Le président de la transition, président du Faso, Michel Kafando, a présidé, en début de soirée du 30 mai 2015 à Ouagadougou, la cérémonie nationale d’hommage aux martyrs de l’insurrection populaire de fin octobre 2014. Discours, longue minute de silence, appellation des noms des 28 martyrs officiellement recensés, décorations à titre posthume et pose première pierre de stèle ont marqué cette cérémonie qui a été le clou de la série d’activités ressortant de la journée nationale d’hommage de ceux qui sont morts les 30 et 31 octobre 2014.
Après le rendez-vous manqué du 13 décembre 2014, la nation burkinabè a effectivement pu rendre hommage aux martyrs de l’insurrection populaire de fin octobre qui mis fin à 27 ans de règne de Blaise Compaoré. Cela s’est effectué le 30 mai 2015 au pied du mémorial aux héros nationaux sis à Ouaga 2000 au cours d’une cérémonie présidée par le président de la transition, président du Faso, Michel Kafando. Laquelle cérémonie est venue clore une sérié d’activités, notamment des conférences publiques, un dépôt de gerbes, une retraite aux flambeaux, débutée le 26 mai dernier.
Sept mois après l’insurrection, l’évocation de la mémoire des martyrs réveille de douloureux notamment chez leurs proches. Foi du représentant des familles des martyrs de l’insurrection populaire, Babou Bamouni, le lien ombilical avec les disparus reste inaltérable. Et comme pour paraphraser l’auteur Birago Diop pour qui les morts ne sont pas morts, le porte-parole soulignera dans son discours que "la présence des disparus dans la mémoire des vivants est plus forte que la mort". Après avoir remercié les autorités de la transition pour l’organisation de la journée nationale d’hommage et l’armée pour avoir pris le parti du peuple lors des événements, M. Bamouni a exprimé des doléances. Ainsi, il a demandé qu’un engagement ferme de rendre justice aux martyrs afin que l’hommage n’ait pas un goût d’inachevé. Il a aussi demandé que l’hommage aux martyrs se fasse aussi dans les ambassades et les consulats du Burkina à l’étranger. Le porte-parole des familles a également demandé que les photos des martyrs soient exposées à l’Assemblée nationale "pour qu’elles parlent au législateur au moment de voter la loi".
Des souvenirs, le président de la transition, président du Faso, Michel Kafando, a dit en avoir dans son discours en revoyant des femmes et des jeunes crier leur ras-le-bol. S’adressant à la mémoire des martyrs, il a souligné que 7 mois peuvent paraître longs pour leur rendre hommage mais cela est nécessaire pour bien préparer ce devoir de mémoire. Il a aussi fait savoir que le sacrifice des martyrs n’a pas été vain car il a donné un coup de fouet au changement qui est en marche. "Nous ne vous oublierons jamais, le Burkina ne vous oubliera jamais", a-t-il lancé. Et pour ne pas effectivement oublier, le président de la transition a pris l’engagement d’instituer une journée de souvenir des martyrs et aussi de leur rendre justice.
Après les discours, le cérémonial d’hommage proprement dit a commencé par l’appellation dans l’ordre alphabétique, par le Premier ministre Yacouba Isaac Zida, des noms des 28 martyrs. Il s’est agit de donner, sur fond de musique funèbre de la Garde nationale, l’état civil, les dates de naissance et de mort, la situation matrimoniale de chaque martyr qui se concluait par la phrase "mort pour la patrie". Par la suite, le président Michel Kafando a décoré à titre posthume chacun des martyrs qui a été fait Chevalier de l’Ordre national.
A l’issue de la sonnerie aux morts, le dernier acte du cérémonial a été la pose de la première pierre de la stèle dédiée aux martyrs, dans l’enceinte du mémorial aux héros nationaux, par le président de la transition, le Premier ministre et le président du Conseil national de la transition (CNT), Chériff Sy. Une stèle dont la maquette présente deux bras levés, les poings fermés avec une étoile jaune au milieu? Selon les explications de l’architecte, Simon Pierre Kafando, les deux bras aux poings fermés expriment l’union, la force, la révolte, l’indignation, dont a fait preuve le peuple burkinabè comme un seul Homme lors de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014. Quant à l’étoile jaune, elle fait le lien avec le drapeau national et la révolution conduite par le peuple, tout en symbolisant également son espoir à un avenir radieux. Une fois terminée, la stèle, qui va coûter 127 millions de F CFA au budget de l’Etat, aura une hauteur de 13,80m.
Séni DABO