Huit jours après l’incident à l’origine de la tension entre les populations de Boussouma et de Korsimoro, une délégation conduite par le haut-commissaire de la province du Sanmatenga, Bruce Emmanuel W. Sawadogo, a rencontré, tour à tour, les populations de ces localités, le mardi 9 juin 2015, afin de les appeler au calme et à la retenue.
Ces derniers jours, la cohabitation pacifique entre les communes voisines de Boussouma et de Korsimoro est mise à mal. Il y a une vive tension entre les populations de ces deux localités de la province du Sanmatenga, région du Centre-Nord. Selon les indiscrétions, la goutte d’eau de trop qui a fait déborder le vase serait l’érection de Boussouma en district sanitaire. En effet, le 12 mai dernier, le Médecin-chef du district sanitaire (MCD) de Boussouma a été installé dans ses fonctions. Cette installation matérialise l’érection de Boussouma en district sanitaire, conformément à un arrêté du ministère de la Santé datant de 2011. Selon les termes de cet arrêté, le nouveau district sanitaire de Boussouma regroupe les communes de Boussouma, de Korsimoro et de Ziga. Ainsi, le rattachement de Korsimoro à Boussouma est perçu par les populations de la première localité comme une façon de préparer déjà la création d’une nouvelle province avec pour chef-lieu, Boussouma. Ainsi, le 1er juin dernier, un ressortissant de Boussouma est pris à partie au marché de Korsimoro par des populations, notamment des jeunes en colère. Dès lors, les populations de ces communes se regardent en chiens de faïence, avec un risque d’affrontement à chaque jour de marché de Korsimoro qui a lieu tous les trois jours.
Et pour tenter de calmer les esprits et appeler les populations à la retenue, le haut-commissaire de la province du Sanmatenga, Bruce Emmanuel W. Sawadogo, accompagné du directeur régional de la Santé du Centre-Nord, du MCD de Boussouma, s’est rendu, le mardi 9 juin 2015, tour à tour dans les deux localités. La 1re étape de cette sortie a été Korsimoro. Le haut-commissaire a expliqué : « Je suis venu pour qu’on puisse échanger. J’ai reçu un certain nombre de rapports, mais il est nécessaire que je puisse faire le déplacement pour vous écouter », a-t-il dit. Pour lui, cette rencontre se veut une démarche de dialogue et de conciliation.
Après le mot introductif du haut-commissaire, la parole a été donnée tour à tour à tous ceux qui voulaient intervenir. Ceux-ci disent ne pas comprendre l’érection de Boussouma en district sanitaire au regard de sa proximité avec Kaya. Sur ce point, le directeur régional de la Santé du Centre-Nord, Dr Seydou Ouattara, a apporté des éléments de réponse.
Pas de lien entre l’érection d’un district sanitaire et celle d’une province
A l’en croire, la création d’un district sanitaire répond à des critères techniques définis par le Ministère de la Santé et avec pour seul objectif, de faire en sorte que les populations aient accès aux soins de santé. Ainsi, chaque 5 ans ou 10 ans, il y a un redécoupage du système sanitaire avec la création de nouveaux districts sanitaires. Ce qui a amené, a-t-il dit, le ministre à créer, en 2011, sept districts sanitaires dont Boussouma. « Pour moi, la création du nouveau district sanitaire de Boussouma est une opportunité pour les populations d’améliorer leur état de santé », a-t-il estimé.
Abondant dans le même sens, le haut-commissaire a soutenu qu’il n’y a pas de lien entre la création d’un district sanitaire et celle d’une province. Pour lui, les deux questions sont traitées par deux ministères différents (MATDS et MS). Il a ajouté que la création de nouvelles provinces n’est pas à l’ordre du jour des dossiers prioritaires des autorités de la Transition.
Après Korsimoro, le cap a été mis sur Boussouma. Là également, c’est la même démarche qui a été adoptée : le mot introductif du haut-commissaire suivi d’échanges. Tout en déclinant l’objet de la rencontre, M. Sawadogo a aussi félicité toutes les personnes-ressources qui ont œuvré pour que le calme revienne au sein des populations. Il les a invitées à poursuivre dans ce sens. Dans les échanges, les intervenants à l’étape de Boussouma ont déploré l’interdiction à cinq des leurs, de fréquenter le marché de Korsimoro. Ils ont aussi déploré l’implantation d’une plaque à Korsimoro qui rappelle les origines de Boussouma.
A Korsimoro tout comme à Boussouma, le 1er responsable de la province du Sanmatenga a appelé les deux populations au calme et à la retenue. « J’invite les populations au calme et je sais que le problème va se résoudre incessamment », a-t-il lancé. En attendant que cet appel soit entendu, la tension est toujours vive de part et d’autre. Et le calumet de la paix est loin d’être fumé entre les deux populations.
Timothée SOME
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