Dans une Afrique où le football est considéré, à raison, comme «le sport roi», on ne peut s’empêcher de comparer la situation de la Fédération internationale de football (Fifa) à celle du Burundi. Si les amateurs du ballon rond peuvent se réjouir de l’heureux dénouement du bras de fer entre les fédérations européennes et le président de la Fifa, les insurgés burundais contre le «troisième mandat» du président sortant eux, sont encore obligés de maintenir la pression pour espérer faire plier Pierre NKurunziza.
Dans un cas comme dans l’autre, le football et la politique apparaissent comme des jeux de pouvoir, un rapport de force. Mais dans le premier, Joseph Blatter n’a pas résisté longtemps aux pressions des fédérations européennes et particulièrement du Royaume Uni. Malgré sa réélection le week-end dernier à une majorité qualifiée, le patron du foot mondial a dû s’incliner pour éviter que l’image de son organisation, éclaboussée par de graves affaires de corruption ne ternisse davantage. En cela on peut dire qu’il a choisi d’entendre la voix de la raison.
Au Burundi en revanche, on assiste toujours au baroud d’honneur d’un président seul contre une bonne partie de son peuple et de la communauté internationale. Malgré des appels répétés au respect de l’esprit et de la lettre de la constitution de son pays, Pierre NKurunziza persiste et signe en s’arcboutant à un pouvoir qu’il ne tient que grâce à des milices meurtrières. Cela fait plus d’un mois que les affrontements sanglants durent à Bujumbura alors qu’il a juste fallu quelques jours pour que Joseph Blatter reconnaisse qu’il n’est plus digne de continuer à présider à la destinée du football mondial.