Mohammed VI, roi du Maroc, effectue une visite en Afrique au sud du Sahara. Après le Sénégal le 16 mars dernier, l’héritier du roi Hassan II arrive au pays de Houphouët-Boigny aujourd’hui et compte s’envoler pour le Gabon après demain. Mohammed VI aura passé 48 heures sur les bords de la Lagune Ebrié pour renforcer la coopération bilatérale entre la Côte d’Ivoire et le Maroc, entamée depuis le vivant des vieux Houphouët et Hassan II. Mais, à la vérité, cette relation du Maroc avec l’Afrique subsaharienne que compte renforcer Mohammed VI est à symétrie entre le cœur et la raison. En effet, ce pays, à tort ou à raison, est longtemps perçu par nombre d’Africains au sud du Sahara comme un pays ayant plus affaire à l’Occident qu’à l’Afrique. La vérité est que le Maroc partage avec l’Occident beaucoup de choses qu’il ne partage pas avec le reste du continent noir. De sorte qu’il négocie son entrée dans l’Union européenne alors qu’il n’est plus membre de l’Union africaine à cause du problème du Sahara occidental qui l’oppose à certains de ses homologues africains.
N’empêche, le Maroc entretient une coopération Sud-Sud très bénéfique avec l’Afrique subsaharienne. Cela, comme pour redorer son blason et montrer qu’il reste attaché à ce continent qui est aussi le sien. Il met ses compétences au service de l’Afrique subsaharienne dans bien des domaines. On sait que le Maroc offre l’occasion aux étudiants et professionnels d’Afrique noire d’y aller se former dans divers domaines comme la science, la médecine, l’environnement et la technologie. On sait aussi que beaucoup d’officiers militaires font leur formation dans ce pays dans le cadre de la coopération militaire. En tout état de cause, la coopération Nord-Sud ayant montré toutes ses limites à apporter le développement à l’Afrique, des décennies durant, celle Sud-Sud se positionne comme une alternative. Toutefois, en plus d’être une relation de cœur, cette relation entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne reste aussi une relation de raison. A la vérité, ce n’est pas pour les beaux yeux des pays au Sud du Sahara que le Maroc s’intéresse à eux. Cette puissance arabe cherche aussi des débouchés pour nourrir son économie en pleine effervescence. Elle a surtout besoin de s’ouvrir aux marchés africains. Il suffit de suivre la trajectoire du roi Mohammed VI pour se rendre à l’évidence qu’il tourne pour l’intérêt de son pays. Au Sénégal, il a été question d’accords sur « le transport international de voyageurs et de marchandises ». Parlant de transport, le Maroc force l’admiration avec ses compagnies aériennes, maritimes et routières très « agressives » sur le marché international. La visite du roi en Côte d’Ivoire n’est pas aussi innocente. Ce pays en pleine reconstruction a besoin de compétences technologiques que le Maroc a à en revendre. Que dire du Gabon qui constitue le 3e pays que compte visiter le souverain marocain après la Côte d’Ivoire ? Ce pays a aussi un potentiel économique qui peut faire l’affaire du Maroc.
En somme, si la tournée de Mohamed VI en Afrique subsaharienne est fraternelle, elle est aussi et avant tout motivée par des intérêts économiques. A l’Afrique noire de savoir tirer profit de ce pays qui a aussi besoin d’elle pour son décollage.