Faut-il passer à une Ve République ? C’est pour répondre à cette question que le Conseil national de transition (CNT) a organisé une conférence publique le 13 juin 2015, dans la salle de conférences du Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) à Ouagadougou. Animée par le Pr Laurent Bado, enseignant à la retraite, Me Samuel Guitanga, avocat à la cour et modérée par Honoré Nombré, vice-président du CNT, la conférence s’est tenue sous le thème : « Pour bâtir un nouvel ordre politique, l’opinion de chaque Burkinabè compte ».
« Quel sage va s’évertuer à rafistoler à la hâte sa demeure insalubre, incommode et dangereuse au lieu de bâtir une nouvelle demeure avec les moyens dont il dispose ? », s’est interrogé Pr Laurent Bado, lors de la conférence publique initiée par le Conseil national de la transition (CNT), le 13 juin 2015 à Ouagadougou. Pour lui, plus qu’un devoir, c’est une nécessité absolue de passer à une Ve République. Néanmoins, a-t-il ajouté, il faut réunir certaines conditions, à savoir la publication des dossiers de crimes économiques et de sang, le complément des lois fondamentales, l’activation du processus de réconciliation et l’instauration d’un comité de rédaction d’une nouvelle Constitution qui sera votée par le CNT et non par référendum par le peuple. Des actions qui peuvent être faites durant les 3 mois qui restent à la Transition. Si l’objectif premier de la Transition est de se consacrer à l’organisation des élections, a-t-il expliqué, le pays a tout à gagner en organisant l’intérim de la présidence du Faso, conformément à l’article 43 alinéa 2 et 3 de la Constitution. A l’en croire, pour que rien ne soit plus comme avant, la IVe République doit s’effacer pour le changement radical voulu au prix des balles et du sang des martyrs de fin octobre 2014.
Il serait dangereux de rater cette opportunité
Dans le même ordre d’idées, Me Samuel Guitanga a estimé que le passage à la Ve République est un besoin pressant et que cela est politiquement décent, socialement juste et juridiquement correct. Et de rappeler que la Constitution du 2 juin 1991 a été taillée sur mesure, parce que rédigée au bon vouloir d’un homme. C’est, selon lui, la raison pour laquelle elle ne répond plus aux aspirations du peuple. Pour lui, l’idée d’une nouvelle Constitution est née du parachèvement de la souffrance du peuple, au soir du 31 octobre 2014. Expliquant que la Charte de la Transition a mis à nue les tares congénitales de la Constitution du 2 juin 1991, Samuel Guitanga a estimé qu’il était plus laborieux et pénible de l’amender que d’en élaborer une nouvelle.
Confiant que l’adoption d’une nouvelle Constitution ne passe pas forcément par un référendum, Samuel Guitanga a expliqué qu’il serait plus simple et économique de la faire par le CNT. Le budget prévu pour un éventuel second tour à la présidentielle d’octobre prochain peut servir à rédiger et à adopter une nouvelle Constitution, a-t-il pris à titre d’exemple. Aussi, si le référendum est nécessaire, a-t-il ajouté, il pourrait être couplé à l’un des scrutins à venir, en prenant le soin de ne pas laisser la rédaction de la nouvelle Constitution au bon vouloir du président entrant. « Il serait dangereux de rater cette opportunité », a-t-il conclu.
Thierry Sami SOU