Depuis l’avènement de la Transition, les nouvelles autorités ont prôné la réduction du train de vie de l’Etat. Chose qui a été bien accueilli par l’ensemble des citoyens, quand on sait l’excès, pour ne pas dire les abus et la gabegie dans lesquels, les barons de l’ancien régime étaient versés. Cependant, certains ministères de la Transition rament à contre-courant et semblent être des entités qui fonctionnent en dehors de l’administration publique. Plutôt que de s’inscrire dans la dynamique de la restriction budgétaire, ces ministères, curieusement, s’octroient des avantages indus. C’est le cas au ministère de l’Economie et des Finances, où les pratiques douteuses qui avaient pion sur rue sous l’ère Bembamba, se sont accentuées. Enquête sur les avantages attribués aux personnels à travers les revendications syndicales et la hiérarchie au MEF.
On pensait en avoir fini avec la pratique deux poids deux mesures au niveau de l’administration publique avec l’avènement de la Transition. La probité des nouvelles autorités semblaient forcer le crédit de nombre de Burkinabè et une nouvelle ère dans la gestion de l’administration publique s’ouvrait. Et même que le président du Faso, président de la Transition Michel Kafando himself, lors de son investiture, le 21 novembre 2014, a laissé entendre que « plus rien ne sera comme avant ». On avait même parlé de budget d’austérité, pour reprendre l’expression du ministre délégué chargé du Budget. Eh bien, au ministère de l’Economie et des Finances, « plus rien ne sera comme avant, mais ça sera pire » est-on tenté de renchérir. La réduction du train de vie de l’Etat et l’austérité budgétaire annoncée par Michel Kafando semble être de la poudre aux yeux pour ne pas dire plus. Car ce qui se passe au niveau du ministère de l’Economie et des Finances fait dire que le MEF est une entité qui diffère des autres ministères. En effet, au niveau de ce ministère au regard de la spécificité et de la délicatesse de la tâche, des motivations sont reversés aux agents. Des motivations du reste décriées par certains fonctionnaires. A ces motivations et eu égard aux différents mouvements de protestation du syndicat des agents des finances, les indemnités ont été versées en rappel et cela au grand bonheur de tous les agents.
Pour la hiérarchie, de nouvelles indemnités sont servies sous le chapitre « Appui au personnel des cabinets du ministère de l’Economie et des Finances, du ministère déléguée chargé du Budget et du secrétariat général ». Dans une note adressée au ministre de l’Economie et des Finances, en date du 24 mars 2015 et numérotée comme suit : 2015/000457/MEF/MDCB/CAB, la ministre déléguée chargée du Budget, celle qui parlait de budget d’austérité proposait certains nombres d’avantages aux personnels des cabinets du ministre de l’Economie et des Finances, de la ministre déléguée chargé du Budget et du secrétaire général. Selon elle, l’appui au personnel des cabinets du MEF, du MDCB et du SG est fondé sur un constat qui relève une surcharge de travail de leurs collaborateurs directs (le personnel des cabinets ci-dessous cités). « Faisant suite au constat commun que nous avons fait, relevant une surcharge de travail de nos collaborateurs directs et à notre engagement à les accompagner à être efficaces dans leur poste de travail respectif, j’ai l’honneur de vous soumettre un projet de motivation pour les personnels des cabinets MEF, MDCB et SG pour décision à prendre », tel est le contenu de la note adressée par Amina Bambara/Billa à Gustave Sanon, ministre de l’Economie et des Finances (lire encadré). Notons une fois de plus que, ces avantages, viennent se greffer aux fonds communs et les autres indemnités octroyées.
Le SYNAFI bien servi en rappel d’indemnités
C’est à croire que cela a été savamment muri, car même le syndicat national des agents des finances (SYNAFI) a été muselé. La question du rappel des indemnités de responsabilités financières et de logements qui était en suspend depuis 2005 a été réactivée illico presto, par le MEF et le SYNAFI ont été priés en décembre 2014, de transmettre une évaluation de l’incidence financière du rappel des indemnités de responsabilité financière et de logements. Chose qui fut faite, car en date du 16 janvier 2015, l’évaluation a été transmise. De 2005 à 2013, le rappel de l’indemnité de responsabilité financière se chiffrait à un milliard 387 millions 392 mille F CFA. Le rappel de l’indemnité de logement sur la période de 2008 à 2011, quant à lui, s’élève à 3 milliards 936 millions de F CFA. Au total, l’incidence globale des rappels relatifs aux indemnités de responsabilité financière et de logement a été évaluée à 5 milliards 323 millions 860 mille F CFA. Cette évaluation reçue, le ministre instruit son DAF (le directeur administrative et financière) à prendre toute la diligence pour qu’au plus tard fin mai 2015, la moitié des indemnités soit payée. En cette période de restriction budgétaire, il est difficilement acceptable qu’on puisse trouver subitement la moitié de plus de 5 milliards de F CFA pour accéder à des revendications, quand bien même sont-elles fondées. De toute évidence, le MEF a réussi la prouesse. Cette manœuvre, qu’on se le tienne pour dit, visait tout simplement à se mettre dans sa poche le SYNAFI, afin que la pillule qui est l’octroi des avantages aux personnels des cabinets du MEF, du MDCB et du SG, puisse passer. Vraisemblablement, celle-ci est passée, car depuis, c’est silence radio, alors que l’octroi des avantages qui frisent l’indécence en cette période de Transition est en marche.
La loi du deux poids deux mesures dans l’administration publique
A l’évidence, le MEF qui a en charge les finances et la trésorerie au Burkina bénéficie d’un traitement de faveur dans l’administration publique. Il n’est un secret pour personne que dans la plupart des ministères, les revendications syndicales sont récurrentes. Et jusqu’à présent, nombres d’entre elles peinent à être satisfaites. Il est difficilement compréhensible qu’au niveau du MEF, en un coup de baguette magique, on puisse régler des ardoises et non des moindres, qui datent depuis 2005. On est donc tenté de dire qu’au sein de l’administration publique, la loi du deux poids deux mesures persiste. Car, les revendications syndicales (qui regroupent les revendications corporatives) sont discutées dans le cadre de la rencontre gouvernement-syndicats. C’est dans ce cadre que les solutions sont dégagées pour l’ensemble des structures syndicales. En définitive, silence ! On bouffe au MEF. C’est la Transition !
DEMISSIONNAIRES DU PARTI LE FASO AUTREMENT
« Certains ex-opposants de Blaise Compaoré continuent
de gérer leur parti comme des familles » Moussa Ilboudo
Moussa Ilboudo, ancien membre du parti le « Faso Autrement » avec des centaines de militants ont annoncé leur démission , le 1er juin 2015 au cours d’une conférence de presse à Ouagadougou. Ces démissionnaires déposent leur valise politique au Mouvement patriotique du Burkina (MPB).
Moussa Ilboudo, le leader des démissionnaires a claqué la porte de Le Faso Autrement avec des centaines de militants. Nous avons appris l’information au cours d’une conférence de presse animée le 1er juin 2015. « Nous étions membres du parti Faso autrement mais le président du parti est un homme autocrate qui prend, tout seul, ses décisions.Nous en avons marre .A partir d’aujourd’hui ; nous ne faisons plus partie du Faso Autrement !! », c’est en ces termes que Moussa Ilboudo a introduit les déclarations pour marquer leur mécontentement par rapport à la gestion du parti. En effet, ces derniers étaient engagés avec le Faso Autrement, dans l’espoir d’un changement comme son nom l’indique, a relevé Moussa Ilboudo. Mais, par la suite, la réalité des faits ne témoigne pas cette volonté réelle de changement, dira t-il. « Un travail politique, sans une organisation pratique dans le fond, des listes électorales faites par complaisance et aussi et surtout la non prise en compte des points de vue des militants, lors des rencontres », sont entre autres les raisons avancées par le leader des démissionnaires de « le Faso Autrement ». C’est ainsi qu’après de vaines tentatives d’appel à la raison, Moussa Ilboudo a pris l’engagement, après consultation de sa base au niveau de l’arrondissement 11 de Ouagadougou et, avec plusieurs délégués des autres arrondissements, de quitter le parti le Faso Autrement afin de participer de façon digne au débat politique actuel de notre pays. Selon Moussa Ilboudo, l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 n’a toujours pas servi de leçon à certains opposants de l’ex- régime qui continuent de gérer leurs formations politiques comme des familles, des clans ou encore des clubs d’amis, voire même un patrimoine personnel. « A travers ces constats amers et révoltants nous avons décidé de rejoindre le Mouvement patriotique du Burkina(MPB) qui est un parti de jeunes qui prône la démocratie participative », a-t-il déclaré. Moussa Ilboudo et ses camarades entendent relever le défi en rejoignant le MPB qui est né en 2011. Ceux- ci lancent un appel aux femmes, aux jeunes et à tous les autres patriotes de rejoindre le MPB car selon eux le patriotisme est le maitre mot de leur lutte. Moussa Ilboudo a conclu ses propos en ces termes : « Le 11 octobre 2015, c’est dans quelques mois et nous serons bel et bien à ce rendez-vous historique de notre pays ». Il a réitéré ses remerciements à tous les hommes de medias, hommes politiques, militants et sympathisants du MPB 1
Par Inès Ouédraogo
(Stagiaire)