peuple s’est insurgé contre les symboles du pouvoir, de façon violente, parce que l’Assemblée nationale a été brûlée, à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso, les mairies centrales ont été brûlées et les domiciles de la plupart des ministres et des députés ont été brûlés. Comment exprimer cette marque dans la mise en œuvre des nouvelles institutions. Nous devons l’exprimer en excluant de tout combat électif tous ceux qui ont soutenu cette loi et qui ont entrainé l’insurrection. Tous ceux qui ont soutenu le projet de modification de l’article 37 de la Constitution jusqu’à l’insurrection ne peuvent pas se présenter. De ce point de vue, c’est une logique. Pour être président de la Transition, il a été dit : « n’avoir pas soutenu le projet de modification de l’article 37. Les conditions pour mettre en place les organes de la Transition, c’est n’avoir pas soutenu la modification de l’article. Pour être membre du CNT, il a été dit qu’il ne faut pas avoir soutenu ouvertement l’article 37.
Le président du MPP n’est-il pas concerné par cette loi ?
Non. C’est comme si vous me dites qu’Emile Paré était PDP et aujourd’hui, il est au MPP. Et qu’on doit le poursuivre pour tout ce qu’il disait quand il était au PDP. Si on continue à cette allure, souvenez-vous que lorsqu’on votait la loi Dim en 1997, Zéphirin Diabré était au CDP. Ce qu’il faut retenir, au moment T où on procédait à la modification de l’article 37, qu’elle était la position de Roch Marc Christian Kaboré et Salif Diallo. Il ne faut pas dire qu’en 2006, j’ai dit que le ciel est rouge et qu’on me poursuit aujourd’hui parce que j’ai dit que le ciel était rouge. Lorsque le président Roch Marc Christian Kaboré et ses camarades ont rompu, le 4 janvier 2015, avec le CDP pour créer le MPP, ils ont manifesté clairement qu’ils étaient contre la modification de l’article 37. Ils étaient contre le pouvoir à vie, la patrimonialisation du pouvoir et la modification de l’article 37 de la Constitution. Ils ne se sont pas contentés de dire qu’ils sont contre mais ils ont pris part à la lutte, dès le 18 janvier 2015 alors qu’ils n’avaient pas encore créé le parti. Ils ont participé à toutes les marches. Pendant l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014, ils étaient acteurs. Roch était du CFOP oui ou non ? Simon Compaoré a tapé sur la table du président du CFOP pour exiger le départ de Blaise Compaoré. Il faut éviter la malhonnêteté politique. En terme clair, les dirigeants du MPP ne sont pas concernés par la loi. La loi dit que tous ceux qui ont soutenu le projet de modification de l’article 37 de la Constitution jusqu’à l’insurrection populaire. Par contre tous ceux qui ont lutté contre la modification contre l’article 37 jusqu’à l’insurrection populaire sont autorisés à se présenter. La loi peut être lue de façon positive ou négative. C’est un faux débat qu’on cherche à animer. Il faut noter que le MPP a au moins 40 candidats pour briguer la magistrature suprême. Je ne vois pas celui qui peut empêcher la candidature de Roch. Si le Conseil constitutionnel doit dire le droit, je ne vois pas pourquoi, Roch sera empêché. Supposons que par mauvaise interprétation juridique, on arrive à éliminer Roch. Qu’est ce que cela fait ? Notre parti politique fonctionne de façon collégiale. Roch n’est qu’un missionnaire du MPP. Il ne faut pas focaliser le débat sur Roch, Salif, Simon ou Emile. Le MPP est engagé pour l’alternance en 2015 et cela sera possible.
Certaines personnalités politiques annoncent d’ores et déjà leur candidature, notamment Djibrill Bassolé qui soutient n’avoir pas fait de déclaration favorable à la modification de l’article 37. Qu’en pensez-vous ?
Djibrill Bassolé est –il le Conseil constitutionnel ? Je ne comprends pas pourquoi, un intellectuel de sa trempe qui a fait le droit qui raisonne comme au CP1 politique. La loi a été votée et seul le Conseil constitutionnel va engager la loi en fonction de ceux qui poseront leur candidature. Djibrill Bassolé dit ne pas être concerné. Il faut attendre le Conseil constitutionnel pour savoir s’il est concerné ou pas ?
Selon-vous Djibrill a-t-il ouvertement soutenu l’article 37 de la Constitution ou pas ?
Qu’est ce que vous appelez ouvertement soutenu par Djibrill Bassolé ? En 2002 suite à la crise sociale et en 2015, j’avais dit que je préfère Djibrill Bassolé dans ces beaux costumes de soldat que politique ou ministre. Il est le seul gendarme général et notre armée, a besoin de lui. J’avais dit qu’il ne fallait pas que notre président Kafando et le ministre de la défense Zida donne l’autorisation de disponibilité à Djibrill parce que nous avons besoin de son intelligence à la gendarmerie.
N’est-ce pas son droit de bénéficier d’une disponibilité ?
C’est un droit mais c’est le droit aussi de l’Etat de l’utiliser pour nécessité de service. On le fait général et un an après il sort déjà pour aller en politique sous prétexte qu’il veut laisser la place aux jeunes gendarmes. Il doit également laisser la place aux jeunes politiques parce qu’il est aussi vieux que moi. Au MPP, nous sommes en train de laisser la place aux jeunes politiques. Si ce n’est pas pour divertir, sa candidature risque d’être invalidée par le Conseil constitutionnel. A peine il a commencé sa campagne, il a promis le goudron à Dori. C’est de la démagogie politique. Il soutient que le financement est déjà acquis. Avec qui l’Etat a signé une convention dans ce sens ? Je ne sais pas si c’est devenu comme en Europe, avec des routes privées. Tel que Djibrill rentre dans la scène politique, il doit revoir sa copie.
Des acteurs politiques soutiennent que l’opération mains propres initiée par la Transition cible les acteurs d’une catégorie politique donnée à l’exception du MPP ? Qu’en dîtes-vous ?
Je suis très étonné que les gens veuillent lancer une chasse aux sorcières au sein du MPP. Qu’est ce que le MPP a fait aux gens ? Le président Kafando a donné les mobiles et les raisons qui ont amené à interpeller x ou y. L’ex-ministre des Transports a été interpellé et les raisons ont été déroulées. C’est pareil pour l’ex-ministre des mines Salif Kaboré. Les différents maires ont été interpellés et les raisons ont été expliquées. Des camarades du MPP ont également été interpellés. Zagré Seydou et Simon Compaoré notamment ont été entendus. Je ne comprends pas pourquoi, on dit que cette opération mains propres épargne le MPP. De toute façon, ce n’est pas le MPP qui dirige la Transition. Il y a des partis qui ont plus de ministres que nous sous le couvert de la société civile. Nous pouvons dire que c’est une mauvaise lutte contre le MPP. C’est pour cela que dans le rapport COCISTRO, nous avons énuméré des gens qui doivent être poursuivis. A commencer par Blaise Compaoré. Trouvez-vous normal qu’on poursuive les ministres, sans le faire contre le chef de l’Etat, François Compaoré, Alizèta Gando ? Si au MPP, il y a des gens qui ont des dossiers affirmés, qu’on les poursuive!
De nombreux cadres du MPP n’étaient-ils pas à la gestion des affaires sous le régime Compaoré ?
S’il y a des dossiers qui les incriminent qu’on les poursuive. Salif Diallo a dit que si on veut qu’il vienne devant la justice, qu’il était disponible. Simon Compaoré l’a affirmé quand il quittait le CDP. S’il y a d’autres cas concernés par les dossiers qui nécessitent qu’ils soient entendus, ils iront. Dominique Strauss Kann est allé en justice mais cela n’a pas empêché le parti socialiste français, le PS, d’aller aux élections et de remporter la victoire à travers François Hollande. Nous sommes dans une logique intellectuelle et politique. Le MPP est large, grand et regorge beaucoup d’intellectuels. Le MPP est serein et ce n’est pas par des méthodes dilatoires qu’on entravera le MPP d’assurer l’alternance en Octobre 2015.
Beaucoup d’acteurs ont dit que le CDP était moribond. Avec leur Congrès, le CDP est en train de renaître de ses cendres. Ne craignez-vous pas que le serpent qui vous a menacé ne sorte de nouveau sa tête ?
Rire. Si vous coupez la tête d’un boa, il va toujours s’agiter de façon violente de sorte qu’on puisse penser qu’il vit encore alors qu’il est en train de mourir et de faire ses derniers soupirs. Le CDP ne peut pas survivre au départ de Blaise Compaoré. Au dernier congrès, si vous vous souvenez, ils se sont tiraillés sur la reconnaissance de Blaise Compaoré, leur leader qu’ils affirmaient. Ils l’ont mis comme président d’honneur. La jeunesse qui a pris les rênes du pouvoir est en train de dire que Blaise est en retraite. Quand on écoute le discours de l’actuel patron du CDP, il cadre le discours de sorte à faire oublier Blaise Compaoré. Le CDP ferait mieux, au sortir des élections à venir, de changer de dénomination. Lorsqu’on prononce le nom de ce parti, le peuple a mal au ventre. Comme nous sommes dans une démocratie et qu’on parle d’inclusion, le CDP est en train de renaître. En réalité, la faiblesse de la Transition, c’est de ne pas approfondir la chasse contre les biens mal acquis. Si on approfondit cela, les ¾ des dirigeants du CDP ne parleront plus de politique. Le CDP est moribond. Il tente de s’organiser mais il n’y a pas de dirigeant qui croit en l’avenir du CDP.
Eddie Komboïgo ne semble t-il pas bien porter les destinées du CDP ?
Je connais bien Eddie Komboïgo. Lorsque nous étions dans les mouvements d’étudiants, ils étaient nos militants de base. Je connais Eddie dans sa fougue et son dynamisme mais je dis que c’est une mission impossible qu’Eddie mène. C’est pour cela qu’ils sont en train de lier des alliances contre-nature contre le MPP. C’est ce que nous avons reproché au CDP. Le CDP se dit un parti sociale-démocrate mais dans la réalité c’est un parti libéral. Au lieu qu’Eddie ait le courage d’approcher les partis socio-démocrates qui sont sur le terrain, il fait des alliances avec des partis d’obédience libérale pour barrer la route au MPP.
Que craignez vous donc des nouvelles alliances entre les partis de l’ex-majorité ?
L’ex-majorité est –elle une ligne idéologique ? C’est cela l’erreur de Eddie. Au lieu de rompre clairement avec les pratiques de l’ancien CDP, il est en train de s’enfoncer dans une alliance qui n’a pas de sens. Le front républicain est composé de libéraux. Le parti d’ Hermann Yaméogo et bien d’autres. Qu’est ce qu’un parti social-démocrate a, à aller en alliance avec des partis libéraux sur la simple base qu’ils ont été renversés ensemble ? Le MPP n’est pas en alliance avec un parti libéral. Nous irons aux élections en alliance avec les forces progressistes de l’ex-opposition. Dans ce pays, il faut clarifier les champs politiques. Le CDP ferait mieux d’aller seul aux élections. J’étais partisan de ceux qui pensent qu’il ne faut pas associer les forces républicaines et le CDP à la Transition. Je voudrais qu’ils aillent à l’opposition comme Dr Emile Paré à l’opposition, depuis 25 ans. Qu’est ce que cela peut faire ? Cela arrange le jeu démocratique. Eddie Komboïgo ferait mieux de rompre avec les pratiques de Blaise Compaoré et affirmer la ligne politique social-démocrate en cherchant une alliance avec les autres forces démocrates et les autres forces socialistes.
Peut –on s’attendre dans ce sens à une alliance entre les partis social-démocrate comme le MPP et le CDP ?
La question de la chose politique, n’est pas une question d’homme. C’est une question de ligne et de pratique politique. J’ai combattu depuis 1989, le régime de Blaise Compaoré. Dans ce cadre, j’ai combattu le CDP, Simon Compaoré. Nous nous retrouvons aujourd’hui ensemble parce qu’ils ont rompu et ils sont revenus sur une ligne qui nous convient. Pourquoi pas le CDP dans une autocritique sincère puisse avoir une alliance avec le front-social démocrate avec le MPP, Faso Metba, Faso Yirwa de Etienne Traoré. Tout dépend du contrat et de la volonté. Si c’est pour venir dire qu’ils ont tel candidat, le peuple ne veut pas d’un tel candidat à l’heure actuelle. Jusqu’à présent, je ne peux pas comprendre qu’ils puissent continuer à faire marche avec les Hermann Yaméogo parce que rien ne les unit. Eddie ferait mieux de prendre son envol en étant indépendant. S’il veut faire une alliance, qu’il fasse une alliance social-démocrate sinon tout autre alliance dans le contexte actuel est contre-nature. Le CDP n’a pas de discours de rupture. Par consequent Eddie a intérêt à reconquérir le pouvoir, soit il reste à l’opposition ou s’allie aux autres forces sociale-démocrates qui sont en position pour proposer une autre alternative au peuple.
Le MPP a désormais, en face les partis de l’ex-majorité alliés et le front des sankaristes qui entendent présenter un seul candidat. Avec tous ses adversaires, votre parti pourra t-il tirer son épingle du jeu ?
Je suis content de l’union sankariste. Il était important que face au régime dictatorial, les forces de la gauche sortent un candidat unique. Nous sommes dans un nouveau contexte où Blaise et son régime ont été déchus. La Transition permet la réorientation de la démocratie et moi de prôner le regroupement idéologique. C’est pourquoi, j’encourage ce qui s’est passé au niveau des sankaristes. J’encourage les socio-démocrates dans un front autour d’un candidat unique. J’encourage les libéraux à s’unir, l’ADF-RDA, l’UPC. Quand je vois le CDP s’allier à l’ADF-RDA, il y a quelque chose qui ne va pas.
Le MPP ne trouve aucun inconvénient que les sankaristes aient une seule candidature. Nous sommes en concertation avec les forces sankaristes et de la gauche pour qu’on parte aux élections dans une unité. Même si nous avons un ou deux candidats de la gauche et qu’on mène une campagne de soutien contre l’aile libérale, nous pensons que le MPP passera nécessairement au premier tour avec 60 à 70% des voix. Moi-même j’ai tellement tapé le sable et j’ai fait le wack, tout indique que le MPP viendra en tête.
Des acteurs soutiennent que si le MPP lance ses propos, c’est pour préparer l’esprit des populations à la victoire du MPP même par la fraude. Commentaire
Quelle fraude ? Les structures de la CENI n’ont pas été touchées par la Transition. Qui a l’hégémonie à la CENI ? C’est le CDP. C’est l’ancienne CENI issue du régime de Blaise Compaoré qui est en place. Dans les différentes structures décentralisées de la CENI, c’est le CDP qui est majoritaires. Le MPP venait de naître et n’a pas injecté ses militants dans les structures de la CENI. Nous ne voyons pas pourquoi, on nous parle de fraude. J’ai dénoncé la fraude. De par le passé, j’ai voté dans une circonscription avec ma famille et on m’a mis zéro voix. Pendant que j’avais subjectivement au moins 40 voix, on me dit que j’ai six voix. Je ne peux pas encourager la fraude. Soyez sûr que le MPP ne fraude pas. Nous allons gagner dans la transparence. Nous ne faisons pas une propagande démagogique mais politique. En politique, il faut afficher sa hargne de vaincre et de battre. Si on rentre dans l’arène de lutte avec l’esprit d’aller au second tour. Cela ne marche pas.
Comment le chat noir et ses camarades du MPP préparent-t-ils les élections dans le Nayala ?
Je dois dire qu’au Nayala, les élections sont déjà finies. Il y a maïs devant nous. Nous sommes une force politique organisée dans tous les secteurs, tous les départements et toutes les communes du Nayala. Cependant, nous disons qu’il faut continuer et encourager la jeunesse politiquement engagée. Nous sommes dans une logique de relève politique. On reproche à Joseph Ki-Zerbo de n’avoir pas préparé la relève politique. C’est nous –mêmes qui avons reproché cela et nous n’allons pas produire la même chose. Nous allons accompagner la jeunesse en mettant notre expérience à leur disposition. Nous avons un dispositif organisé et bien piloté par des jeunes et des cadres politiques. Au Nayala, le MPP gagnera les élections.
Quelle stratégie du MPP pour relever le défi du développement dans cette partie du Burkina qui est l’une des enclavés en termes d’infrastructures routières ?
S’il y a une zone qui doit aller pour l’alternance au Burkina, c’est une zone comme le Nayala qui est effectivement une zone enclavée. C’est une zone que Blaise Compaoré a mis au rouge en termes de politique de développement. Le Nayala regorge des intellectuels historiques en témoigne le cas du premier grand agrégé du Burkina. Cette zone qui a des potentialités économiques a été mise de côté par Blaise Compaoré. Les dirigeants du MPP ont déjà sillonné le Nayala. Bientôt Salif Diallo et Roch Marc Christian Kaboré y feront un tour. Le MPP a un plan de développement provincial qui s’intègre dans le programme politique de développement régional du parti. Les populations vont opter pour le MPP. Au Nayala, le MPP est la seule force politique implantée sur l’ensemble du territoire provincial.
Vous êtes directeur général d’un Centre international de formation politique du MPP. Comment arrivez-vous à implémenter cette formation de vos militants ?
Ce centre indique que le MPP est un parti de type nouveau. La faiblesse de la classe politique burkinabè est l’insuffisance de la formation des militants. Cela a été fait sciemment par le régime de Blaise Compaoré. Le Centre a été créé dans ce sens pour gagner le pari de la formation des militants. Nous sillonnons l’ensemble du territoire pour former nos militants. Au sein du centre, nous formons au cours de toute la semaine, les militants du MPP. Nous sommes en train d’élaborer des modules sous la direction du conseil scientifique du centre afin de pouvoir former tous ceux qui sont intéressés par la chose politique. Le centre ne forme pas uniquement que les militants de notre parti. D’où l’appellation centre international politique Kwameh N’Krumah. Les leaders de la social-démocratie que nous avons mis dans ce centre sont divers. Il s’agit de Thomas Sankara, Kaddafi, Joseph Ki-Zerbo, Mao, Marx. Le centre se veut un centre d’excellence intellectuelle de la gauche. Il y a des amis du Mali, du Ghana, du Sénégal qui sont intéressés par le centre. C’est une innovation politique majeure que le MPP a introduit dans la chose politique en Afrique de l’ouest. Quand nous nous renseignons très bien, nous constatons que nous sommes pionniers dans le domaine en raison du caractère international du centre1
Interview réalisée
par Soumoubienkô Roland KI