Dans la politique gouvernementale visant à concilier les populations de Namissiguima et la société minière True Gold, les ministres Auguste Denise Barry en charge de l'administration territoriale et Boubacar Bâ des mines et de l'énergie ont, au cours d'un point de presse, le jeudi 4 juin 2015 à Ouagadougou, appelé les parties prenantes au dialogue. Le gouvernement a aussi affirmé que l'autorité de l'Etat sera respectée partout où besoin sera.
Faire respecter la loi et l'autorité de l'Etat partout où besoin sera. C'est la sommation du gouvernement qui a retenu l'attention des journalistes lors de la conférence de presse organisée, le jeudi 4 juin 2015, à Ouagadougou pour envisager des "solutions concertées et pérennes" à la crise de Namissiguima, toujours latente. En effet, la société minière True Gold envisage tant bien que mal de reprendre son site situé dans ladite commune rurale, à une trentaine de kilomètres de Ouahigouya, mais en vain. Les négociations se poursuivent et le gouvernement burkinabè entend rétablir l'ordre en faisant respecter les textes, la cohésion sociale et cultiver l'esprit de tolérance et de dialogue au sein des manifestants. La conférence a été conjointement animée par les ministres de l'Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, Auguste Denise Barry et celui des Mines et de l'Energie, Boubakar Bâ. Cette rencontre avec les médias visait aussi à réaffirmer la volonté du gouvernement de la Transition d'asseoir de concert avec les populations et les forces vives de Namissiguima, un dialogue franc afin de permettre l'implantation véritable de la mine. Devant les journalistes, le premier responsable des mines et de l'énergie, Boubakar Bâ, a indiqué que le gouvernement a, par décret en date du 31 décembre 2013, octroyé un permis d'exploitation à la société Riverstone Karma SA. L'administration étant une continuité, la Transition a tenu à respecter ces clauses, selon lui. "L'octroi du permis a suivi toutes les procédures administratives légales", a renchéri le ministre Bâ. L'entreprise, a expliqué le ministre, avait réalisé des investissements d'environ 30 milliards de francs CFA. Malheureusement, les humeurs des populations caractérisées par des casses, incendies, saccages le 14 janvier 2014, ont occasionné des pertes estimées à 3 milliards de francs CFA. Le ministre a également expliqué que toutes les mesures sont prises conformément aux dispositions de l'article 63 du code minier qui garantit la protection des édifices religieux et des lieux de sépultures. "Des garanties ont été données au Cheick Aboubacar Maïga II, grand Imam de Ramatoulaye, que ni la mosquée, ni le cimetière ne seront touchés comme le spécule la rumeur", a dit M. Bâ. A la question de savoir pourquoi des manifestations alors que les procédures ont été respectées, le ministre croit savoir qu'il y a des manipulations et que le Cheick Maïga II, éprouve du mal à prendre des décisions face à la pression de la jeunesse.
La terre appartient à l'Etat!
Mais le gouvernement garantit aux sociétés minières que les problèmes d'exploitation seront réglées avec le nouveau code en vue. "Nous sommes dans un Etat de droit, donc notre mission est de garantir les investissements au pays", a déclaré le ministre des Mines. Est-il possible à l'étape actuelle de demander le départ de True Gold Mining de la localité? A cette question le ministre en charge de la sécurité, Auguste Denise Barry, a affirmé que ce sera hypocrite de l'approuver. A son avis, il y va de l'autorité et de la responsabilité de l'Etat. "C'est un contrat entre la mine et l'Etat; aujourd'hui, des individus vont demander de lever l'entreprise, mais pour l'amener où? Cette solution n'est pas envisageable. La terre appartient à l'Etat, donc il faut trouver une autre alternative amicale. Et je tiens à préciser que nous allons maintenir l'autorité de l'Etat, sinon ce sera un précédent", a dit M. Barry. La mine de Karma, faut-il le rappeler, traverse depuis plus de six mois une crise due au refus d’exploitation des populations, principalement musulmanes, qui craignent que l'exploitation minière ne puisse, à la longue , engloutir leur lieu de culte. Les différentes tentatives de dialogue n'ont abouti à rien. Jusque-là, la tension dans la localité est palpable.
Wanlé Gérard COULIBALY
gerard_coul@yahoo.fr