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Sidwaya N° 7376 du 15/3/2013

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Guila Thiam, secrétaire général du CIRTEF : « Il faudra arrêter d’importer un certain type de téléviseurs »
Publié le samedi 16 mars 2013   |  Sidwaya




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Venu à Ouagadougou pour le 23e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), le secrétaire général du Conseil international des radiodiffusions et télévisions d’expression française (CIRTEF), Guila Thiam, dans cet entretien accordé à Sidwaya, parle de l’organe qu’il dirige. Il évoque la question de passage des pays africains à la Télévision numérique terrestre (TNT) et des relations que le CIRTEF entretient avec la biennale du cinéma africain.

Sidwaya (S.) : Quel est le rôle du CIRTEF ?

Guila Thiam (G.T.) : Le rôle du CIRTEF apparaît déjà dans le développement de l’acronyme. C’est le Conseil international des radiodiffusions et télévisions d’expression française. Il est un organisme de coopération entre le Nord et le Sud à travers des partenariats où chacun apporte quelque chose à l’autre. C’est un espace où nous déterminons ce que nous voulons faire ensemble et comment le faire ensemble. Tout cela en termes de coproduction de programmes, de formations mais également à travers une fonction importante qui est d’utiliser le réseau de TV5-Monde pour faire circuler les images du Sud partout dans le monde. On a également une fonction d’acheteur de films africains. On dit souvent qu’on fait circuler le film africain en Afrique. Vu que les salles de cinéma se ferment, on le fait circuler via TV5-Monde en achetant des films qu’on met à leur disposition pour diffusion. Le CIRTEF met également des moyens techniques à la disposition des producteurs et des professionnels publics du Sud à travers des centres qui eux-mêmes sont installés en Afrique (Cotonou, Yaoundé, Niamey). Globalement, il s’agit de partenariat, de mise en commun de moyens, d’idées, d’images, de sons…, pour vraiment représenter un peu le Sud au Nord et faire passer aussi les programmes du Nord dans le Sud.

S. : Quelles sont les actions du CIRTEF au Burkina Faso ?

G.T. : Au Burkina Faso, il y a eu au cours des trois (3) dernières années, un financement et un accompagnement de neuf (9) documentaires avec la Radiotélévision du Burkina (RTB). Des documentaires de 26mn qui portent sur des thèmes proposés par des professionnels de la RTB que nous évaluons et encadrons. Nous intervenons dans les moyens directs de tournage par des préfinancements et parfois aussi dans l’encadrement, de la maquette à la post- production. Après, ces programmes restent la propriété de la RTB mais nous les utilisons également pour les diffuser sur le réseau de TV5 pour que ce soit vu ailleurs dans le monde. Pour la radiodiffusion, on a à peu près la même démarche. Aujourd’hui, ce qui nous interpelle, c’est de traiter avec plusieurs radios africaines des sujets qui concernent les jeunes et le travail. C’est un sujet fédérateur, qui nous interpelle tous, que nous avons essayé de traiter ensemble avec tous les pays afin que chacun ait un regard dans son pays. Là, nous sommes en train d’examiner comment traiter plus en profondeur la question de la femme qui se pose dans les différentes sous-régions africaines. Mais le plus important, c’est qu’au-delà de la mise en commun de la production, c’est la formation. Nous avons un rôle de formation qui nous permet des « Form’actions ». C’est une partie qui m’intéresse particulièrement et dont j’ai discuté avec le directeur général de la RTB au cours de mon séjour. Je me suis rendu compte du projet important de la régionalisation et d’avoir les 13 régions qui disposent de moyens de production. C’est vrai qu’il faut changer les choses par leur contenu, mais là, il y a un travail qu’on va certainement faire avec lui. C’est celui d’améliorer l’écriture, la création des jeunes réalisateurs pour arriver à avoir des contenus qui permettent de changer le programme de la RTB et de montrer qu’on va vers les régions. On peut y aller physiquement mais le contenu permet de changer les choses très rapidement et aide à mettre en branle une autre procédure qui permettra d’avoir une production locale beaucoup plus développée.

S. : Quelles contributions le CIRTEF apporte-t-il aux télévisions pour la sauvegarde des archives ?

G.T. : L’archivage est une question sur laquelle on s’est beaucoup penché pendant longtemps. D’abord, en sensibilisant tout simplement les télévisions pour la sauvegarde. La gestion des archives commence par relever dans un carnet ce que l’on a. Avoir donc une base de données minimales est un bon début. Nous avons essayé d’aller plus loin, c’est-à-dire sauvegarder les contenus parce que les supports ne sont pas pérennes et parfois les conditions hydrométriques et climatiques de conservation ne sont pas réunies ; ce qui fait que les supports peuvent se dégrader très rapidement. Il fallait donc travailler pour sauvegarder mais le plus important, c’est de traiter puis gérer ces archives avec le numérique. Cela a abouti à un logiciel appelé AMIE (Archivage important multimédia et économique). Ce dispositif a d’ailleurs été mis à la disposition de la RTB et de 21 autres pays du monde. C’est un dispositif qui doit être aujourd’hui lancé et nous allons travailler avec la RTB dans les prochaines semaines pour mener une formation et l’aider à relancer son dispositif. Cette question des archivages est importante car c’est un patrimoine qui n’appartient ni à la RTB ni au CIRTEF mais à nos populations et que nous devons sauvegarder car, dans tous les cas, avec l’arrivée de nouvelles technologies comme la TNT (Télévision numérique terrestre), nous avons des besoins en continu importants. Nous n’aurons donc pas à aller acheter des productions qui sont amorties ailleurs. Nous avons de la matière aujourd’hui parce que ce patrimoine audiovisuel, si nous l’actualisons en le mettant dans son environnement et nous le réutilisons, c’est un contenu extraordinaire qui pourra servir à remplir les canaux qui vont arriver. C’est d’ailleurs l’une des conséquences de la migration numérique qui fera que nous serons obligés, même si nous en avions l’intention ou non, de revisiter tout ce patrimoine afin de pouvoir le réutiliser.

S. : Il est de plus en plus question de la TNT, pourquoi cette option ?

G.T. : Au moment où nous parlons, il ya une planification internationale avec l’Union internationale des télécommunications (UIT) qui oblige chaque opérateur de radiodiffusion ou de télévision à utiliser des normes qui protègent les autres, de façon à être protégé soi-même contre le brouillage des autres. Ce qui va se passer en 2015, c’est que cette obligation de protection va disparaître. Quelqu’un peut refuser de passer au numérique mais il ne sera plus protégé. C’est-à-dire qu’il peut faire ce qu’il veut mais peut-être qu’il ne sera plus reçu. Voilà donc l’intérêt de s’y mettre et d’arriver à la TNT d’ici à 2015. Un second aspect se situe au niveau des frontières. Si vous êtes entouré de pays qui, demain, font la migration vers le numérique et que vous ne le faites pas, c’est dire qu’à toutes vos frontières, vous serez brouillé par les pays limitrophes et personne ne recevra votre signal. Voilà autant de questions pratiques qui font qu’il faut y aller.
Par ailleurs, le numérique augmente les possibilités, le nombre de canaux possibles. Aujourd’hui, un canal de télévision utilise un espace qui, demain, pourra servir à 4, 5 ou 6 télévisions, selon la norme qui est choisie. Donc, c’est aussi une question doublement économique par la multiplication des canaux et le fait qu’il restera d’autres fréquences qui pourront servir à d’autres services de télécommunications à valeur ajoutée qui sont des secteurs très rentables qui apporteront des dividendes numériques. Les fréquences qui seront libérées pourront ainsi servir économiquement à faire une transition pour gagner de l’argent. Mais avant cela, il faudra passer par plusieurs étapes dont la communication avec le public. Il faudra aujourd’hui que tous ceux qui ont des téléviseurs sachent que demain leurs télévisions pourraient ne plus recevoir de signal et surtout qu’ils pourraient être tenus d’avoir un équipement complémentaire notamment un décodeur pour continuer à recevoir. Il faudra que le public sache surtout pourquoi cela. C’est là qu’il doit savoir qu’il y aura une offre plus complète qui permette d’améliorer et de diversifier les contenus des programmes (radio et télévision) en termes de sous titrage, de choix de langues, etc. L’autre aspect, c’est que la couverture du territoire sera facilitée, même en termes de décrochage local. L’important aussi, c’est de voir la politique qui permettra aux populations de changer tous ces équipements. S’il faut détaxer ou convenir d’un prix parce pour que toute une population change de télévisions ou achète des équipements complémentaires, il ya une politique à mener. Cela sans compter qu’à un moment donné, il faudra arrêter d’importer un certain type de téléviseur et dire aux importateurs quel type il faudra désormais commercialiser. Si les constructeurs mondiaux ne sentent pas que l’Afrique est sur le chemin de respecter 2015, ils n’investiront pas. Si ces équipements n’existent pas non plus, certains, en retour, pourraient se dire, comme on n’a pas les récepteurs, on ne fait rien. C’est donc à nous de commencer car c’est nous qui avons intérêt à aller vers cette technologie qui offre beaucoup d’avantages. Nous sommes prêts à le faire, nous pouvons le faire. D’ailleurs, presque tout le monde a commencé la transition même si nous sommes à divers niveaux et que 2015, c’est demain.

S. : Le rendez-vous de 2015 pour la mise en œuvre de la TNT sera-t-il donc respecté ?

G.T. : Je serai trop optimiste si je disais que 2015 sera respecté mais ce je peux dire c’est qu’on voit certains pays africains qui pourront probablement respecter cette date.
On en voit aussi qui auront un léger décalage. Je sais qu’il ya 4 ou 5 pays qui, déjà, travaillent à avoir une option plus longue jusqu’à 2020. Ce sont des opportunités que nous devrions essayer d’exploiter le plus rapidement possible mais veiller aussi à ce que, par sous-région, il y ait une approche intégrée. Il ne faut pas que ceux-ci le fassent en 2015 et les autres non, mais que cela soit coordonné afin d’éviter les brouillages.

S. : Quel type de partenariats existe-t-il entre le CIRTEF et le FESPACO ?

G.T. : Jusqu’à présent, nous avions un prix spécial que nous remettions à la meilleure œuvre télé-vidéo pour impulser la production. Cette année, nous ne l’avons pas remis car on s’y est pris un peu tard. Mais, cela ne nous a pas empêché d’être là pour soutenir le FESPACO. Nous verrons avec le délégué général du FESPACO comment revenir à la prochaine édition avec plus de présence en termes de prix, de participation dans les jurys et d’intervention directe dans le calendrier propre du FESPACO, en dehors de ce que nous faisons en parallèle.

S. : Quelle appréciation faites-vous de la 23e édition à laquelle vous avez pris part ?

G.T. : Le FESPACO a été une bonne opportunité pour nous qui avons exécuté tout ce qui était à notre programme. Globalement, j’ai senti un professionnalisme au niveau de cette édition. Le FESPACO marche et on sent que le professionnalisme se confirme et se renforce aussi bien dans l’organisation que dans la distribution des œuvres. On sent véritablement que le FESPACO progresse et je pense qu’il faut soutenir cela et féliciter les autorités du Burkina et la délégation générale du FESPACO. Il faut aussi noter la qualité des films que nous recevons. Là également, on sent une amélioration. Avant, quand on venait au FESPACO, on savait à 1 ou 2 jours près, ce qui allait se passer à la fin. Aujourd’hui, il ya tellement d’œuvres de qualité et d’origines diverses. Pendant plusieurs années, les films supposés meilleurs venaient d’une même région d’Afrique. Là, il y a une diversité de qualité et cela est un indicateur. L’autre élément soutenu c’est le cadre de débat que constitue le FESPACO. On pense souvent que le débat est mort, mais je me rends compte que le débat est toujours permanent entre tous les professionnels du cinéma. Cela est important pour entretenir la flamme car, le cinéma africain a un problème fondamental qui est son financement, au début, et à la fin, sa distribution. Sur ces points les plus difficiles, il ya des choses qui se disent et qui se font. Les gens essaient de s’organiser et sont conscients qu’il ne faut plus tout attendre de l’Etat. Le débat continue et à la prochaine édition, on devra avoir des choses concrètes de la part des professionnels du cinéma africain qui feront que chaque acteur puisse vivre de son art.

Propos recueillis par
Armel BAILY

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