Le ministre en charge de la Communication, Frédéric Nikiéma, a visité les médias de Bobo-Dioulasso, les 4 et 5 juin 2015. Dans une interview accordée à Sidwaya, le ministre a fait le bilan de son séjour et annoncé des mesures pour l’amélioration des conditions de vie des journalistes.
Sidwaya (S) : Vous êtes à Bobo-Dioulasso dans le cadre d’une visite des médias. Quel est l’objectif ?
Frédéric Nikiéma : (FN) : Depuis notre arrivée au ministère, nous organisons périodiquement des visites de terrain, pour échanger et discuter avec les acteurs des médias, de la communication et avec nos services dans les différentes régions. Cela nous permet de recueillir leurs préoccupations, faire l’état des lieux de leurs besoins et voir au niveau du gouvernement comment apporter des solutions à un certain nombre de difficultés de nos collaborateurs. Cette visite à Bobo-Dioulasso nous a permis de rencontrer les médias d’Etat mais aussi des médias privés.
S : Quel bilan faites-vous de cette visite ?
FN : Le bilan est d’une façon générale satisfaisante. Les médias que nous avons rencontrés sont professionnels, il y a une certaine liberté de ton. Nous avons constaté qu’il y a une pluralité d’opinions et de points de vue développés dans ces structures. Je pense que toutes ces actions ont permis de classer le Burkina Faso aujourd’hui au premier rang africain en matière de la liberté de presse, dans le dernier rapport de Reporters sans frontière.
S : Quelles sont les difficultés qui ont été soulevées dans les différents organes visités?
Au niveau de la presse d’Etat (Sidwaya, RTB2), il y a un manque de ressources humaines, de matériels (pas assez de caméras). Il y a la puissance des émetteurs qu’il faut augmenter, les lumières froides qu’il faut installer dans les différents studios. De façon générale, il y a un problème d’infrastructures. S’ajoute aussi la question de la numérisation des archives au niveau de Sidwaya. C’est dire qu’il y a un ensemble de points qu’il faut solutionner pour permettre aux agents de travailler dans les meilleures conditions. Au niveau de la presse privée, les difficultés sont la non-application de la convention collective, la défiscalisation du matériel, l’effectivité du fonds d’appui à la presse qu’il faut mettre en œuvre, les aspects liés à l’obtention de la carte professionnelle. Ce sont des éléments que nous avons pu répertorier. Au sein du gouvernement, nous allons voir comment trouver une solution. La bonne nouvelle, c’est que certaines de ces préoccupations font l’objet d’une attention particulière de la part du ministère. Je peux confirmer qu’il y a un certain nombre de mesures que nous allons matérialiser en faveur de la presse. C’est la défiscalisation du matériel de la presse, l’effectivité du fonds d’appui à la presse privée. Il y a des réformes sur lesquelles nous avons déjà travaillé que nous allons transmettre au gouvernement, en ce qui concerne la dépénalisation des délits de presse, la règlementation de la publicité et des médias en ligne.
S : Vous avez également évoqué des mesures pour une évolution des statuts des médias publics. Que devons-nous attendre ?
FN : Oui, c’est vrai que la réflexion est en cours en ce qui concerne le statut des médias d’Etat. Dans la feuille de route qui nous a été confiée par le gouvernement, il y a un ensemble de réflexions qu’il faut mener pour aller vers une plus grande libéralisation et professionnalisation de la presse. Nous avons entrepris de travailler sur les questions liées au statut des médias publics pour les transformer en véritables médias de service public. Un groupe de réflexion travaille sur la question et très bientôt, nous allons lancer tout un ensemble d’initiatives avec des ateliers qui seront organisés au Burkina Faso. On invitera des experts qui vont venir parler de leurs expériences et voir dans quelles mesures progresser dans ces réflexions pour qu’on puisse avoir des textes qui nous permettent d’aller vers ce statut qui est important au niveau de la RTB et de Sidwaya. Il y a un travail qui a déjà commencé et très prochainement avec l’appui d’un certain nombre de partenaires, nous allons élargir la réflexion et aller vers des activités plus concrètes avant la fin de la Transition.
S : Dans les médias privés, la convention collective n’est pas encore appliquée. Qu’est-ce que vous comptez faire pour amener ces médias à l’appliquer ?
FN : Cette question est revenue à plusieurs reprises. J’ai eu à faire part de cela à certaines de nos activités au gouvernement. C’est d’abord une question que les acteurs du privé doivent mettre au centre. Le gouvernement va jouer beaucoup plus un rôle de médiation. C’est entre essentiellement les travailleurs et leurs responsables. Il faut s’assurer à travers des dispositions, des dialogues et des discussions, à travers des mécanismes légaux qui existent pour amener ces structures à faire appliquer la convention collective. En ce qui concerne le gouvernement, il y a un environnement favorable qu’on peut créer, à travers la mise en œuvre des mesures que nous allons adopter, pour permettre l’amélioration des conditions de vie des travailleurs.
C’est quelque chose que nous pouvons faire. En plus de cela, il y a une médiation qui peut être faite avec les organes de presse privée, pour les inciter à trouver des solutions pour l’application de la convention collective.
S : En plus d’être dans la précarité, certains médias à Bobo-Dioulasso ont des journalistes qui ne sont pas issus d’école de formation. Que comptez-vous faire concrètement dans ce sens ?
FN : Nous avons un rôle et une feuille de route précise. Premièrement, ’est travailler clairement à adopter un certain nombre de textes. Deuxièmement, c’est la formation. Il y a des ateliers que nous avons organisés pour renforcer les capacités des acteurs des médias. La troisième action que nous pouvons réellement conduire, c’est d’aller discuter avec certains acteurs, notamment la presse privée, pour l’amener à faire appliquer la convention collective. Dans les médias d’Etat, il faut travailler à faire adopter le statut. C’est une étape très importante pour l’amélioration des conditions des journalistes de façon générale.
Interview réalisée par
Rabalyan Paul OUEDRAOGO