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Le Pays N° 5316 du 14/3/2013

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Commune de Ouahigouya : Pourquoi le CDP a perdu la mairie
Publié le vendredi 15 mars 2013   |  Le Pays




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Le 11 mars 2013 restera inoubliable pour les militants CDP du Yatenga. Ce jour-là en effet, le CDP venait de perdre la mairie au profit de l’ADF /RDA après l’avoir conservée près de 20 ans. Au lendemain de cette défaite du CDP, les commentaires fusent de partout. Du côté de la partie perdante, c’est un affront qu’il faut à tout prix laver. Quant au parti victorieux, c’est sa suprématie qui a été confirmée et il veut la savourer jalousement. Mais pour le simple observateur, une question revient : que va-t-il maintenant se passer du point de vue de la cohabitation ? En dernier ressort, tout le monde ne souhaite qu’une chose : la préservation d’un climat social apaisé au sein du conseil municipal pour un développement radieux de la commune de Ouahigouya.

Boureima Badini, ex-représentant spécial du président du Faso en Côte d’Ivoire et Yacouba Barry, actuel ministre de l’Habitat et de l’urbanisme, tous deux du CDP/Yatenga, ne comprennent pas jusque-là ce qui est arrivé à leur parti le 11 mars 2013, jour de l’élection du maire de la commune de Ouahigouya. Comme eux, ils sont nombreux, les militants du parti majoritaire qui s’interrogent encore sur les raisons de la défaite du « méga » parti, face au parti de l’Eléphant.

La réalité est que la politique réserve toujours des surprises. La vérité aussi est qu’en politique, la parole donnée ne vaut pas de l’or. C’est ce qui, peut-être, explique la double personnalité de certains hommes et femmes politiques. A l’analyse des résultats sortis des urnes lors de la mise en place du bureau du conseil municipal, un constat saute à l’œil : la défaite cuisante du CDP et la percée fulgurante de l’ADF/RDA. Ainsi, des 7 postes à pourvoir, l’ADF/RDA en a raflé 6. Le CDP n’a qu’un seul poste au sein de ce nouveau bureau, à savoir au niveau du conseil régional où il a placé Djénéba Diallo/Sangarba. Le parti de l’Eléphant s’est accaparé la présidence de l’ensemble des commissions.

« Mes félicitations à l’équipe entrante »

Et si Boureima Badini s’était présenté contre Gilbert Ouédraogo ? Pourquoi cette débâcle du parti de l’Epi et de la daba à toutes les hautes instances de décision de la mairie ? Pourquoi s’est-il littéralement laissé ligoter par l’Eléphant ? Un homme de la classe politique du Yatenga, en tout cas, parmi les plus expérimentés, juge cette chute en ces termes : « Le CDP s’est mis lui-même un garrot autour du cou. Il a minimisé l’adversaire. En plus, il s’est laissé enfermer dans une guerre de leadership. Cette situation a permis à son concurrent de bien préparer le terrain. A mon humble avis, le CDP aurait gagné si l’on présentait Boureima Badini contre Gilbert Noël Ouédraogo. ». Le même dinosaure du landernau politique du Yatenga renchérit : « L’ADF /RDA aurait cruellement perdu si elle avait placé un candidat autre que Gilbert Noël Ouédraogo. Le parti a donc pris ses responsabilités en écartant toute idée d’infériorité de l’adversaire. ».

Le candidat malheureux du CDP, Mamadou Ouattara, tout en rendant hommage à son parti qui l’a désigné, accepte avec humilité sa défaite et reconnaît la carrure de son challenger : « Je suis un démocrate et tout cela fait partie des principes de la démocratie. Le jeu démocratique a été respecté. Il y a eu un match et il faut un vainqueur et un vaincu. Vous n’êtes pas sans savoir que Me Gilbert Noël Ouédraogo n’est pas n’importe qui. C’est avec beaucoup d’honneur que je quitte ce stade de la compétition. Il y a eu un premier tour où on était au coude-à-coude. Ensuite, il a pris le dessus avec 2 voix en plus. Je peux donc m’estimer heureux. J’ai été choisi par mon parti et je pense que nous avons joué notre partition. J’encourage et j’adresse mes vives félicitations à l’équipe entrante et la rassure de ma disponibilité à l’accompagner. Il s’agit ici d’une mission commune. Le poste de conseil municipal est en soi un poste de combat. C’est dommage ce qui est arrivé. Nous avons dans un premier temps voulu faire un bureau consensuel, étant entendu que les deux partis étaient à forces égales. Malheureusement, certaines considérations politiciennes ne nous ont pas permis d’en arriver là. Tout compte fait, si blocage il y aura, cela ne viendra pas de nous. L’intérêt supérieur des populations doit primer. Ce sont ces mêmes populations qui nous ont mandatés et nous n’avons pas le droit de les décevoir. Mettons donc de côté tout autre considération. ». Pour sa part, le maire nouvellement élu, Gilbert Noël Ouédraogo, déplore tout ce qui s’est passé, mais compte travailler avec tout le monde : « Nous l’avons toujours dit, la commune de Ouahigouya était prédestinée à notre formation politique. Vous savez qu’aux dernières élections, nous avons eu 17 000 voix dans la commune de Ouahigouya. La reprise nous a confortés. Aujourd’hui, nous ne sommes pas surpris. Nous avons souhaité mettre en place un bureau collégial pour permettre à tous de regarder dans le sens du développement. Malheureusement, nous n’avons pas pu nous entendre sur la répartition des postes. Nous ne nous sommes pas bagarrés, la séance s’est déroulée dans un fair-play. Vous avez vu que nous avons même réservé des postes au CDP, mais qui n’a pas souhaité les occuper. Au poste de conseiller régional, nous avons par exemple un seul candidat. C’est dire que notre volonté aujourhui, c’est de travailler réellement pour le bien-être des populations. Nous plaçons ce mandat sous le signe de l’humilité. Nous allons travailler à renforcer la cohésion sociale. Nous avons le quorum nécessaire pour pouvoir tenir les travaux. Et je ne vois donc pas d’où viendra le blocus. Je voudrais aussi dire que nous ne sommes pas venus pour faire une chasse aux sorcières. ».

La bagarre cordiale dans les rangs des « Eléphants »

En tout cas, le code général des collectivités territoriales, en son article 238, dispose : « Le conseil municipal ne peut valablement siéger que si la majorité absolue, c’est-à-dire plus de la moitié des membres, est présente à l’ouverture de la session. Si le quorum n’est pas atteint, la séance est reportée à une date ultérieure qui ne peut excéder quinze jours. A cette seconde séance, le tiers des membres suffit, sauf pour les délibérations à caractère budgétaire et financier où la majorité absolue est requise. Si le tiers n’est pas constaté, le président du conseil régional est tenu, dans un délai de sept jours, d’adresser un rapport à l’autorité de tutelle. L’autorité de tutelle dispose d’un délai de soixante jours pour parvenir à la conciliation et en cas d’échec, pour engager la procédure de dissolution conformément aux dispositions de l’article 251 de la présente loi (…) ». A Ouahigouya, beaucoup redoutent la dissolution du conseil, ce qui le mettrait forcément sous délégation spéciale. A l’ADF /RDA, on est serein et on pense que tous ceux qui raisonnent ainsi se trompent.

Pour nombre de farouches militants du CDP, il faut coûte que coûte empêcher la nouvelle équipe de fonctionner. Mais ce qui alimente les discussions, ce sont les raisons de cette déconvenue du CDP. Selon certaines sources, le CDP aurait été trahi par son propre camp. Les mêmes sources précisent qu’au premier tour du vote, 3 personnes du CDP ont voté nul. A ce que l’on dit, ces 3 cdipistes ne porteraient pas le candidat Mamadou Ouattara dans leur cœur. Le candidat recalé du CDP, Issaka Ouédraogo, a accepté de céder grâce à de multiples interventions des gourous du parti. L’on apprend même que Boureima Badini a dû peser de son poids de diplomate pour parvenir à faire fléchir Issaka Ouédraogo.

Celui-ci accepte alors le poste de premier adjoint au maire. Lorsque le CDP a perdu le poste de maire, il a ouvert des négociations avec l’ADF/RDA en vue de garder au moins le poste de premier adjoint. Le parti de l’Eléphant s’est montré intransigeant. Et lorsque Issaka Ouédraogo a perdu contre Ibrahim Ouédraogo, le CDP a décidé de ne plus présenter de candidat, car pour lui, les dés étaient déjà jetés. Sans pour autant boycotter les votes, le parti majoritaire a préféré s’abstenir. Pendant que l’on élisait encore les présidents des commissions, un haut responsable du CDP arrive dans la cour de la mairie et tempête : « En venant à ces élections, nous étions conscients des insuffisances du parti. Il nous faut les corriger en nous remettant en cause. Il faut que nous menions une large réflexion autour du mode de désignation de nos candidats. Il y va du bien du parti. Notre parti a besoin de retouches, s’il ne veut pas s’étioler progressivement. Ce qui nous arrive ce soir, nous nous y attendions franchement. ». En tout cas, l’on s’interroge beaucoup sur l’avenir politique de Mamadou Ouattara, jusque-là président de l’Association des municipalités du Burkina Faso (AMBF), section Nord. En sa qualité d’ex-maire de Tangaye et simple conseiller de la mairie de Ouahigouya, comment peut-il concilier ces responsabilités ? Cet homme, à vrai dire, a été très éprouvé lorsque sa candidature au poste de député n’a pas été retenue. Ses proches croyaient dur comme fer qu’il serait maire de Ouahigouya. Disons-le tout net : c’est son propre camp qui a concouru à sa chute. Si au CDP, on convient que ce sont des querelles de positionnement qui ont conduit à cette déception, il faut rappeler que le parti locataire de l’hôtel de ville a lui aussi connu des moments difficiles lors du choix des candidats. En effet, au départ, 3 candidats, à savoir Sidiki Belem, Ismaël Ouédraogo et Ibrahim Ouédraogo, voulaient être chacun maire de Ouahigouya. Une mésentente était alors née entre les 3 leaders. Il a fallu que le président du parti himself prenne ses responsabilités en coupant court à cette géguerre. A l’arrivée, Ismaël Ouédraogo (le plus jeune cadre) occupe le poste d’aménagement du territoire et gestion foncière. Les postes de 1er et 2e adjoints au maire reviennent respectivement à Ibrahim Ouédraogo et Sidiki Belem, député. Justement, c’est cette dernière responsabilité qui n’aurait pas rencontré l’assentiment de certains qui sont contre la double responsabilité. En tout cas, tout le mal que les Ouahigouyalais puissent souhaiter à cette nouvelle équipe, c’est la transparence dans la gestion des affaires communales. Là-dessus, Gilbert Noël Ouédraogo est prévenu. Alors qu’il rendait une visite de courtoisie aux leaders religieux et coutumiers de Ouahigouya le mardi 12 mars dans la matinée, un chef religieux lui a prodigué des conseils en ces termes : « Sache que c’est un lourd fardeau que l’on vient de te confier. Aussi, avec tes nouvelles fonctions, 3 catégories de personnes viendront vers toi. La première est la catégorie des mendiants qui viendront faire des courbettes pour avoir à manger. Donne-leur à manger et fais correctement ton travail. La seconde catégorie, c’est celle des hypocrites et des sournois, prêts à dire qu’un tel a dit ceci ou a fait cela. Ecoute-les attentivement et de qu’ils quittent ton bureau, jette leurs paroles à la poubelle. Enfin, la catégorie des bâtisseurs qui, en dépit de ta grandeur, te diront la vérité pour non seulement ton bien mais aussi celui de toutes les populations qui t’ont élu. » Des paroles pleines de sens qui, exploitées à bon escient, pourraient être utiles à tous.

La liste complète du nouveau bureau

Maire : Me Gilbert Noël OUEDRAOGO, avocat (ADF/RDA)

1er Adjoint : Ibrahima OUEDRAOGO, enseignant (ADF/RDA)

2e Adjoint : Sidiki BELEM, enseignant (ADF/RDA)

Présidente de la Commission affaires générales, sociales et culturelles : Ramata OUEDRAOGO (ADF/RDA)

Président de la Commission affaires financières et économiques : Inoussa OUEDRAOGO (ADF/RDA)

Président de la Commission Aménagement du territoire et gestion foncière : Ismaël OUEDRAOGO (ADF/RDA)

Président de la commission environnement et développement local : Y Auguste OUEDRAOGO (ADF/RDA)

Conseillers régionaux ADF-RDA : Pascal Adama OUEDRAOGO (ex-2e adjoint au maire) CDP : Mme Djénéba DIALLO/SANGARBA

Hamed NABALMA

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