Le commissariat central de police de la ville de Ouagadougou vient de démanteler deux réseaux spécialisés dans l’escroquerie avec appel au public. Le premier est une société régulièrement constituée dénommée Office de recherches et de réparation de fuite d’eau (ORREFI) qui a lancé un appel fictif à candidatures pour le recrutement de plombiers et le second, celui de Souleymane Ouédraogo, qui prétendait organiser un salon international des carats. Ce qui lui a permis de gruger les potentiels participants la rondelette somme de 28 000 000 de F CFA en un trimestre. Ces experts de l’arnaque ont été présentés le 14 mars 2013 lors d’une conférence de presse.
Ces deux groupes d’escrocs démantelés grâce à la brigade de recherches du commissariat central de police de Ouagadougou n’ont rien à envier aux arnaqueurs "VIP" ; cette série télé britannique à succès créée par Tony Jordan et qui met en scène un groupe d'arnaqueurs professionnels, diaboliquement intelligents et menant une vie de Crésus par des coups fumants. Leur spécialité (de même que leur versatilité) et leur organisation sont leurs atouts, ce qui leur permet de réussir très souvent leurs coups malgré les imprévus de dernière minute. Le réalisateur pourrait même venir s’inspirer au Burkina Faso pour ses prochains épisodes auprès de Zea N. Alexis, directeur de l’Office de recherches et de réparation de fuite d’eau (ORREFI), une société qu’il a régulièrement constituée dans notre pays depuis quelque temps.
Voici les faits courant décembre 2012, à coups de matraquages médiatiques, elle annonçait l’organisation prochaine d’un test de recrutement dans les trois villes les plus importantes du pays qui sont Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Koudougou et où le chômage frappe de plein fouet les jeunes diplômés. L’annonce passera même sur les ondes de la Radiotélévision du Burkina (RTB). Pour postuler audit test, la société exigeait outre les documents administratifs (photos, CV…) traditionnellement demandés, la somme de 2500 FCFA pour ceux qui ont le niveau BEPC et 3500 FCFA pour ceux qui ont le Bac au titre de frais d’inscription et 750 FCFA comme frais de dossier. Plus d’un millier de jeunes demandeurs d’emplois postulent à l’occasion.
Les arnaqueurs, au regard de l’engouement suscité par l’offre d’emploi, solliciteront, au passage avec succès, la police pour le maintien de l’ordre le jour du test. Le 17 février, la société ORREFI BF publie une liste de personnes admissibles qui devront s’acquitter de la modique somme de 24 000 F CFA comme frais de visites médicales, laquelle visite devait être effectuée par un médecin étranger. Plus de 300 candidats mordront à l’hameçon en s’acquittant promptement de ces frais. Il faut dire qu’en plus des frais récurrents à payer, la bande à Zéa Alexandre n’a pas jamais précisé le nombre de postes à pourvoir.
Flairant le deal, la brigade de recherches du commissariat central est alors entrée en action et de fil en aiguille a pu mettre la main sur le cerveau de l’arnaque, Zea Alexis, 37 ans, de nationalité étrangère tout comme ses acolytes, Tehé Landry, 31 ans, Ayé Assamoi Honoré, 31 ans, étudiant en troisième année d’économie, et Yao Jean Félicien, 29 ans. Il tentera de corrompre un policier au cours de son interpellation. Sur le coup, ils ont pu engranger 9 939 950 F CFA au titre des frais de dossiers et de candidatures et 7 350 000 F CFA sur les visites médicales, soit un pactole de 17 289 950 F CFA. Et 3900 candidats seront floués dans les seules villes de Ouagadougou et de Bobo.
Quant à la deuxième affaire, elle reste aussi du domaine de l’imaginaire, c’est une mise en scène d’un délinquant du nom de Souleymane Ouédraogo. Agé de 46 ans Souleymane évoluait plutôt dans la mode vestimentaire. Il invitait les hommes d’affaires burkinabè à participer au Salon international des carats (SIC) dont il est le promoteur. A l’aide d’affiches, de gadgets et de fausses correspondances qu’il aurait adressées aux autorités, il précisait que cette rencontre se tiendrait du 15 au 31 mars à Ouagadougou et réunirait des hommes d’affaires venus de 137 pays évoluant tous dans le domaine de l’or et des pierres précieuses.
Pour mieux appâter ses victimes, il annonce que la cérémonie d’ouverture sera présidée par le Premier ministre. Puis de fixer la location des stands à 650 000 F CFA. Par ailleurs, il invitait ceux qui désiraient mettre à la disposition des participants des véhicules neufs pour leur déplacement à le faire, en proposant qu’à la fin dudit salon, les véhicules seront revendus entre 4 et 6 millions de F CFA. Une caution minimale de 500 000 F CFA était exigée avant le début du salon. Ainsi, il a pu extorquer en trois mois plus de 28 000 000 F CFA à ses victimes.