Le président du Burkina-Faso, Blaise Compaoré, est reçu ce mardi à l’Elysée par son homologue français, François Hollande. De multiples associations de défense des droits de l’Homme protestent contre sa visite. L’association Survie, qui lutte contre la Françafrique, a, elle, manifesté lundi à Paris contre la venue du dirigeant. Elle explique à Afrik.com les raisons de sa colère.
« Blaise Compaoré est un imposteur ! » C’est l’un des multiples reproches fait au Président burkinabè énoncé par le porte-parole de l’association Survie, Danyel Dubreuil. La visite en France du Président burkinabè, qui s’entretiendra avec le président français François Hollande sur la crise, notamment au Mali, est très critiquée par de multiples organisations de défense des droits de l’Homme, dont Survie. Par ailleurs, cette visite présidentielle est affectée par la nouvelle, parue lundi, de la démission de l’ambassadeur burkinabè à Paris, le Pr Joseph Paré, mis en cause par la justice de son pays dans une affaire de corruption.
L’association Survie, qui lutte contre la Françafrique et pour la reconnaissance de la complicité de la France dans le génocide rwandais, est particulièrement virulente à son égard. « Blaise Compaoré est l’une des caricatures représentants les ex-colonies françaises. Il est un point central du système Françafrique », fustige Danyel Dubreuil. Selon lui, le Président burkinabè, médiateur du conflit malien, est la personne la moins bien placée pour tenir ce rôle. « Il se fait passer pour un homme de paix alors que derrière ce masque c’est un personnage beaucoup plus sombre. Compaoré n’a jamais comparu devant les tribunaux alors que Charles Taylor l’a cité de nombreuses fois pour son implication dans le conflit du Liberia ». De même, fustige le porte-parole de l’association Survie, « on ne lui a jamais demandé de rendre des comptes alors que Robert Bourgi affirme qu’il a déjà « remis des valises à des politiques français ».
« Il fait souffrir son peuple »
Pour Danyel Dubreuil, Blaise Compaoré n’a que trop longtemps duré à la tête du pays. C’est en effet depuis « 1987 qu’il est au pouvoir. Il fait souffrir le peuple burkinabè par les décisions politiques qu’il prend ». L’association accuse aussi le dirigeant d’être impliqué dans la mort de son prédécesseur Thomas Sankara. Mariam Sankara, la veuve de ce dernier, estime également qu’il ne devrait pas être reçu à l’Elysée car « ce n’est pas un démocrate ».
François Hollande qui avait pourtant promis de rompre avec la Françafrique avant son élection « n’a pas prouvé jusqu’à maintenant qu’il y avait un changement », estime l’association. Preuve en est qu’il a décidé de se rendre au sommet la Francophonie, qui se tiendra en octobre à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC). De multiples autres associations se sont élevées contre la tenue de l’évènement, dénonçant le régime de Joseph Kabila qui bafoue les droits de l’Homme.