Faut-il passer d’une IVe à une Ve République au Burkina Faso ? La question alimente actuellement les discussions et le Conseil national de Transition (CNT) en fait sa préoccupation. Pour ce faire, la représentation nationale a délégué une équipe le 6 juin dernier à Ouahigouya, pour animer une conférence publique sur la question. C’était en présence du président du CNT, Moumina Chériff Sy.
L’actuelle Constitution du Burkina Faso a été adoptée par référendum le 2 juin 1991. En 24 ans d’existence, elle a subi 7 modifications. Depuis le 5 août 1960, date de l’indépendance de notre pays, la loi fondamentale a changé 4 fois. La Constitution du 11 juin 1991 marque le début de la IVe République. A la faveur de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014, des voix et non des moindres, comme celle de Michel Kafando, président du Faso, président de la Transition, s’élèvent pour réclamer une nouvelle Constitution. Au vu des évènements insurrectionnels survenus l’année dernière, le passage d’une IVe à une Ve République sonne comme une impérieuse nécessité pour le Burkina Faso. C’est du moins la conviction d’Abdoul Karim Sango, juriste-constitutionnaliste et co-animateur de la conférence publique du 6 juin 2015 à Ouahigouya.
Devant un parterre de participants (membres de la société civile, des syndicats, des éléments des forces de sécurité et de défense, d’étudiants, d’élèves, d’autorités administratives, coutumières, religieuses…), le constitutionaliste Sango a exprimé son vœu de voir la naissance d’une Ve République. Pour lui, celle conçue le 11 juin 1991 doit laisser la place à une autre plus « modernisée ». Il dit être en phase avec le président du CNT qui, selon lui, proposait il y a quelques jours dans les colonnes des Editions « Le pays », un Haut conseil des sages à la place du Haut conseil d’Etat. Il dit épouser également la proposition du chef de l’Etat, Michel Kafando, de voir notre pays se doter d’une nouvelle constitution par référendum, après la Transition. Les points de vue du conférencier ont rencontré l’assentiment du public qui l’a ovationné tout au long de sa communication. Le constitutionnaliste n’a pas porté de gants pour tirer à boulets rouges sur le défunt régime de Blaise Compaoré qu’il a accusé de s’être accaparé de tous les pouvoirs : législatif, exécutif et judiciaire. « Il faut surtout éviter un Blaise Compaoré bis », a martelé Abdoul Karim Sango, qui semble n’avoir pas trop confiance aux hommes politiques qui, selon lui, sont versatiles. « Pas question de laisser la Constitution en l’état, car un Homme plus malin que Blaise Compaoré tentera de la tailler à sa mesure », a martelé l’homme de droit, sous les applaudissements de la salle. Me Samuel Ibrahim Kitanga, un des deux conférenciers, n’est pas lui allé avec le dos de la cuillère pour réclamer une nouvelle Constitution pour le Burkina Faso. « Plus qu’une nécessité, c’est une urgence », a-t-il soutenu. Mais l’invité surprise de cette conférence publique, fut sans conteste Moumina Chériff Sy, président du CNT. C’est au moment où l’on s’apprêtait à passer à la phase des questions-réponses que l’homme fit son entrée dans la salle, à la surprise générale. Si les Ouahigouyalais n’ont pas été avares en questions, le chef du parlement burkinabè n’a pas non plus été moins bavard. Du moins, il a galvanisé le public à travers des arguments construits sur l’honneur de la patrie et que les élections auront bel et bien lieu le 11 octobre 2015. Pour lui, prolonger la Transition, c’est insulter l’intelligence du peuple burkinabè.
Hamed NABALMA