La population de Tabtenga, secteur 45 de Ouagadougou, a saisi au petit matin du 18 mars 2013, deux présumés voleurs. Cela est courant dans la ville certes mais le fait le plus marquant est que les deux ont été brûlés vifs et à mort puis abandonnés aux abords du cimetière de Tabtenga, côté ouest.
Le spectacle est désolant. Les images sont difficiles à regarder. Pourtant les populations, hommes, femmes et même des enfants sont là, observant ces images d’une extrême violence. Tenez, deux corps sans vie, tout noirs, gisent au sol. Le premier est toujours en fumée et le second semble avoir résisté au feu mais toujours ligoté.
C’est le spectacle qui nous a été donné de constater dans la matinée du 18 mars 2013 aux abords du cimetière de Tabtenga à Ouagadougou. A notre arrivée sur les lieux, c’est une foule que nous avons vue avec des sentiments plus ou moins mitigés. Mais personne pour s’exprimer à notre micro sur le sujet. Selon certains commentaires glanés par-ci par-là, le premier présumé voleur aurait effectué son forfait dans une cour et aurait pris la somme de 200 000 F CFA. Il aurait été donc poursuivi et rattrapé par la population aux environs de 1 heure et 2 heures du matin. Pris, la main dans le sac, il aurait été conduit aux abords du cimetière de Tabtenga, côté ouest. Là, elle ligotera leur présumé voleur et tout en le ruant de coups. Ce dernier suppliera en vain ces bourreaux qui n’en avaient cure. La trentaine pratiquement, il subira la colère de la population qui finira par mettre des herbes sèches sur lui, puis du feu. A notre arrivée, ce dernier était toujours en fumée, une main tranchée. Son visage et une bonne partie de son corps ont complètement brûlé. Il n’est reconnaissable que de dos. Ce dernier, avant de rendre l’âme, aurait gémi en appelant au secours, tout en faisant référence à sa femme et à ses géniteurs. Le second présumé voleur brûlé, lui, peut être dévisagé. Bien que brûlé à l’aide de pneus, le feu n’a eu raison que de sa peau. Mort, il est toujours ligoté, les deux mains aux pieds, et sur le dos. C’est dans cette position que la population, toujours selon les commentaires, a réussi à lui ôter la vie. A en croire les badauds, la population a donné des coups de machette à ce dernier en vain. « Il était wacké », disaient certains. C’est dans le découragement que la décision de le brûler comme le second est venue. Il aurait, lui, agressé des femmes et leur aurait retiré de l’argent.
Quand nous quittions les lieux, des agents de la police étaient sur les lieux pour des constats d’usage. Selon toujours les témoignages recueillis sur les lieux, la zone a toujours été dangereuse pour les riverains. En effet, la voie n’est pas électrifiée alors qu’elle sépare le cimetière des concessions. Pour certains, le sort qui a été réservé aux deux présumés voleurs est bien le leur. « C’est bien fait pour eux », lançaient donc quelques-uns. Les deux se connaissaient-ils ? Mystère et boule de gomme. La seule certitude est que la population s’est encore rendu justice.