Le ministère de la Culture et du tourisme a procédé, le lundi 8 mai 2015 à Ouagadougou, à l’installation officielle du comité de pilotage du système des Trésors humains vivants du Burkina Faso. C’était au cours d’une cérémonie patronnée par le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida.
« En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle », disait Hamadou Hampâté Bâ. Cette assertion de l’historien et écrivain malien traduit, à juste titre, le rôle important que jouent les personnes dotées de sagesse et de savoir-faire dans la société africaine. Les connaissances de ces hommes et femmes constituent des richesses et des trésors qui méritent d’être pérennisés et vulgarisés au profit des générations futures. Cette nécessité a été visiblement comprise par le Burkina Faso qui a décidé, à travers le ministère de la Culture et du tourisme, de capitaliser et de valoriser le savoir-faire de ces personnes-ressources appelées Trésors humains vivants (THV). C’est le comité de pilotage du système de ces THV du Burkina Faso qui a été installé le 8 mai dernier. Ledit comité est l’organe chargé de fixer les orientations et de conduire le programme d’activités du système des THV. Il est composé de 10 membres (voir encadré) et présidé par le ministre de la Culture et du tourisme (MCT), Jean Claude Dioma. Cette équipe est constituée, a-t-il précisé, d’éminentes personnalités averties des questions d’éthique et de déontologie ainsi que de grandes orientations de la Politique nationale de la culture. Elle s’investira, a soutenu Jean Claude Dioma, à désigner sans aucune complaisance et dans un esprit d’objectivité, des personnes ou des communautés culturelles détentrices de savoirs ou savoir-faire à même d’incarner, au plus haut point, les compétences et techniques nécessaires à la mise en œuvre de certains aspects de la vie culturelle des populations et à pérenniser leur patrimoine culturel immatériel. Les personnalités ou communautés qui seront choisies auront bientôt, a-t-il indiqué, la plus haute reconnaissance nationale d’être appelées THV. Et leur désignation permettra, de l’avis du MCT, de sauver des flammes de l’oubli et de retirer des griffes de la mort de leurs détenteurs, les savoir-faire, les traditions ancestrales, les richesses culturelles insoupçonnés appris dans les écoles des lointains devanciers, afin d’assurer leur transmission aux jeunes générations. De ce fait, la mise en place du système des THV se révèle, selon Jean Claude Dioma, comme une mesure salvatrice qui permettra de reconnaître les valeurs et talents des hommes et des femmes détenteurs des bonnes et solides traditions qui sont toujours fructueuses. Même son de cloche du côté du Directeur général (DG) du patrimoine culturel, Vincent Sédégo. Pour lui, une étape essentielle de l’opérationnalisation de la politique nationale de la culture par la gestion, la promotion et la valorisation du patrimoine culturel a été franchie à la faveur de l’installation des membres du système des THV. « La mise en œuvre du système des THV est une opportunité offerte aux communautés ethnoculturelles d’exprimer la richesse et la suprématie de la culture burkinabè. Elle est l’expression d’une reconnaissance et d’une consécration de nos savants locaux. En se dotant d’un cadre opérationnel de reconnaissance des valeurs et des grandes œuvres d’hommes et de femmes, en proposant la proclamation des plus méritants d’entre eux comme THV, le pays vient de rejoindre le rang des grandes nations de culture du monde », a affirmé le DG du patrimoine culturel à l’installation du comité de pilotage du système des THV. Cet évènement a connu la participation, en plus du ministre Jean-Claude Dioma, de deux autres membres du gouvernement. Il s’agit du ministre du Développement de l’économie numérique et des postes, Nébilma Amadou Yaro, et de celui de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité, Auguste Denise Barry. Celui-ci, représentant le Premier ministre, patron de la cérémonie, a apprécié l’initiative du système. « L’initiative permettra à nos sociétés de perpétuer un certain nombre de valeurs qui, si cette plateforme n’existait pas, auraient disparu. Nous avons tellement de bibliothèques qui s’en sont allées ainsi dans l’anonymat alors qu’elles étaient véritablement des trésors humains pour nos sociétés. A travers cette plateforme, c’est un pas en avant vers la conservation des richesses qui vont être très utiles pour les sociétés actuelles et futures », a confié le ministre Barry.
Saïdou ZOROME
(Collaborateur)