L’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) se trouve dans une tourmente inextricable face à une crise d’eau dans les deux grandes villes de la province du Kouritenga. Nous y avons effectué un tour, le lundi 1er juin 2015, ce qui nous a permis de constater le barrage de Itengué à sec et la station de pompage de l’ONEA située juste à cinquante (50) mètres du barrage souffreteuse. Quelques points de distribution d’eau de ces deux endroits étaient également visités.
Le barrage de Itengué est à sec. Le lit de l'infrastructure craquelé. Cette situation nous l'avons constatée lors d'une sortie de terrain. L’objectif de cette sortie est de constater de visu, le vécu quotidien des agents de l’ONEA, de leur combat acharné dans la gestion de l’eau dans cette localité, aussi amener la population à comprendre que la situation qui sévit présentement est la résultante de l’action humaine. Et cela dans l’optique de lancer un appel-sensibilisateur à l’endroit de tous les acteurs de la province du Kouritenga afin que cette crise d’eau soit résolue pour de bon. Du reste, trois acteurs sont interpellés: il s'agit des membres du Comité local de l’eau (CLE) de Itengué, le groupe des exploitants du barrage (maraîchers, pêcheurs, éleveurs) et l’Etat. Au barrage de Itengué, l’unique point de traitement de l’eau d’une capacité de plus de trois millions de mètres cubes qui dessert les 160 000 habitants des villes de Koupéla et de Pouytenga, nous avons pu faire le constat amer d’absence d’aucune goutte d’eau. En effet, depuis plus de deux mois, les deux communes urbaines du Kouritenga vivent un calvaire. Le comité local de la gestion, à sa dernière rencontre, avait pris des mesures drastiques pour en découdre avec cette pénurie devenue cyclique et annuelle. La chose qui semble certaine est que personne n’a respecté les clauses du consensus à cette réunion. Le pire est que les maraîchers et les éleveurs ont exploité cette eau jusqu’à la dernière goutte. Pour la direction régionale de l’ONEA du Nord-est basée à Koupéla, Jean Joseph Zongo, La demande d’eau de boisson en période chaude, pour les deux villes est de 4 800 m3 par jour tandis que la production actuelle est de 1 000 m3 d’eau par jour, dont un déficit de 3 800 m3 d’eau par jour. Mais la question est de savoir s'il faut permettre à une minorité (maraîchers et éleveurs) d’assouvir sa volonté au détriment de la très forte majorité? A Pouytenga, nous avons d’abord visité un point de distribution d’eau au secteur n°2, desservi par un camion citerne. Plus d’une centaine de femmes attendaient impatiemment avec leurs barriques et par moment, des incompréhensions apparaissent. C’est un grand effort consenti par l’ONEA, car cela fait quatre camions citernes de 122 500 litres d’eau qui effectuent en moyenne deux voyages par jour sur Pouytenga. Une interpellation à l’endroit de l’Etat de passer désormais à l’argument de la force au nom du caractère d’utilité publique de ce barrage de Itengué, car l’heure devient grave. De retour à Koupéla, nous avons visité quelques bornes-fontaines. Comme à Pouytenga ce sont les mêmes complaintes "les femmes découchent pour faire la queue dans les fontaines avec des querelles à n’en pas finir". Les autorités avaient fait la promesse de réaliser un autre barrage pour améliorer la situation. Aujourd'hui plus que jamais les populations ont besoin de cet ouvrage.
Amédée W. SILGA
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