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Chrysogone Zougmoré, président du MBDHP : « Lorsqu’on tue de façon odieuse des jeunes, la priorité n’est pas de leur rendre hommage »
Publié le vendredi 5 juin 2015  |  Le Pays
Cherté
© aOuaga.com par A.O
Cherté de la vie : la CCVC proteste par un meeting à Ouaga
Mercredi 8 avril 2015. Ouagadougou. Place de la nation. La Coalition contre la vie chère (CCVC) a organisé un meeting dans le cadre de la journée nationale de protestation contre la vie chère. Photo : Chrysogone Zougmoré, premier vice-président de la CCVC




Le Burkina a rendu hommage aux martyrs de l’insurrection populaire de fin octobre 2014, le 30 mai 2015. Une cérémonie à laquelle le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP) a brillé par son absence, en refusant de s’associer à cette commémoration. Chrysogone Zougmoré, président du MBDHP, dans les lignes qui suivent, donne les raisons pour lesquelles le mouvement qu’il dirige, est resté en marge de cette célébration nationale. Lisez plutôt !

Pourquoi le MBDHP s’est-il retiré de la cérémonie d’hommage aux martyrs des 30 et 31 octobre 2104 ?

Nous n’avons pas voulu nous rendre complices d’une démarche pouvant favoriser l’impunité au Burkina Faso, surtout en ce qui concerne ce qui s’est passé les 30 et 31 octobre 2014. C’est le même scénario que celui qui a concouru à l’institution de la fameuse Journée nationale de pardon, le 31 mars 2001. Du reste, cette journée est tombée en désuétude parce qu’on a jamais fait la lumière, encore moins dit la vérité sur les crimes impunis jusqu’alors. Lorsqu’on tue de façon odieuse des jeunes en tirant sur eux, la priorité n’est pas de leur rendre hommage mais plutôt d’établir les circonstances dans lesquelles ils ont été tués. C’est de dire la vérité et de leur rendre justice. Je pense que c’est cela la priorité. Voilà donc les raisons de notre non-participation à la Journée nationale d’hommage aux martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Du reste, je pense que nous rendons ainsi hommage, en insistant sur le fait qu’il faille leur rendre Justice. On a l’habitude de dire que « plus rien ne sera comme avant », mais on constate que c’est exactement ce qui se passait par le passé. J’ai rappelé tantôt cette fameuse Journée nationale de pardon instituée depuis bientôt 15 ans. Mais jusqu’à présent, on n’a rien vu venir en termes de vérité et de justice. C’est donc pour ne pas nous rendre complices que nous avons pris cette position retranchée.

Vous avez tantôt parlé de démarche, de quoi est-il exactement question ?

La logique en pareille circonstance, au niveau de la démarche, aurait d’abord consisté à dire la vérité et à rendre justice avant d’entreprendre de rendre hommage à ces martyrs. La démarche inverse peut conduire à l’impunité.

Ne croyez-vous pas à la sincérité de la démarche initiée par le gouvernement pour faire la lumière dans cette affaire?

Le gouvernement n’a pas dit avoir ouvert des dossiers concernant les morts de l’insurrection populaire. Si des dossiers avaient été ouverts, il aurait informé l’opinion publique. Jusqu’à présent, à notre connaissance, rien de véritablement substantiel n’a été entrepris pour dire la vérité sur ce qui s’est passé les 30 et 31 octobre. C’est simple, nous l’avons dit. Il est évident que ce sont des éléments du Régiment de sécurité présidentiel (RSP) qui ont tiré sur ces jeunes. Je ne sais pas pourquoi jusqu’à présent, plus de sept mois après les évènements, on ne veut pas nous dire qui a ordonné de tirer ? Et quels sont les éléments qui ont tiré ?

De quels moyens dispose le MBDHP pour contraindre le gouvernement à prendre en compte ses revendications ?

Nous n’avons pas la prétention de contraindre qui que ce soit à dire la vérité et à faire la justice. Nous attirons simplement l’attention du gouvernement et de l’opinion publique, que nous avons l’impression qu’au niveau des autorités de la transition, il y a quelque chose qui ne va pas. Nous avons l’impression qu’elles ne veulent pas nous dire qui a ordonné de tirer.

Avez-vous des réponses venant du gouvernement sur vos préoccupations ?

Nous n’avons pas de réponse. Nous avons toujours réclamé vérité et justice sur les martyrs des 30 et 31 octobre 2014. Jusqu’à présent, nous attendons la réponse du gouvernement. Il n’y a pas encore de vérité, ni de justice.

Quelles sont les actions que vous comptez entreprendre ?

Nous avons entrepris des procédures auprès du Tribunal de grande instance (TGI), auprès du ministère de la Défense et auprès du président du Conseil national de la transition. Nous attendons la suite de ces procédures que nous avons enclenchées depuis le mois de mars 2015.

Un mot sur l’exhumation des restes de Thomas Sankara

Il faut souhaiter que le processus puisse suivre normalement son cours et aboutir à la vérité et à la justice.

Propos recueillis et retranscrits par Thierry Sami SOU
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