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Réponse à Djibril Bassolé : « Ce que le peuple burkinabè retient, ce sont d’abord vos actes, pas vos belles déclarations ! »
Publié le jeudi 28 mai 2015  |  Le Quotidien
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© aOuaga.com par A.O
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Mercredi 20 mars 2013. Photo : Djibril Bassolé




A travers cette déclaration, Passakziri Zoungrana s’interroge sur la récente sortie médiatique de Djibrill Bassolé, potentiel candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2015. Selon l’analyste, ce que le peuple burkinabè retient, ce sont d’abord les actes du général qui ne s’est pas démarqué du projet de modification de l’article 37. Lisez plutôt.

A la faveur d’une récente sortie de pré campagne, le général Djibrill Bassolé a encore parlé. Comme à ses habitudes, l’homme a cru trouver un auditoire à qui il veut « tout faire boire ». Cette fois encore, son angle d’attaque est de faire croire que lui, Djibrill, a toujours eu une position de rejet de la modification de l’article 37 de la Constitution, et il ajoute contrairement à « ceux qui ont induit Blaise Compaoré en erreur… avant de l’abandonner ».

Décidément cet homme est tout particulier en son genre. A ce que je sache, il est le seul de la classe politique burkinabè, au rang de chef politique, à continuer de jouer à ce double jeu. Assis et œuvrant aux côtés de Blaise Compaoré jusqu’à la dernière minute où tout s’est gâté, le voilà qui professe qu’il n’y avait joué qu’un rôle de Judas « pour sauver des vies », dit-il ! Je ne sais pas si Monsieur Djibrill Bassolé le sait et agit en toute conscience, ce jeu est très dangereux en politique. Il repose en effet sur le principe que celui qui l’écoute n’est ni plus ni moins qu’un imbécile qui n’est au courant de rien et qui ne comprend rien à la réalité des choses. A la limite, cette attitude oblige les hommes avisés de l’ombre à sortir de leur réserve pour ne pas être mouillé par l’imbécilité.

Monsieur Bassolé nous rappelle ses déclarations dans la presse qui datent de mai 2011 à travers lesquelles en effet il eût une position de sagesse et de retenue vis-à-vis du projet de modification de l’article 37. Bravo mon Général, c’était déjà bien courageux ! Malheureusement de 2011 à 2014 se sont écoulées trois bonnes et longues années au cours desquelles beaucoup d’eaux ont bien coulé sous les ponts.
N’oublions pas en effet que Blaise Compaoré lui-même avait traversé une période d’hésitation vis-à-vis de son propre projet, balançant entre l’hypothèse de se conférer une relève à sa mesure (c’est en ces moments que Djibrill Bassolé était lui-même une de ses options comme remplaçant) et celle de rempiler lui-même pour de nouveaux mandats. C’était donc encore une période de cogitation dans laquelle le Président pouvait bien tolérer des déclarations controversées venant même de son proche entourage, surtout provenant de personnes hors de tout soupçon comme Djibrill, fidèle d’entre les fidèles. De telles déclarations auraient été sanctionnables si elles étaient accompagnées d’actes de nature politique ou diplomatique compromettants pour le chef ; tel n’était pas le cas.

Si l’on se situe encore dans le contexte, l’année 2011 fut une année de crise. L’image du Président fortement écornée par la furia politico-militaire avait besoin d’être soignée. Quoi de plus normal que le Chef de la diplomatie, de manière très diplomatique, soit amené à faire des déclarations qui rassurent le monde diplomatique et soignent l’image du Président. Et il est évident que celui-ci l’a compris de cette manière.

Disons-le tout net : si la position reflétée par Djibrill Bassoleé en 2011 avait été lâchée par quelqu’un comme Roch ou Simon, elle n’aurait eu, ni la même compréhension par la famille présidentielle, ni les mêmes conséquences. Elle aurait déclenché le courroux immédiat du maître et se serait soldée par une crise politique immédiate.

Les paroles d’accord,
et les actes ?

Même en accordant a priori le bénéfice du courage politique de ses paroles de 2011 à monsieur Djibrill Bassolé, la suite des évènements le dépouille de toute cohérence et de toute objectivité. J’affirme en effet, sans la moindre ambiguïté, qu’à partir de la ferme décision prise par Blaise Compaoré d’engager le processus de modification de l’article 37, Djibrill Bassolé l’a soutenu, accompagné dans tous les actes qu’il a posés, politiquement et diplomatiquement.
C’est bien le même qui a parcouru les capitales étrangères pour défendre le projet, le faire accepter, à défaut, en atténuer les réactions négatives. Cela est l’évidence même, Blaise Compaoré l’aurait frappé à la moindre incartade.

Et que dire de ses actions dans son natal, quand on se rappelle le meeting de Réo qui avait servi de tribune à Blaise Compaoré pour annoncer que la majorité en imposera sa volonté à la minorité. De quel acte de démarcation Djibrill peut-il s’en prévaloir quand l’une des organisatrices principales n’était autre que son épouse de député CDP, Madame Rosalie Bassolé, dont le radicalisme anti-opposition se manifestait jusqu’aux tentatives de retrait des salles de réunion de Réo aux partis non désirés ? Tout ça ne date que d’un an à peine et on croit que l’amnésie du peuple burkinabè lui a déjà fait oublier !

Tout cela est grave, mais le last des last reste la participation physique, active et remarquable de Djibrill Bassolé au Conseil extraordinaire des ministres du 22 octobre 2014 qui a adopté le projet de loi modificative de l’article 37. Je n’en dirai pas plus pour le moment mais si l’intéressé persiste dans sa volonté inique de vouloir tromper l’opinion, il finira par obliger certaines personnes tenues par le secret des séances du Conseil des ministres à déballer ses propres déclarations lors dudit Conseil. Ce que l’on entend de ces indiscrétions n’est pas du tout réjouissant pour lui en termes de soutien jusqu’auboutiste au projet de loi quelles qu’en soient les conséquences prévisibles.
Monsieur Djibrill Bassolé, voilà pourquoi le Peuple burkinabè ne peut pas suivre votre logique, car à la fin des fins, ce qui importe, ce sont les actes décisifs que vous avez posés, et non vos belles paroles ou intentions de départ. L’acte que vous reprochez dans votre discours de Sebba à vos anciens amis du CDP qui ont claqué la porte est nettement plus acceptable : Reconnaitre des erreurs de départ, prendre son courage à deux mains pour s’en démarquer ouvertement, s’assumer politiquement et moralement et s’allier à la cause du Peuple. Le peuple ne vous en demandait pas plus. Mais vous, vous avez fait semblant d’épouser la cause du peuple et, manquant de courage, et au gré de vos petits intérêts, vous avez soutenu le dictateur jusqu’à exténuer tout un peuple obligé de s’insurger au prix de nombreuses vies humaines ; c’est ce que la nouvelle loi électorale condamne. Acceptez enfin de vous assumer, mon Général ! 1

Passakziri Zoungrana
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