Les futures élections doivent, en principe, permettre d’asseoir les bases du Burkina nouveau, tant souhaité par les « insurgés » d’octobre 2014. Et si l’on s’en tient à cette philosophie, les potentiels électeurs devront veiller à ne plus donner leurs voix à des dirigeants qui ne font pas honneur au peuple. Cette considération est d’autant plus capitale, que le Burkina post-insurrectionnel trouve là, l’occasion, de faire un bond sur le chemin difficile de la démocratie. Le soulèvement populaire, qui a mis fin aux 27 ans de règne du président Blaise Compaoré, a révélé une soif réelle de démocratie au «pays des Hommes intègres ». Cette aspiration doit donc se parachever dans les urnes, par un vote responsable et utile. Raison pour laquelle, les citoyens ont l’obligation d’opérer des choix réfléchis, pour permettre au Burkina de devenir un « exemple » de démocratie sur le continent africain. Et pour être en phase avec cette réalité, il faut miser sur des hommes de conviction, capables de réaliser le changement, que sur des opportunistes, prêts à se mettre à dos le peuple pour satisfaire leurs intérêts égoïstes. Bien vrai qu’en politique, l’honnêteté n’est pas une vertu, mais il y a des leaders, qui inspirent confiance plus que d’autres. Il suffit d’un peu d’observation et de clairvoyance pour s’en rendre compte. Les électeurs, qui sont loin d’être dupes, doivent savoir faire la part des choses, et éviter de se laisser berner, au risque d’en pâtir après. Il faut faire le tri entre les vendeurs d’illusions, les ethnocentristes, les loups déguisés en agneaux, capables de mettre le pays à feu et à sang, et ceux qui portent les valeurs de la patrie. La vigilance doit être de rigueur face aux politiciens, dont les discours paraissent trop beaux pour être vrais. Le sport-favori des intéressés est de promettre miracles et merveilles, comme s’ils disposaient de bâtons magiques, pour tout transformer en un tour. La prudence doit être aussi observée vis-à-vis des leaders politiques, qui jouent sur les fibres ethnique et religieuse, pour se faire une place au soleil. Ce sont des arguments à condamner sans état d’âme, puisqu’ils n’ont pas leur place en démocratie. Les politiciens, qui utilisent l’ethnie et la religion comme des armes de campagne, courent fortement le risque de se discréditer aux yeux de l’opinion. De la précaution, il en faut également à l’endroit des responsables, qui font semblant de porter des valeurs de tolérance et de paix, mais qui en vérité sont des « va-en-guerre ». Le Burkina n’a pas besoin de ce genre de politiciens aux pratiques et pensées rétrogrades. Accorder du crédit à des politiciens de cet acabit, c’est dévoyer la lutte pour les causes nobles de bonne gouvernance et de démocratie, qui a engendré l’insurrection populaire. Le Burkina souffre de plusieurs maux (corruption, népotisme, mal gouvernance, laxisme dans l’administration…), qu’il faut sérieusement soigner. Sans quoi, la marche vers le développement de la nation sera toujours compromise. Les mauvaises mentalités ont tellement gagné du terrain, que certains actes hautement répréhensibles passent désormais pour la règle. Et pour inverser la tendance, il est nécessaire de porter au firmament des hommes et des femmes, probes et dotés d’un sens réel de l’intérêt général. Les électeurs doivent prendre leurs distances avec les politiciens, préoccupés par les manœuvres de toutes sortes, et les coups fumants et fourrés, que par le quotidien des populations. En l’espèce, la nécessité de s’élever au-dessus de « la politique du ventre » s’impose, surtout dans ce contexte post-insurrectionnel. Travailler à ce que les cadeaux « hypocrites » et les « petits » billets de banque n’influencent plus le devoir civique, s’avère nécessaire. Surtout si l’on veut parvenir à un vote consciencieux et responsable, toute chose qui peut contribuer à consolider la démocratie burkinabè. La balle est alors dans le camp des électeurs, qui auront les dirigeants voulus. Toujours est-il que le Burkina nouveau a besoin de dirigeants à l’esprit fondamentalement républicain.
Kader Patrick KARANTAO