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Sondage sur la présidentielle : Zeph toujours en tête, Roch à la traîne
Publié le lundi 15 juin 2015  |  Bendré
Le
© AFP par ISSOUF SANOGO
Le chef de file de l`opposition politique, Zéphirin Diabré, lors des négociations
Samedi 08 novembre 2014 à Ouagadougou




Débutée le 02 mai 2015, la collecte des données du second round du projet « Monotoring de la Transition » de votre journal Bendré a pris fin le 02 juin 2015. Ce sondage qui est le deuxième du genre s’est effectué dans huit capitales régionales : Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou, Ouahigouya, Fada N’Gourma, Tenkodogo, Dori et Gaoua. Les quatre premières villes ont été celles concernées par le premier round.
L’échantillon d’étude porte sur 1000 personnes des deux sexes avec 18 ans comme minimum d’âge. Les hommes représentent 56,6% pour 46,4% de femmes. Les jeunes représentent 52,5% contre 47,5% de moins jeunes (35 ans et plus). La taille de l’échantillon est repartie proportionnellement au potentiel électoral de chaque ville.
La méthode des quotas marginaux avec l’âge et le sexe comme variables de contrôles a été utilisée pour la constitution de l’échantillon. L’identification du répondant dans le ménage préalablement identifié par l’utilisation d’un pas de sélection s’est faite en utilisant la grille de Kish. Le ménage lui-même est sélectionné par un intervalle d'échantillonnage (application d'un pas de sondage).
Comme un baromètre, ce sondage s’est intéressé à la côte de popularité des trois grandes figures de la Transition, à l’évaluation des actes des organes de la Transition et de l’estimation des intentions de vote au premier et second tour à la prochaine élection présidentielle d’octobre 2015. Des questions sur les reformes électorales et constitutionnelles sont abordées.

De la hausse de la cote de popularité des figures de la Transition

Les répondants ont dans l’ensemble une bonne image du président de la Transition. 72,2% des enquêtés ont une bonne image de Michel Kafando contre 6,9% ayant une mauvaise image.
Plus de la moitié des répondants a une bonne image du premier ministre. 59,5% des personnes interrogées ont une bonne image de Yacouba Isaac Zida contre 13,4% ayant une mauvaise image.
Le président du Conseil national de la Transition a une bonne image auprès de 49,7% des interviewés contre 6,5% de personnes ayant une mauvaise image de Cheriff Moumina SY.
Comparé au score moyen des quatre villes qui ont été concernées par la première vague du sondage, on note une progression de l’image du président Kafando de 18 points, de 11 points chez le premier ministre et de 17 points chez le président du C.N.T. Ainsi, la perception des citoyens de ces villes a évolué dans le bon sens. Qu’est-ce qui peut bien expliquer cela ?

Evaluation de la conduite de la Transition

L’opinion générale qui se dégage relativement à la Transition est que celle-ci est dans la bonne direction mais avec des problèmes majeurs. Cet avis est exprimé par 39,2% des sondés. Toutefois, 20,7% estiment qu’elle est dans la bonne direction contre 10,8% qui sont formels qu’elle est dans la mauvaise direction. 23,8% des sondés estiment par ailleurs que la Transition est aussi dans la bonne direction mais avec des problèmes mineurs.
L’opérationnalisation du slogan « plus rien ne sera comme avant » est perceptible chez 45%. 33,3% des enquêtés pensent qu’il n’en est rien pendant que 16,9% soutiennent qu’il est prématuré de juger le gouvernement de la Transition. L’opinion des citoyens dans les quatre villes a qualitativement évolué en faveur de la mise en œuvre de ce slogan, laquelle se matérialise par un gain de 3 points en référence au score moyen d’il y a quatre mois.
Les différentes arrestations de personnalités de l’ancienne majorité faites par le gouvernement de la Transition sont jugées bonnes par trois personnes sur quatre (76,6%) même si certains signalent son caractère restrictif. A contrario, 12,8% désapprouvent ces interpellations.

Réformes électorale et constitutionnelle

Le vote de la loi sur les candidatures indépendantes est approuvé par la majorité des personnes enquêtées, environ 61% d’avis favorables. A l’opposé, 28,5% marquent leur désapprobation quant au vote de cette loi.
La loi électorale interdisant toutes les personnes ayant encouragé la modification de l’article de se présenter aux prochaines élections rencontre l’assentiment de 66,8% des interviewés. Un peu plus d’une personne sur cinq (23,3%) n’apprécie pas le vote de cette loi.
L’application de la peine de mort est jugée inacceptable pour 62,1% des enquêtés et pour cause : la sacralité de la vie humaine. 26,9% souscrivent à l’idée de l’application de la peine de mort, et résument leur conviction par la loi du talion : « Si tu tues, on te tue. Si tu trahis le peuple, on te tue ».
Le débat en cours quant à la nécessité de passer à une cinquième République a été une question spécifique traitée dans ce sondage. 47,1% des répondants sont favorables à l’élaboration d’une nouvelle Constitution, contre 36,6% d’avis défavorables. Pour 59% des sondés, la voie référendaire est à privilégier au cas où l'on adopte l'idée d'aller à cette 5e République, contre 26,3% qui soutiennent que la voie parlementaire est la plus indiquée. Concernant la date de tenue de ce référendum, 31,9% des enquêtés pensent qu’il peut se faire le même jour que les élections présidentielle et législatives. Cet avis n’est pas partagé par 49,81%. Si d’un côté, il est soutenu que ce triplement peut réduire les dépenses publiques et permettre en sus de doter le Burkina d'une "Constitution neutre", de l’autre, c’est plutôt la confusion et la lourdeur qui sont récusées.

Intentions de vote à la future élection présidentielle

Les sondés à 80,6% disposent d'une carte d'électeur. L’estimation des intentions de vote à la future élection confirme les tendances du premier round. Les deux principaux challengers, Zéphirin Diabré et Roch Marc Christian Kaboré, occupent respectivement la première et la deuxième place avec 26,10% et 22,22% d’intentions de vote. Bénéwendé Stanislas Sankara qui disputait la troisième place avec Ablassé Ouédraogo maintient sa position avec 8,24%. Djibril Bassolet vient en quatrième position avec 2,51% et suivi par Tahirou Barry avec 2,22% des voix. Saran Sérémé avec 1,97% arrive sixième devant Soungalo Apollinaire Ouattara qui occupe la septième place avec 1,96%. Ablassé Ouédraogo qui avait obtenu un peu plus de 8% au premier sondage subit une dégringolade et tombe à la huitième place avec 1,57% devant Juliette Bonkoungou et le Colonel Yacouba Ouédraogo qui sont respectivement neuvième et dixième avec 0,7%. La dixième place échoit à Paramanga Ernest Yonli avec 0,67% qui a pour challenger immédiat Jean Baptiste Natama qui enregistre 0,58%. Le Pr Etienne Traoré occupe l’avant dernière place avec 0,5% devant Seydou Zongo alias ZEDESS qui ferme le classement avec 0,06%. Il faut noter que 5,17% affirment qu’ils n’accorderaient pas leur voix à chacune des personnalités ci-classées en avançant qu’elles n’incarnent pas une alternative à leurs yeux. 18,42% sont indécis et 6,37% ont complètement refusé de se prononcer sur leurs intentions.
A la question de savoir qui des personnalités ci-énumérées a le plus de chance de remporter l’élection présidentielle prochaine, Rock Marc Christian Kaboré est le plus cité avec 34,4% des citations contre 25,8% pour Zéphirin Diabré.
Capitalisant sur les résultats du round 1, une estimation des intentions de vote au second tour a été faite et ce, en mettant en confrontation quatre personnalités : Bénéwendé Stanislas Sankara, Djibril Bassolet, Rock Marc Christian Kaboré et Zéphirin Diabré. Dans les cinq hypothèses testées, seule la confrontation entre Zéphirin Diabré et Djibril Bassolet donne une majorité absolue. Ce qui signifie que les élections à venir sont ouvertes et rien n’est gagné d’avance. Que donnent les confrontations ?
Un second tour entre Rock Marc Christian Kaboré et Zéphirin Diabré, le candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (M.P.P.) recueille 28,08% des voix contre 42,34% pour le candidat de l’Union pour le progrès et le Changement (U.P.C.).
Un second tour entre Rock Marc Christian Kaboré et Bénéwendé Sankara donne 33,36% pour le candidat du M.P.P. et 30,63% pour le candidat de l’UNIR/P.S.
Une opposition entre Rock Marc Christian Kaboré et Djibril Bassolet donne 42,32% pour le candidat du M.P.P. et 12,05% pour le candidat de la NAFA.
Un face-à-face entre Zéphirin Diabré et Bénéwendé Sankara donne 43,63% pour le candidat de l’U.P.C. et 22,03% pour le candidat de l’UNIR/P.S.
Entre Zéphirin Diabré et Djibril Bassolet, les intentions donnent 54,55% pour le candidat de l’U.P.C. et 10,04% pour le candidat de la NAFA.

Profil type du prochain président

Plusieurs opinions ont été testées pour connaitre le profil type du prochain président. Selon 39,14% des interviewés, peu importe le lien qui a existé entre le président et Blaise Compaoré. Pour 27,34%, le futur locataire de Kosyam doit être quelqu'un qui n’a jamais été officiellement un collaborateur de Blaise Compaoré. 22, 61% soutiennent qu’ils sont favorables à toute personne sauf quelqu’un qui a soutenu ouvertement ou implicitement la modification de l’article 37 de la Constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels. La candidature de tous les membres du dernier gouvernement du président déchu n’est pas souhaitée par 6,16% des sondés. 3,8% affirment ne pas vouloir un président qui a travaillé avec l’ancien régime les cinq dernières années.
En s’inspirant des qualités édictées par la Charte de la Transition pour la désignation du président de la Transition, les valeurs du prochain président ont été identifiées. Le prochain président doit être compétent pour 92,71%, intègre pour 94,37%, une personnalité civile pour 66,94%. Il est important qu’il soit une personnalité de notoriété publique pour 68,23%, une personne ayant une bonne connaissance du fonctionnement des institutions et une expérience de leur gestion pour 85,31%. Il est également important pour les sondés que le futur président soit une personne ayant la volonté de changer les choses pour 92,66%, quelqu’un qui est compréhensif des problèmes des populations pour 95,72%, n’avoir pas soutenu le projet de révision de l’article 37 de la Constitution et enfin, quelqu’un résolument engagé pour la défense des intérêts nationaux pour 96,57%.
Cette deuxième vague du sondage « Monotoring de la Transition » qui s’est déroulée non sans difficultés a abouti aux résultats suivants :
• la majorité des enquêtés est optimiste quant à l’avenir ;
• la côte d’image des trois grandes figures de la Transition s’est rehaussée ;
• la Transition est dans la bonne direction mais avec de grands problèmes majeurs ;
• le slogan « plus rien ne sera comme avant » pour exprimer la rupture de gouvernance est perceptible ;
• les interpellations d’anciens dignitaires du régime déchu sont bien appréciées ;
• la loi électorale qui définit les conditions de participation aux futures élections est approuvée ;
• l’élaboration d’une nouvelle Constitution et son adoption par voie référendaire est soutenue ;
• la date du 11 octobre n’est pas indiquée pour ce référendum ;
• l’application de la peine de mort est jugée inacceptable ;
• le prochain président doit être quelqu’un d'engagé pour la défense des intérêts nationaux, intègre, compréhensif des problèmes des populations ;
• un second tour se dessine avec Zéphirin Diabré et Rock Marc Christian Kaboré en course.

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