Suite à notre écrit « Ecole privée de santé Sainte Edwige : les résultats d’un examen annulés », nous avons rencontré le directeur régional de la Santé du Centre, Dr Landaogo S. Lionel Wilfrid Ouédraogo, président du comité régional de pilotage, le mercredi 3 juin 2015 pour des compléments d’information. Selon lui, l’examen n’a pas été annulé. C’est plutôt l’épreuve pratique de l’examen de fin d’études des personnels paramédicaux , des sages-femmes et maïeuticiens d’Etat de 25 candidats du jury Paul VI qui a été annulée pour non-respect des règles.
Les premières écoles privées de santé sont apparues au Burkina en 2005. Depuis lors, il y a une floraison de ces écoles sur toute l’étendue du territoire national. Malheureusement, a relevé le directeur régional de la Santé, Dr Landaogo S. Lionel Wilfrid Ouédraogo, aussi bien les écoles publiques que privées organisaient chacune de leur côté leurs examens de fin de cycle. Dans le souci de rendre les diplômes plus fiables, le secrétaire général du ministère de la Santé a institué en 2014 un examen unique de certification des diplômes des écoles privées et publiques de santé. Pour l’organisation pratique de l’examen,il a été mis en place un comité national de pilotage présidé par le secrétaire général du ministère de la Santé.Dans chaque région, il a été mis en place un comité régional de pilotage. En 2014, il y avait 6 comités régionaux. Cette année, a-t-on appris auprès du directeur régional de la Santé du Centre, 9 comités régionaux de pilotage ont été mis en place. Lecomité régional est composé du directeur régional de la Santé, du directeur régional des Enseignements secondaire et supérieur, du directeur régional de la Police nationale, du directeur régional de la Fonction publique et de 2 représentants des écoles de formation (un du public et un du privé). Pour ce qui est de la région du Centre, 5 jurys ont été mis en place pour l’organisation des examens des sages-femmes et maïeuticiens d’Etat, des Infirmiers d’Etat, des Infirmiers brevetés, des Agents itinérants de santé et d’hygiène communautaire , des Garçons et Filles de salles, des Techniciens biomédicaux, des Préparateurs d’Etat en pharmacie, des Manipulateurs d’Etat en électro-radiologie, des Techniciens d’Etat en génie sanitaire, des Gestionnaires des hôpitaux et des adjoints des cadres hospitaliers. Tous ces examens à l’exception, des deux derniers, sont assortis d’épreuves pratiques. Ces épreuves pratiques, conformément à la note ministérielle n°2015/0969/MS/DRH/SGPEC en date du 15 avril 2015, sont organisées sur des sites dont notamment des Centres de santé.
Dans la région du Centre, il y a 5 écoles de santé du public comme du privé. Les présidents des 5 jurys sont composés des représentants des 5 écoles de formation. Des examinateurs ont été identifiés aussi par les écoles. D’autres examinateurs proviennent des sites pour les pratiques. Un binôme d’examinateurs,un des écoles de formation et l’autre des centres de santé, examine le candidat lors des épreuves pratiques qui se déroulent du 18 mai au 8 juin 2015. Selon le directeur régional de santé, sur le terrain, des candidats peuvent croiser un examinateur de leurs écoles. Mais, il y a l’examinateur terrain qui fait l’équilibre. Les deux examinateurs donnent chacun une note qui sera synthétisée. C’est cette note qui est transférée au président du jury.
Pour ce qui est du cas spécifique du jury du CMA Paul VI, les examinateurs se sont accordés pour marquer une pause les vendredi 29 mai et samedi 30 mai 2015. C’est faisant fi de ce consensus qu’une examinatrice d’une école privée de santé, en l’occurrence de l’école de santé privée sainte Edwidge, s’est présentée le vendredi pour examiner les candidats. En l’absence de son binôme, elle a examiné les candidats avec un autre examinateur d’un autre service de la structure de santé. Les deux examinateurs ont transmis la note synthétique. Ayant été mis au courant, le directeur régional de la Santé a annulé l’épreuve pratique intitulée « démarche de soins en milieu hospitalier et consultation curative infirmière au dispensaire ». 25 élèves sont concernés par cette épreuve. Sur les 25, seuls 8 sont de l’école de santé Sainte Edwige. « On ne peut pas éviter qu’un élève tombe sur un examinateur de son école », a relevé le directeur régional de la Santé qui pense que l’examinatrice a peut-être enfreint les règles pour des questions financières. En effet, chaque candidat examiné équivaut à 3000 F CFA qui tombent dans l’escarcelle de l’examinateur. Pour le directeur régional de la Santé du Centre, les notes sont confidentielles jusqu’à la proclamation des résultats qui interviennent après les épreuves écrites. L’épreuve pratique sera reprise pour les 25 candidats dans les jours à venir
La version du directeur régional de l’école privée de santé Sainte Edwige Mathieu Ouérece
« L’examen n’est pas sous la responsabilité de l’Ecole privée de santé Ste Edwige, mais celle du ministère de la Santé à travers les différents comités de pilotage des examens. Dans l’organisation de cet examen, les enseignants de tous les établissements publics et privés sont impliqués et c’est au ministère que revient la charge de les répartir dans les différentes formations sanitaires, de même que les candidats de toutes les écoles privées et publiques. Suivant cette répartition, des enseignants et des candidats de la même école peuvent se retrouver dans un même centre. Dans cette répartition, il est évident qu’il y aura des élèves de Ste Edwige qui seront examinés par leur professeur. Du moment que ce n’est pas notre école qui s’occupe de l’affectation de ses enseignants et de ses candidats à un centre donné, comment pouvons-nous favoriser les élèves de Ste Edwige ? Nous récusons cette accusation selon laquelle Ste Edwige a tenté de frauder aux examens. Nous avons toujours été très rigoureux dans l’encadrement de nos élèves ce qui justifie le taux de succès élevé que nous enregistrons à chaque examen. Comme l’indique notre devise, nous travaillons dans la conscience, de ce fait, nous ne pouvons pas risquer de mettre un agent incompétent sur le terrain. Nous sommes conscients que beaucoup de personnes cherchent à salir la réputation de notre école et pour cela, nous sommes très prudents. Ce qui s’est passé dans le Jury de Paul VI, c’est qu’une de nos enseignantes ne s’est pas conformée aux règles. Dans toute structure, il y a des brebis galeuses qui ne suivent pas les instructions qu’on leur donne. Mais nous n’accepterons pas que l’on fasse porter le chapeau à l’école Ste Edwige. Aucune consigne n’a été donnée par l’école privée de santé Ste Edwige à cette enseignante d’aller faire des épreuves en dehors du consensus établi par le Comité régional et les présidents de l’ensemble des jurys. C’est un consensus qu’elle n’a peut-être pas respecté. Toutefois, nous pensons qu’elle était animée d’une bonne foi, en tout cas, jusqu’à preuve du contraire. Selon ce qui nous est revenu, pour des raisons de disponibilité, le jury dans lequel elle était logée a décidé de faire une trêve pour les journées de vendredi et samedi et de ne reprendre les examens que le lundi. N’étant pas d’avis avec cette décision, notre enseignante a préféré s’acquitter de sa tâche vendredi. Conséquence, elle a fait l’examen avec une personne autre que celle qui avait été désignée pour l’assister. Elle a donc examiné 23 candidats dont 8 de l’Ecole Ste Edwige. Pour ce qui est des notes, je me dis qu’elle n’a pas pu les falsifier parce que leur attribution se fait par les 2 examinateurs. Lorsque j’ai appris ce qui s’est passé, j’étais hors de moi, parce qu’elle aurait dû s’en tenir au chronogramme et à la répartition faite par le ministère. Si elle n’a pas respecté la règle, on ne peut pas tenir l’établissement pour responsable »
La version du promoteur de l’école privée de santé Notre dame du perpétuel secours Victor Zongo
« J’ai été saisi par un élève d’une tierce école qui m’a signifié qu’il y avait un grand écart entre les notes de pratiques des candidats de l’Ecole privée de santé Sainte Edwige (17-18 sur 20) et celles des autres candidats du jury (12-13 sur 20). Ce qui s’est avéré exact. Pour en savoir davantage sur le problème, je me suis déporté à Paul VI. Là-bas, on nous a confirmé l’annulation des résultats de la phase pratique de l’examen pour ce centre, et pour cause, le non-respect des règles par l’Ecole Ste Edwige. Selon ce que j’ai appris, les examinateurs, si vous voulez, les professeurs de Ste Edwige sont revenus, en dehors des dates programmées pour faire la pratique à leurs éléments, précisément en chirurgie à l’hôpital Paul VI. Les enseignants de cette école sont venus, un autre jour que les jours indiqués, pour prendre leurs éléments et faire la pratique. Ce qui est hors normes, parce qu’on a affaire à une fraude. Le président du Jury a alors fait un rapport au directeur régional de la Santé qui, lui, a décidé de l’annulation de ces résultats. Ces cas, certainement se produisaient et en tant que responsable de la fédération des associations de la santé privée du Burkina, nous demandons qu’il y ait des sanctions pour que cela ne se répète pas »1
Propos recueillis et retranscrits par ZAC