Etienne Traoré et ses camarades étaient face à la presse le samedi 13 juin 2015. L’objectif était de deux ordres : présentation du parti et appréciation de la situation politique nationale. Le président de Burkina Yirwa n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour donner sa lecture sur les grands débats du moment au Burkina Faso.
La sortie médiatique de Burkina Yirwa intervient dans un contexte d’intenses débats politiques dans le pays : le nouveau Code électoral, le discours du Premier ministre sur l’état de la nation, les préparatifs des futures échéances électorales, le passage à la 5e République, etc. Sur ces différents sujets, le message de Burkina Yirwa est, on ne peut plus clair. Dans sa forme procédurale « le code électoral a été retouché par des institutions et des autorités légitimes qui n’ont exercé ici que leurs droits constitutionnels ».
Par rapport à la question spécifique de « l’inclusion », Etienne Traoré et ses camarades ont estimé qu’elle « concerne les politiques qui, malgré leur lourde responsabilité pour certains, dans la faute de tripatouillage, sont autorisés à participer aux élections. Ailleurs et dans des conditions similaires, ces partis fautifs ont été purement et simplement dissous ou suspendus : c’est ça l’exclusion ». Le président Traoré a cité les exemples de la France avec le maréchal Pétain après la deuxième guerre mondiale. En rappel, pour leur « collaboration » avec les nazi, Pétain et ses compagnons ont été sanctionnés : fusillés, emprisonnés ou exclus. Traoré a pris également le cas de Moussa Traoré au Mali. Son parti et ses alliés ont été sanctionnés après la chute du régime dictatorial. Pour le Burkina Yirwa « on ne peut pas multiplier l’insurrection populaire par Zéro » en ne sanctionnant pas les partis responsables de la crise politique au Burkina Faso.
Sur le même sujet, Etienne Traoré a indiqué que le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a commis une erreur en demandant à la CEDEAO l’accélération de la procédure sur sa plainte déposée contre certaines dispositions du code électoral. Dans tous les cas, Etienne et son parti ne voient pas une décision de la Cour de justice de la CEDEAO en faveur du CDP. Ils fondent cette lecture sur la jurisprudence en la matière. Le Burkina Yirwa a dénoncé ce qu’il a appelé des « dérives juridistes » pour évoquer les sorties de certains juristes à propos du code électoral.
Pour les autres sujets. Le Burkina Yirwa n’est pas « pour une prolongation de la transition » et cela pour des « raisons économiques et politiques évidentes ». Le parti a une lecture positive de l’offensive diplomatique actuelle des autorités de la transition.
S’ils ont salué le pragmatisme du Premier ministre Yacouba Isaac Zida devant les députés, les premiers responsables restent « insatisfaits sur certaines positions relatives au Régiment de sécurité présidentiel (RSP), au code électoral révisé et au coton BT ». « Du RSP, il (Yacouba Isaac Zida) n’a retenu que la dimension technique, occultant les responsabilités politiques négatives de ce corps, responsabilités ayant poussé les insurgés à demander sa dissolution », dixit Etienne Traoré.
« Sur le nouveau code électoral, il a été peu informatif et moins explicatif. Et sur le coton BT, où Monsanto est connu comme un gros corrupteur des chercheurs et des gouvernants, il a été hésitant ». Appréciation de Burkina Yirwa. Enfin sur les propos tenus par certains responsables politiques dont ceux de Ablassé Ouédraogo, Etienne Traoré a apprécié positivement la réaction de l’opinion publique et n’est pas contre le fait que pour ses propos, Ablassé soit entendu par les autorités.
Concernant sa vie à l’interne, Burkina Yirwa s’est présenté comme un parti d’obédience «social-démocratie ». «Un socialisme non étatiste, ancré dans nos valeurs africaines de solidarité et d’humanisme ». Comme tout parti politique, Burkina Yirwa s’est donné quelques objectifs : conquérir et exercer le pouvoir d’Etat, contribuer à l’information et l’éducation politique du peuple, renforcer l’unité nationale,…Pour les échéances électorales à venir, le parti entend y participer mais les conditions de cette participation restent à définir.
Michel NANA