Paris - Les élections se tiendront comme prévu début octobre, a assuré mardi le président du Burkina Faso Michel Kafando, qui juge indispensable la mise en chantier d’une nouvelle Constitution, qui serait soumise à référendum.
"Nous nous en tenons à la date du 11 octobre" pour l’organisation des élections présidentielle et législatives, a déclaré le président Kafando, démentant les rumeurs de report, dans un entretien à l’AFP.
Désigné président de la transition le 17 novembre dernier après la chute du président Blaise Compaoré, cet ancien diplomate de 72 ans est en visite officielle en France jusqu’au 7 juin.
Il s’est entretenu lundi avec le président François Hollande, pour "faire le point" sur le calendrier électoral.
Même si le financement des élections n’est "pas encore bouclé", le calendrier sera respecté, a-t-il assuré à l’AFP.
Les élections du 11 octobre ne seront pas ouvertes à tous. "Tous les membres du gouvernement et du Conseil national de transition (CNT) sont exclus de la prochaine élection", a rappelé Michel Kafando. "C’est clair et net, nous l’avons accepté au départ".
Le scrutin sera également interdit à plusieurs partisans de Blaise Compaoré, après une révision du code électoral qui rend "inéligibles" les personnes ayant soutenu la tentative de révision de la Constitution en octobre 2014. Destinée à permettre à M. Compaoré de se maintenir au pouvoir, elle avait finalement causé sa chute, à l’issue d’une insurrection populaire, après 27 ans de règne.
Malgré les critiques de l’opposition et de plusieurs partenaires étrangers du Burkina Faso, dont les Etats-Unis et l’Union européenne, Michel Kafando justifie cette mesure. "C’est tout à fait logique. On ne pourrait pas comprendre que les gens qui sont à l’origine de cette forfaiture puissent se présenter et prétendre à diriger le pays".
"Ce n’est pas une exclusion pleine et entière", a-t-il argumenté. "Ils peuvent se présenter dans cinq ans mais pas maintenant".
Il reviendra au Conseil constitutionnel de valider les candidatures, a ajouté le président qui s’est refusé à commenter des cas particuliers, tel celui de Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères de M. Compaoré qui s’était opposé à tout changement constitutionnel l’an dernier.
"Ceux qui n’ont pas soutenu" la modification constitutionnelle "sont libres de se présenter", a toutefois souligné Michel Kafando.
- ’Changer de Constitution’ -
Ce dernier a par ailleurs plaidé pour la première fois pour une nouvelle Constitution, un chantier qu’il laisse à son successeur.
"Il faut absolument qu’il y ait un changement de Constitution", a jugé M. Kafando.
"Une Constitution suppose une assemblée constituante pour proposer le texte, délibérer, trancher. Et cela suppose que l’on soumette ce texte à référendum", a-t-il expliqué.
"Compte-tenu de la durée de la transition", qui doit s’achever le 11 octobre, "nous ne prévoyons pas de pouvoir mener cette opération à bien", a déclaré le président Burkinabè. "Mais nous allons encourager ceux qui vont arriver (au pouvoir) à aller dans ce sens".
Pour Michel Kafando, la chute de Blaise Compaoré, chassé du pouvoir le 31 octobre 2014 par une révolte populaire, montre "qu’il y a une personnalisation trop poussée du pouvoir politique" au Burkina.
"Il faut arriver à une Constitution qui tempère le pouvoir léonin du chef de l’État. C’est la seule façon, avec un équilibre du pouvoir, de contenir des ambitions exagérées", a-t-il estimé.
L’exil de M. Compaoré en Côte d’Ivoire a quelque peu tendu les relations entre les deux voisins, mais M. Kafando assure que "l’ambiance ne peut être que bonne".
"S’il advenait que l’ancien président se mette à faire de l’activisme politique (...) nous serions obligés de dire ce que nous pensons au gouvernement ivoirien", a-t-il néanmoins relevé.
Quant à son avenir personnel, "ce qui est certain c’est que je ne ferai plus de politique !", a lancé Michel Kafando, à qui "l’honneur" de diriger la transition "suffit largement".
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