Le secrétariat exécutif du conseil national de sécurité alimentaire a organisé le lundi 25 mai 2015 à Dori un atelier régional de capitalisation de l’opération-pilote de ciblage des ménages vulnérables initiée dans deux provinces du Sahel. 100 966 ménages ont été catégorisés dont 48% classés comme pauvres.
L’opération-pilote de ciblage des ménages vulnérables a concerné les provinces du Soum et de l’Oudalan, et ceux-ci ont été répartis selon 4 catégories socioéconomiques. D’après les résultats, 5% de ces ménages sont nantis, 25% moyens, 48% pauvres et 23% sont très pauvres. Pour atteindre ces résultats, 389 villages dont 166 de l’Oudalan dans 5 communes et 223 du Soum dans 9 communes ont été couverts. A cet effet, 102 306 ménages dont 50 067 à Oudalan et 52 239 au Soum ont été recensés. Toute chose qui donne une base de données de 100 966 ménages catégorisés dont 48 727 de l’Oudalan et 52 239 du Soum disponibles. En effet, il ressort du bilan que 1 304 ménages n’ont pas été catégorisés pour cause d’erreur de saisie. Par ailleurs, les résultats ont montré que 7 170 personnes ont été identifiées comme étant indigentes dont 58% de femmes. Toujours selon les résultats, le coût global de l’opération qui a débuté en mai 2014 et s’est achevé en janvier 2015, est estimé à 78 608 254 FCFA soit 200 000 FCFA par village et 750 FCFA pour le ciblage d’un ménage.
L’atteinte de ces résultats a été possible grâce au soutien financier de l’Union européenne, à travers sa branche humanitaire ECHO et les ONG OXFAM et Christian Aid se sont chargées des aspects techniques. A cet effet, le responsable des programmes pour les actions humanitaires à OXFAM, Sosthène Konaté a dit que 60 personnes ont été mobilisées et formées pour faire le travail avec l’utilisation de technologies modernes pour l’enregistrement des données. Pour lui, dans chaque village, une assemblée générale a été constituée qui, à son tour, a désigné un comité de sélection et de plainte. « C’est ainsi que le comité de sélection a identifié tous les ménages du village qui ont été classés en catégorie socioéconomique. En assemblée générale, les populations ont définie elles-mêmes les critères de richesses ou de pauvreté. Et c’est en fonction de ces 4 catégories que les ménages ont été classés tenant compte de la possession du bétail, de terre et le nombre d’enfants en charge», a expliqué Sosthène Konaté.
Plus de 300 millions de F CFA pour les ménages pauvres
De l’avis du secrétaire général de la région du Sahel, Ambroise Somé, face à la vulnérabilité accrue des populations en proie à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, il a été impérieux de trouver des mécanismes adéquats pour y répondre. Et de révéler que c’est dans cette optique que le gouvernement burkinabè a recommandé en 2014 l’élaboration d’une liste nationale des ménages vulnérables. « Un des constats sur le terrain est d’une part la multitude des acteurs, d’autre part la complexité des méthodes d’identification des bénéficiaires des différents appuis, toutes choses qui ne facilitent pas une lecture appropriée des performances des interventions par l’Etat », a-t-indiqué. Et d’ajouter que pourtant, le succès des actions en vue de construire la résilience des populations requiert la maîtrise du profil de ces populations.
Pour sa part, le secrétaire exécutif du conseil national de sécurité alimentaire, Tinga Ramdé, a confié que le profilage a consisté en un ciblage précis des populations vulnérables de manière à disposer d’une base de données exhaustives des ménages désagrégés en classe de richesse. Pour ce faire, a-t-il précisé, une méthodologie consensuelle de ciblage a été élaborée par le ministère en charge de l’Agriculture, de concert avec les autres acteurs impliqués dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle. « Afin de tester l’opérationnalité et l’efficacité de cette méthodologie, une opération-pilote a été conduite dans les provinces du Soum et de l’Oudalan. C’est pourquoi, l’atelier a été une opportunité pour partager avec l’ensemble des acteurs le bilan de l’expérience-pilote de ciblage avant de poursuivre le même type d’opération dans la province du Séno », a-t-il laissé entendre. Et d’affirmer que l’opération s’étendra à l’ensemble de la région du Sahel avec la perspective à terme d’une mise à l’échelle nationale du processus de ciblage.
A l’issue de la présentation des résultats, le projet intitulé « Assistance aux ménages très pauvres, vulnérables à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle dans la région du Sahel » a été lancé. D’un coût global de 364 405 760 F CF A, le projet durera de mai à octobre 2015 et sera exécuté dans la seule province du Séno. Le projet vise d’abord la sécurisation des moyens d’existence de 18 160 personnes soit 2 270 ménages très pauvres à travers des transferts monétaires inconditionnels. Ensuite, il entend améliorer la situation nutritionnelle de 681 enfants à risque de malnutrition grâce à la distribution des farines infantiles accompagnée de sensibilisation. Enfin, le projet compte faire un plaidoyer sur l’institutionnalisation des filets sociaux.
Souaibou NOMBRE