Le mercredi 27 mai 2015, des hommes des médias, soutenus par des Organisations de la société civile et les syndicats, étaient en sit-in au Conseil supérieur de la Communication à Ouagadougou. Le maître mot de ce mouvement a été de revendiquer le rétablissement des émissions d’expression directe sur les ondes radiophoniques et télévisuelles sans délai.
Réunis aux environs de 8 heures devant le Conseil supérieur de la communication (CSC), des hommes des médias sont venus exprimer leur mécontentement face à la mesure prise par le CSC faisant état de la suspension de 3 mois des émissions interactives sur les ondes radiophoniques et télévisuelles, le 7 mai 2015. Arrivée sur les lieux à partir de 9 heures, on pouvait lire, entre autres, sur des pancartes « CSC, levez sans conditions la mesure liberticide », « non aux atteintes à la liberté de presse ». A les entendre, cette mesure est perçue comme « liberticide », « un recul démocratique » et ce faisant, ils souhaitent la levée pur et simple de la décision prise par ladite institution. Pour Alpha Barry, promoteur d’une radio privée, l’histoire des émissions interactives au Burkina Faso date des années 1993 sur la radio horizon FM par sa personne. De ce fait, il s’est interrogé pourquoi depuis cette période et du moment où le Burkina Faso a connu des époques difficiles de son histoire il n’y ait pas eu de telles mesures et que c’est à la période où la presse burkinabè est appréciée de tous, qu’une mesure pareille survienne ? En réponse à cette question, Alpha Barry a confié qu’au cours d’une première concertation qui a eu lieu entre eux (promoteurs) et le CSC, qu’aucune explication convaincante n’a pu être donnée et en retour, les promoteurs ont demandé la levée pure et simple de la décision. De son analyse, il a laissé entendre que 3 mois de suspension des émissions interactives n’est qu’une suspension de celles-ci, une forme de retrait de la liberté d’expression au peuple. «C’est parce que les textes ne prévoient pas au-delà de 3 mois que le CSC a commencé par cette première étape. Nous voyons ce qui est en train de venir. C’est de 3 mois à 3 mois que les émissions d’expression directe finiront par disparaître », a-t-il soutenu. Il poursuit en ajoutant en ces termes : « Lors d’une 2e rencontre, la présidente du CSC nous a surpris en sortant avec un document que les promoteurs ont plutôt souhaité la réduction de la suspension à 1 mois. Nous avons dit que nous ne sommes pas d’accord avec la mesure. Après cette seconde rencontre, la présidente du CSC nous a fait parvenir des chartes qu’il faut signer afin que la mesure soit levée le 30. Nous avons manifesté notre refus parce que le travail que nous faisons est professionnel, nous n’avons rien à nous reprocher et le CSC a fait le tour des radios, il les a appréciées et encouragées. Une semaine avant la suspension, nous étions au CSC pour la signature des conventions. Nous, nous prenons le nom et le numéro des intervenants et c’est à la police et à la justice de faire son travail». En revanche, il a exprimé son refus contre l’adoption d’une telle décision contre les radios et les télévisions, qui selon lui, font la fierté du peuple burkinabè en particulier et du monde en général. « La lutte est gagnée en ce sens que sur 9 conseillers du CSC, 6 ont écrit pour dire « non » à la mesure et nous continuerons de dire « non » », a-t-il clos ses propos. Quant à Rémi Dandjinou, promoteur de télévision privée, il est inadmissible que le CSC qui est censé être le garant des médias, les prive de la parole. « Lorsque vous signez une convention avec le CSC, cette convention définit le cadre de votre travail. En 2003, une loi spécifique a été prise définissant les conditions de mise en œuvre des émissions d’expression directe. Aujourd’hui, il est hors de question que la charte nous soit imposée. Parce que quelqu’un aurait commis une erreur, toutes les radios n’ont plus droit aux émissions d’expression directe ? Les organes de presse, les patrons de presse disent tous « non » à cette mesure », a affirmé Remi Dandjinou.
« La régulation des médias, n’est pas le musellement des médias »
Les Organisations de la société civile par la voix de Arouna Kaboré pense que la mesure est liberticide et partant de là, contraire aux idéaux de la Transition. « Je vous demande de condamner très fort et de travailler à ce que cette mesure soit purement et simplement levée. La régulation des médias, n’est pas le musellement des médias», a-t-il formulé. Les organisations professionnelles des médias, pour leur part, les émissions d’expression directe constituent des sources d’information relatives aux attentes et préoccupations des populations sur des questions d’intérêt national. « Considérant que le délai de 72 heures des organisations professionnelles des médias et des promoteurs de radios et télévisions a expiré depuis le samedi 23 mai 2015, elles se sont mobilisées pour exiger la levée sans condition aucune de la mesure « liberticide » de suspension des émissions interactives », ont-elles précisé. Par conséquent, elles disent réfuter le projet de charte et de code de bonne conduite qui conditionnent la levée de la mesure. A la même occasion, plusieurs structures tels le MBDHP et mouvements de la société civile comme Les patriotes du Faso, le Balai citoyen sont venus apporter leur soutien aux hommes des médias. N’eût été le concours de certains journalistes, Il a fallu de peu que le sit-in prenne une autre tournure au moment où les autorités du Conseil supérieur de la Communication ont refusé de réceptionner la lettre des doléances des manifestants 1
Par Lawakila Rodrigue KABARI
(Stagiaire)